En ce jour de Saint Nicolas, celui qui sauve les enfants, pas le Nicolas qui a disparu du champ politique de droite le 20 novembre 2016 au soir, l’actualité politique est dense. Le renouvellement des têtes, des équipes, rebat les cartes. En même temps, Machin remplace Bidule et c’est toujours la même oligarchie aux commandes. Cependant, ces changements ont du sens, car ils montrent que la pression des médias libres et des Français conscients n’est pas vaine : les candidats du Système se font étriller les uns après les autres, avant même d’ouvrir le bec pour sortir leurs salades habituelles.
Parfois, il n’est pas besoin d’aller fouiner dans les nouveaux médias pour ça : les anciens ont relayé en chœur la sortie terrible de Filoche sur Valls. Valls qui n’est déjà pas très populaire – malgré les efforts des anciens médias –, ni au PS ni dans l’électorat en général, mais alors là, la gifle qu’il vient de prendre, par le dernier des socialistes tendance trotskiste du PS, ça fait mal pour la suite.
Que dire de plus ? Valls pulvérisé en 56 secondes, il n’en mérite pas moins, ni plus. Tout est dit : la trahison de la gauche, l’illégitimité populaire, l’engouement artificiel, le think-tankisme foireux, et puis cette composition « black blanc beur bridé » derrière, le candidat Benetton, alors que tout le monde sait qu’il est au service d’une seule communauté, et même pas nationale... On est en dessous de la démagogie la plus putassière et de l’artifice politique qui justement fait fuir les foules. Fillon peut sourire, on lui envoie un sparring-partner de première bourre, à qui « on » a dû promettre le prochain quinquennat, le 2022, s’il arrive un jour...
Face à cette gauche défoncée au mensonge, Fillon engrange les points et les soutiens de dernière minute. Quand la loco a du jus, elle attire tous les wagons ; quand elle n’en a plus, tous les wagons se barrent. Ainsi va la vie politique, et la vie normale d’ailleurs. Le dernier en date à jurer fidélité au héros du Mans, 143ème héritier du général de Gaulle, enfin, d’après sa « com », c’est le baron de Béziers, sire Robert Ménard.
Comme on l’avait prévu, il a constitué une aile nationaliste de droite libérale à la limite du FN, afin de décrocher sa petite armée et la louer au plus offrant, le moment voulu. Et le moment est arrivé : selon Marianne, Robert a déclaré « je suis d’accord avec presque 100% de ce que dit Fillon ». Tout en rappelant par la suite qu’entre Marine Le Pen et la droite « Prisunic », il n’y avait pas photo. Le désossage du FN par l’extérieur a commencé...
Alain Juppé, et sa vendeuse de Prisunic, un magasin disparu depuis 15 ans... Le baron de Bordeaux ignorait que ce sont les réseaux sociaux qui désormais font une élection, et non plus seulement les partis et les médias. Donald Trump, malgré ses 70 ans, le sait. Il en a joué. Et à ce propos, il shunte tout l’appareil médiatique américain pour donner ses instructions au pays via un réseau social. Une puissance difficile à contrôler, et encore plus à manipuler : il suffit d’une petite erreur, d’un petit mensonge, pour que toute une communication se casse la gueule. Seule la cohérence dans la durée est récompensée.
Les réseaux sociaux, il y en a deux sortes : ceux qui s’adressent aux particuliers, et ceux destinés aux professionnels. C’est ce qu’a essayé de faire Viadeo pendant 10 ans. En 2007, Viadeo décolle sous la houlette de Dan Serfaty. Fin 2013, le réseau « pro » compte 300 employés. Hélas, en 2016, le français Viadeo est écrasé par l’américain LinkedIn : les investisseurs tricolores ont été, comme toujours, réticents, la culture du risque ne dominant pas en France, les banques étant plus portées à plumer leurs clients qu’à développer l’activité. Malgré l’injection de 8,5 millions d’euros de la part de la BPI (Banque publique d’investissement), qui a versé de l’argent public dans un trou, Viadeo coule.
Pourquoi, un trou ? Parce que Viadeo est globalement payant (on ne peut pas faire grand chose en non premium), alors que LinkedIn est globalement gratuit (les comptes premium sont destinés aux RH et aux pros du recrutement). C’est aussi con que ça. Viadeo a une partie gratuite, les profils de ses membres sont accessibles par tous – payants ou non payants –, mais les échanges ne le sont pas ! Ainsi, un membre payant peut contacter un professionnel dans une branche qui l’intéresse, et ne jamais avoir de réponse, parce que l’autre est un membre gratuit. Mauvais calcul, ou avidité suicidaire ?
Le pire pour la fin : les professionnels qui ont eu la mauvaise idée de prendre un abonnement premium sur Viadeo, le jour où ils comprennent que les échanges sont à sens unique – car la majorité des inscrits l’est en gratuit –, quand ils désirent se désabonner et effacer leur profil, la tâche devient soudain très compliquée. Viadeo annonce que le profil est définitivement effacé, mais on se rend compte qu’il s’agit d’un gros mensonge, car les profils désabonnés dorment toujours au fond de la banque de données... Sans oublier le harcèlement quotidien à l’encontre des partants, les promos massue qui décrédibilisent le service, et la mise en relation forcée avec d’autres profils !
Moralité : ceux qui veulent manipuler les autres finissent par le payer cher, car la conscience est une question de temps.