Voilà deux mois que les médias nous bassinent avec les casseroles des uns et des autres. On sait bien que les programmes de ces derniers sont très théoriques, voire mensongers (par omission... des conséquences ou du prix à payer) mais cette furia permanente bloque la pensée politique, celle qui va au cœur des idées, de l’idéologie, du positionnement réel des 5 canassons principaux.
L’emballement des médias mainstream dans la dénonciation d’affaires de plus en plus minables
On se répète, mais on aurait aimé une espèce de campagne à l’allemande, où des journalistes sobres (pas de bimbos des 2 sexes ou des 2 deux lobbies comme chez nous) posent des questions précises sur l’engagement de la Nation dans des conflits (Sahel, Proche-Orient, Yémen), sur les contrats d’armements et leurs conséquences, sur la politique sociale (Sécu, hôpital), sur la fonction réelle du renseignement et ses dépendances géopolitiques (OTAN, CIA, Mossad), sur la politique pénale (prison ou pas prison), sur le coût du travail (TPE et PME en première ligne), le RSI, le statut d’auto-entrepreneur, la violation des frontières, les subventions accordées à des associations communautaires qui outrepassent leurs droits, sur l’incroyable parti pris des médias dominants, privés mais aussi publics, ce qui est un comble...
Non, au lieu de cela – la politique sérieuse, qui élève le niveau de conscience des Français –, de la casserole au quotidien, chez Fillon (pour 5 000 euros par mois, un procès de Moscou !), chez Marine Le Pen (oh, une assistante du FN à Paris payée par le Parlement européen... qui coûte si cher aux peuples), chez, non enfin surtout chez eux, puisque ces deux candidats, objectivement, déplaisent au Système, à l’oligarchie ou au Média Unique. Cependant, effet pervers il y a. On apprend ce lundi 21 février 2017 que les trois-quarts des électeurs de droite, ceux qui ont porté Fillon au pinacle en novembre 2016, sont toujours prêts à voter pour lui, soi-disant parce qu’il n’y aurait pas de remplaçants à droite.
Non, en vérité, c’est parce que l’injonction médiatique crée son propre rejet. Un pouvoir contesté est foutu : tout ce qu’il peut faire, et parfois faire bien, lui revient dans la gueule. C’est ce qui arrive à notre pouvoir politique, laminé il est vrai par 10 ans de sarko-hollandisme, à notre pouvoir médiatique, qui n’a jamais été qu’aligné sur les intérêts de l’oligarchie, et aujourd’hui ça lui pète à la gueule. On peut ajouter à ces deux entités traîtres à la Nation le pouvoir juridique, qui s’est grillé depuis la décision du Conseil d’État anti-Dieudonné en janvier 2014, sur ordre du CRIF, qui représente de fait le pouvoir juridique dans notre pays.
Quand on est un électeur lambda – Lambda n’existe pas, et cette dénomination est très réductrice – on a le choix entre le dégoût et la colère. C’est tout l’objet du livre du sondeur Brice Teinturier, dont l’avis est très recherché par les politiques, qui sont un peu perdus. Le sondeur est au politique ce que la voyante est à Lambda, si vous voulez. Il prévoit tout, et si la prévision foire, il explique que la foirade est logique, et passe à la prévision suivante qui inclut la foirade. Et ça rapporte bien. La nouvelle théorie de Brice, c’est le prafisme. Le Monde, qui lui aussi a perdu le contact avec le peuple (s’il l’a jamais eu) l’interroge sur ce barbarisme :
Cette force n’a pas de visage, mais le directeur général délégué de l’institut de sondages Ipsos lui a donné un nom : le « PRAF ». Traduction polie : « Plus rien à faire ». Ou, plus exaspérée : « Plus rien à foutre ». De quoi ? D’une parole publique démonétisée, de jeux politiques artificiels et tournant à vide, d’un système démocratique privé de sens et d’efficience.
Cette attitude a une histoire et des racines multiples. Pendant un quart de siècle, entre 1958 et 1982, les Français ont été des « croyants » de la politique : « On était passionnément gaulliste, communiste ou socialiste », rappelle l’auteur. Durant un autre quart de siècle, entre 1982 et 2007, c’est la déception qui s’est installée : la promesse mitterrandienne de « changer la vie » s’est envolée, l’engagement chiraquien, en 1995, de réduire la « fracture sociale », aussi, et le FN a fait son miel de ces désillusions.
On confirme : depuis 50 ans, les hommes qui se sont succédés à la tête de l’État n’ont pas changé grand chose, ni proposé de vision qui transcende le peuple de France. Depuis le Général, franchement, à l’image de l’école publique (après Mai 68), le niveau a décliné, tranquillement mais sûrement. C’est peut-être dans nos gênes, allez savoir... Mais tout le monde ne s’y résout pas ! Le constat du PRAF inquiète l’oligarchie : que nous réservent ces Français qui grognent dans un coin, comme un chien qui aurait été trop battu ?
Les enquêtes d’Ipsos sont, à cet égard, cruellement éclairantes. Quand on les interroge sur leur attitude envers la politique, 18 % des Français expriment un sentiment positif (passion, intérêt, espoir), mais sur les 82 % restants, 40 % parlent de déception, 13 % de colère, 20 % de dégoût et 9 % d’indifférence. Ces 29 % de « dégoûtés » ou d’« indifférents » constituent les gros bataillons des « prafistes ».
C’est marrant : Le Monde interroge un des représentants d’un des piliers du système de contrôle politico-médiatique – un sondeur – qui remarque que le Système produit immanquablement des opposants. Il produit du rejet (à son égard), marginalise et condamne les gens qui pensent, promeut et récompense ceux qui divertissent (ou qui bloquent la pensée, c’est pareil). Il produit de l’ignorance et interdit la connaissance, c’est ça qui est remarquable. Mais personne ne peut plus contrôler cette machine, qui va vers son anéantissement. Regardez, avec les casseroles des candidats à la présidentielle, la machine médiatique, pour recoller au public perdu, joue la carte de la transparence. Là encore, deux effets pervers.
Le premier, c’est qu’il s’agit uniquement d’une transparence superficielle, et elle ne suffit plus à calmer la foule : on en reste toujours aux petites cachotteries des uns et des autres, ce qui occulte les vrais sujets : le pouvoir profond, son intérêt par rapport à ceux des Français, sa puissance de conviction, ses moyens de pression (chaos social, migratoire, terroriste).
Second effet pervers, la transparence, quand on l’utilise, va dans les deux sens. C’est un boomerang. Quand un média l’applique à un candidat à qui il baisse la culotte en public, il se trouvera toujours quelqu’un pour lui baisser son froc à lui aussi, et en public. À la fin, tout le monde se retrouve à poil. Ce qui est du plus mauvais effet, car et les politiques et les médias sont les représentants de ce pouvoir profond. Le Système déglingue lui-même ses propres outils.
Le prochain slip à baisser est bien celui du pouvoir profond. « Au suivant ! », comme chantait Jacques Brel...