L’anniversaire de Cyril Hanouna est un événement national. C’est l’un des dommages collatéraux de la médiatisation de ce vendeur de falafels dont le talent consiste à dire n’importe quoi mais très fort, ce que les discrets et modestes chrétiens ne savent pas faire. Mais ne soyons pas jaloux, et regardons ensemble cet anniversaire très « familial »...
Une carotte (un tube de terre montrant une variété de couches géologiques) du showbiz se prosterne devant le nouveau roi du PAF, qui a remplacé Arthur dans la très juteuse fonction de récoltant du champ de patates (millions). Les lecteurs de Voici et de Closer auront reconnu dans Capucine Anav, la chroniqueuse qui a obtenu l’enregistrement de l’ex-président de la République, une proche de Nicolas Sarkozy. Le monde médiatico-politique est petit : Capu est en couple avec Louis, l’héritier. Tout cela reste en famille, et même tata Lang y a été de son message. En plateau, Cyril a dit une méchanceté sur l’extrême droite mais c’est tout à son honneur : ça prouve qu’il est dans le camp du Bien. Des fois on choisit, des fois on choisit pas son camp.
Il est dommage, quand on y repense, que des personnes qui ont des ennuis avec la justice aient fêté son anni sans que Cyrille ne tique. Si Marc Dutroux nous envoyait un petit message d’amitié, pas sûr qu’on le diffuserait. Sans transition, on passe aux ennuis de Nicolas Sarkozy (un pléonasme), dont les petits cadeaux de feu Kadhafi sont en train de remonter à la surface. Ça rappelle ces polars où le crime est parfait, mais à la fin, un petit détail fout tout le subtil montage en l’air : la main de la victime sort de terre sous une pluie battante (un Chabrol), ou d’un filet arrimé au bateau sous un magnifique soleil méditerranéen (Plein Soleil, de René Clément).
Puisqu’on est en mer, on va y rester, avec notre porte-drapeau national, le Charles-de-Gaulle, qui trace vers l’Irak pour aller arroser Mossoul de ses obus et de ses Rafale. La grande bataille de libération de l’Irak est en voie d’achèvement, et les enfants du fond de la classe sont en droit de demander pourquoi l’Amérique, qui a détruit l’Irak, vient aujourd’hui le sauver. Ce sont les mystères de la géopolitique de l’Empire. Les tordus penchent pour un scénario moins paradoxal : un, la destruction d’un pays arabe nationaliste et laïc opposé à Israël au Proche-Orient ; deux, l’organisation d’une milice terroriste « islamiste » déstabilisatrice qui intervient partout où l’Empire en a besoin ; trois, la destruction de la-dite milice une fois son « œuvre » accomplie.
Et pourquoi la « France » va-t-elle là-bas ? Tout simplement pour être là où ça se passe, et obéir aux Américains. Cela permet accessoirement de faire des vidéos de missions de Rafale que vous ne verrez pas, mais que les hauts gradés brésiliens, indiens et saoudiens dégusteront devant leur écran géant, dans leurs PC ultra sécurisés. Quant aux dommages collatéraux de cette guerre économique, puisque toute guerre est économique, au fond, eh bien, qu’ils aillent se faire soigner dans les hôpitaux... qui n’ont pas été aplatis sous les bombes.
Selon Le Figaro du jour, une agression a lieu toutes les 30 minutes dans les hôpitaux français. On n’en est pas encore aux bombes mais ça prend une mauvaise tournure. Le personnel hospitalier se prend la misère et la connerie humaines en pleine gueule. Cela arrive malheureusement aux pompiers et aux policiers, dès qu’ils mettent le nez dehors dans un « quartier » ou une cité chaude. Toutes les cités ne sont pas chaudes, certaines sont froides. Et malgré tout, il fait bon y vivre. Mais là où les communautés étrangères d’origine sont concentrées, là où il n’y a plus de vraie mixité sociale, ça ne se passe pas très bien. Pas la peine d’évoquer la « guerre civile » pour parler de la misère française, d’autres diront immigrée. Les rapports officiels font remonter des cas d’incivilités dans les centres de soins de plus en plus fréquents et de plus en plus violents.
Ce n’est pas que physique : on reproche aux médecins ou aux infirmières leur façon de faire (des gens s’énervent pour une prise de sang), le temps d’attente (surtout aux urgences), bref, une population nerveuse, impatiente et agressive fait face à nos braves personnels soignants. Du coup, les services s’adjoignent la présence d’agents de sécurité, chose classique dans les hostos du 93. On va parler un peu plus vrai, ça fera gagner du temps. Avant, n’importe qui pouvait aller et venir dans un établissement ; aujourd’hui, on se méfie. Entre les « cousins » qui débarquent pour mettre la pression sur un service, la famille de 15 Gitans qui squatte une pièce occupée par deux autres personnes en convalescence, les pétages de plombs aux urgences les vendredi et samedi soirs alcoolisés, les HP qui réduisent leur nombre de lits (les fous sont lâchés), et l’augmentation du désœuvrement général dehors, on a mal pour ceux qui nous soignent avec un dévouement sans pareil.
On a piqué la conclusion au Figaro, qui a trouvé un vieux routier des Urgences qui explique « sa » méthode pour se protéger : « Il ne faut jamais tourner le dos au patient, être toujours assez loin de lui pour ne pas pouvoir être agrippé et rester le plus proche possible de la porte. »
Non non, on parle bien d’un soignant, pas d’un dresseur dans la cage aux fauves.