Il y aurait tellement à dire sur le massacre programmé de la culture française à travers l’école et les musées qu’on va retenir nos chevaux de colère et se concentrer sur le musée de l’Homme.
Le musée de l’Homme était, avant sa transformation profonde, un musée à l’ancienne, qui sentait la poussière et le temps. On y découvrait des pièces préhistoriques, celles qui ont permis à nos ancêtres les australopithèques et autres néandertaliens ou cro-magnons de survivre, d’évoluer, jusqu’à nous, jusqu’au Français de 2017, forme parfaite et définitive de l’Évolution.
Un jour, en mars 2009, nos sommités politiques ont décidé de foutre ce musée par terre, et d’en faire un musée non pas du passé, mais du futur. Sept ans de travaux et 96 millions d’euros plus tard, le musée, qui était il est vrai en perte de vitesse, rouvre au public. Nous sommes en octobre 2015 et les privilégiés découvrent le lifting.
Résultat : une merde sans nom. Une espèce de « récit » à la con truffé de petits pupitres vidéo merdiques, qui fonctionnent mal, et totalement dénués d’intérêt. Des salles entières vides, du vent, du volume, un gigantesque gag pas drôle du tout. On en sort honteux, honteux de s’être fait avoir, même les mômes, déportés là par milliers, se font chier comme des rats morts. Tout est oubliable. Dire que 150 chercheurs ont travaillé à cette réfection, qui au final pue le tourisme européiste de bas étage. Même dans les anciennes Halles pourraves de Paris on apprenait plus de choses sur l’Homme : on y découvrait le voleur dans son élément, les tribus de zoulettes, les bobos en chasse, les dealers organisés, les folles de conso, de la sociologie urbaine in vivo, quoi.
Au musée de l’Homme, on se prend en pleine gueule la matérialisation de la novlangue bien-pensante contemporaine, cette insulte à l’intelligence. Il ne reste plus rien des pièces d’antan, même plus une bestiole intéressante, genre un gros mammouth, deux ou trois squelettes. L’escroquerie de la culture ludique à la portée de tous. L’irruption de la nullité de l’art contemporain dans la connaissance historique.
En face, le musée des Confluences à Lyon fait le plein (un million de visiteurs par an, contre la moitié pour le musée de l’Homme), parce qu’il est bien agencé, équilibré et intéressant. Il y a un squelette de mosasaure au plafond, des scènes de ouf avec des nabots préhisto et un méchant gros mammouth. Les enfants en raffolent. Bravo aux conservateurs.
« Le musée de l’Homme s’engage dans une démarche citoyenne... »
Pour confirmer cette impression nauséabonde, la grande expo du moment au MDH, c’est sur... le racisme et les préjugés ! Bientôt, on sent qu’on va se taper un gros machin sur les transgenres, avec opération de changement de sexe sur écran géant projetée aux enfants des écoles. Ne rigolez pas, dans ce monde aux valeurs inversées, tout est malheureusement possible. Pourtant, malgré la propagande lourdingue, le journal Causeur a trouvé l’expo intéressante. C’est peut-être parce qu’on y évoque la racialisation de la société française, dans la droite ligne de SOS Racisme : « La France semble désormais bien engagée dans un processus de séparation ethnique et raciale, qui sert de substitut à la conscience de classe d’autrefois » [1]. »
« Nous et les autres. Des préjugés au racisme » : le titre de la première exposition temporaire du musée de l’Homme depuis sa réouverture en 2015 pouvait laisser craindre un engluement dans le politiquement correct. En réalité, les organisateurs se sont plutôt bien tirés de cet exercice de haute voltige. Pas de bien-pensance ni de moraline, sinon à travers quelques constats issus des études de l’Ined, démentis par l’expérience sensible de la plupart d’entre nous, une malheureuse intervention filmée de Rokhaya Diallo et une définition de l’« islamophobie », qui a failli coûter une syncope à Élisabeth Lévy. Des erreurs de parcours généreusement compensées par une nouvelle inattendue : la tolérance augmente en France et les actes racistes sont en baisse en 2016, d’après le sondage annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme.
Comme s’il fallait absolument croire que la France, ce pays décrété raciste par on ne sait qui (bon en fait on sait très bien), faisait des progrès grâce au politiquement correct et aux lois qui condamnent les opinions soi-disant racistes… Et s’il y a une ethnicisation des rapports sociaux en France, c’est bien qu’une certaine classe dirigeante y a eu intérêt et pour ça l’a créée et entretenue (SOS Racisme de Julien Dray soutenu à l’époque par Alain Finkielkraut, partenaire idéologique d’Élisabeth Lévy). Sinon on n’en serait pas là. Toujours cette trahison des élites…
À propos d’élites, on va rigoler un bon coup avec Fabienne Colboc, qui est devenue une star en un passage télé. On disait hier que Macron avait été élu par des indécis et des dépolitisés, entre autres flippés du (pseudo)fascisme. Avec Fabienne, on a une synthèse de cette théorie :
On rappelle que Fab, coach d’entreprise dans le civil, est en course pour le poste de député dans la 4e d’Indre-et-Loire, où elle a mis une branlée au 1er tour à Hervé Novelli (LR) : 34 contre 17% ! Tout est dit, n’est-ce pas. Merveilleux exemple de la sous-politisation des troupes de l’employé de Banque (Macron), de cette fausse irruption de la société civile dans le politique, qui reste la chasse gardée, au fond, bien au fond, du pouvoir profond.
Partout, absolument PARTOUT, candidats LREM fuient tout débat face à leur compétiteur 2ème tour !
Magnifique illustration d'incompétence !..— Ch.LECHEVALIER (@ChLECHEVALIER) 13 juin 2017
Là on a juste une décapitation (il est vrai jouissive) des tronches qui ont écœuré les Français pendant des décennies… et qui les ont écœurés lors du 1er tour des législatives (50% d’abstention). Un coup de maître pour écarter gêneurs et fouineurs ! Heureusement, il reste des emmerdeurs en France pour jeter quelques poignées de sable dans les ingénieries les plus subtiles.
Fabienne a le mérite d’aller au charbon sans pioche. La croyante chargée à la foi macronique monte au front avec un fusil en bois, et en face, les nids de mitrailleuses l’attendent en rigolant. Mais il y a mieux, dans cette période de grand délire national, de fièvre politico-afteuse : le melon de Michel Onfray, le nouveau Soljenitsyne. Pas moins.
Les propos « melon » du Dieu Onfray commencent à 10’12 parce qu’avant c’est l’analyse que tout le monde a faite 50 fois sur la légitimité de la victoire attendue des macronistes :
L’homme qui peut avec de simples mots ébranler le Système, et qui fait en même temps la une du Point ou de L’Express 150 fois par an. Si Onfray était dangereux, croyez bien qu’on ne le verrait plus à la télé.
De faire des télés ne l’a pas empêché de créer sa propre télé, malheureusement payante. Ce qui est un peu ballot car les pauvres n’ont de la sorte pas accès à son Savoir Immense. L’université du peuple, c’est pas ça, c’est E&R ! Après, chez Kontre Kulture, on peut acheter des livres, avec des points de vue différents sur le monde, pas que les ouvrages du Dieu Onfray. On exagère, bien sûr, Onfray a souvent eu des mots justes sur le Système, mais on le soupçonne, nous qui sommes des parias absolus dévorés de jalousie, de toujours bien calculer son positionnement, afin de ne pas perdre son pied dans le Système. La satisfaction de la promo de masse via les médias dominants, plus la réputation de dissident.
Soit la dissidence sans risque.
Que demande le peuple ?