Fermer Fessenheim. François Hollande l’avait promis en 2012 aux écolos pour rafler leurs voix, et aujourd’hui, trois mois avant de faire ses valises, il se souvient de cette promesse de campagne, et veut absolument la réaliser. Ce sera l’une des seules. Et ça ne lui coûtera rien, puisque l’État – c’est-à-dire nous – devra verser 100 puis 346 millions pour indemniser EDF, qui est contre la fermeture.
Enfin, le dossier est bien complexe, il mêle politique nationale et locale, calcul personnel élyséen, argent public et gestion du futur. Les écolos du coin et de Navarre ne crient pas victoire : la fermeture des deux réacteurs est prévue pour 2018, parce qu’on ne coupe pas une centrale nucléaire comme un robinet qui fuit. Les opposants à la fermeture sont aussi déterminés que ses partisans : les salariés sont majoritairement contre. Et puis il faudra aussi remplacer les deux réacteurs, par la réactivation d’un réacteur dans une autre centrale, et l’accélération du projet EPR à Flamanville. En gros, et comme souvent avec les dossiers chauds, on refile la patate à l’administration suivante. Ce sera donc au prochain président de se faire pressurer entre le chien (écologique) et l’os (économique).
Sacré Hollande, on croyait qu’il tiendrait cette promesse, et voilà qu’il louvoie encore une fois. Quelle anguille !
L’anguille, pour ceux qui suivent l’actu sur E&R, c’est la bestiole que Macron était aller triturer dans les marais de l’Hérault, près de Lunel (soit-dit en passant la cité d’où sont partis le plus de djihadistes français vers la Syrie et l’Irak). Macron qui louvoie aussi, mais à sa façon, beaucoup plus « moderne ». Et vous allez voir, dans le genre équilibriste, il a retenu les leçons de son maître élyséen.
Macron, qui est allé faire sa petite promo personnelle ainsi que la promo de l’État d’Israël en septembre 2015, a pris tout le monde à contre-pied avec sa sortie sur Bachar al-Assad, pourtant considéré comme un grand ennemi d’Israël.
Dans sa tournée de trois jours au Proche-Orient, le surdoué de la banque Rothschild s’est adressé, à Beyrouth, à 400 expatriés réunis dans une école commerciale francophone. Le poulain de Drahi a insisté sur la nécessité d’une politique d’indépendance de la France dans la région. Jusque-là, on est d‘accord avec lui, et ça fait deux quinquennats que ça manque. Il faut comprendre que le peuple français, qui a quand même sa fierté, n’en peut plus de voir son image piétinée par des incompétents, des dingues ou des traîtres. Ça fait mal, et Macron, tout ultralibéral qu’il est, a compris ça. Il faut dire aussi qu’on ne peut pas faire pire que la décennie Hollande-Sarkozy en la matière, avec une succession de ministres des Affaires étrangères tous aussi pitoyables les uns que les autres, après Villepin, bien sûr : Douste-Blazy (le Maroc !), Kouchner (Israël !!), Alliot-Marie (la Tunisie !), Juppé (la Libye !), Fabius (al-Nosra !) et Ayrault (Saddam Hussein en Syrie !).
Eh bien Macron a prôné – du bout des doigts – la discussion avec Assad :
« Faire de la destitution de Bachar al-Assad un préalable à tout a été une erreur. Notre principal problème, c’est Daech. Mais, en même temps, je ne suis pas d’accord avec ceux qui voudraient pactiser avec lui. Bachar al-Assad est un dirigeant failli. […] Je suis dans une morale de l’action, ce qui est le rôle d’un homme politique, pas dans une morale des bons sentiments. La France, elle, n’est pas là pour distribuer des bons ou des mauvais points. Elle est là pour construire la paix, c’est bien plus compliqué et cela suppose de ne pas faire des petites phrases. »
On dirait presque du Trump, en tout cas du Fillon. On espère, parce qu’on est réalistes, que la prochaine politique extérieure de la France sera plus équilibrée. De toute façon, elle ne peut pas être pire que ce qu’on a vécu jusqu’à présent. Sans surprise, Macron a terminé son discours sur une note rassurante : « Le boycott d’Israël a été condamné par la France et il n’est pas question de revenir là-dessus ». Idem sur la reconnaissance d’un État palestinien. On sent que le curseur revient un peu vers la normale, mais pas trop, hein.
Dans le même registre, le conflit du Proche-Orient ayant été depuis belle lurette importé chez nous, il s’y sent comme chez lui, et il a ses partisans, dont Frédo la Procédure. Quand Frédo ne rôde pas autour de la XVIIe chambre, il dénonce les antisémites sur Twitter, c’est une occupation comme une autre. Le gagnant du jour est Panamza, il est vrai pas réputé pour son israélophilie, ou son hazizaphilie. On ignore si la presse sioniste internationale supporte Valls mais ce dernier, tout en finesse, a accusé Hamon d’islamophilie (à partir de 18’05 et jusqu’à 21’04) :
Gilles Bornstein : « Est-ce que vous trouvez Benoît Hamon trop accommodant avec l’islamisme radical ? »
Manuel Valls : « « Il y a des ambiguïtés il y a des risques d’accommodement oui en effet de sa part. […] Il ne peut pas y avoir le moindre compromis avec les communautarismes et avec ces pratiques [sur les femmes dans le 93]… »
« Les communautarismes », avec Valls, c’est toujours le même : l’islamiste. L’autre communautarisme, juif celui-là, Valls ne le dénonce, ne le cite jamais. Sûrement un bug de programmation dans sa conscience politique télécommandée depuis les bureaux du CRIF...
Le débat entre Valls et Hamon aura lieu demain soir sur TF1 et France 2, Valls jouera sans doute à fond la carte de la « terreur islamiste », qui sous-entend une « sécurité sioniste ». La peur, c’est sa seule carte. Et ça tombe bien, les Français ont peur de lui !