« Soumission de l’Europe à Poutine », « la Samaritaine du moisi », « boîte aux poisons nationalistes », Bruno Roger-Petit enfile tous les clichés de la gauche paléolithique pour composer un collier de sortilèges à ces intellectuels français qui soutiennent le Brexit et prônent un rapprochement avec la Russie.
Du fond des poubelles de l’Histoire, BRP hurle son incompréhension. Michel Rocard avait raison sur ce point : la gauche a perdu le combat des idées. On le voit chaque jour avec un Parti socialiste en lambeaux qui impose sa vision tordue à un pays réel qui n’en veut pas. BRP, qui a eu un jour raison – sur Griezmann – est redevenu le propagandiste grossier, dans tous les sens du terme, qui participe à la perte de crédit et d’audience de L’Obs. Grossier ça peut vouloir dire vulgaire, mais aussi dénué de finesse. Chose rare dans les médias, BRP cumule ces deux qualités, qui font les grands propagandistes.
Ce qu’il ne comprend pas ? Que des intellectuels commencent à quitter le navire de la pensée dominante. La même chose s’est produite dans les années 1960-1970 avec les intellectuels communistes, qui ont ouvert les yeux sur les limites du système soviétique : le printemps de Prague et les révoltes d’ouvriers matées dans le sang leur ont fait lâcher prise. Ils sont devenus des traîtres à la cause, des dissidents, et la droite française pro-américaine a été tout heureuse d’en récupérer certains.
D’un empire l’autre
Yves Montand, au début des années 1980, a incarné ce changement de cap, en louant le libéralisme (de Reagan), honni depuis 30 ans par les communistes. Une partie des intellos de gauche a alors « choisi » de passer avec armes et bagages chez le futur gagnant, mais il faudra attendre la chute du Mur de Berlin pour être bien sûrs de ne pas se faire rattraper par la Tchéka. Depuis le milieu des années 1970, les nouveaux philosophes, ces agents « culturels » des Américains, avaient déjà commencé à tirer à boulets blancs sur la nomenklatura rouge.
Aujourd’hui, Jean-Pierre (Chevènement), Michel (Onfray), Jacques (Sapir) et les autres exaltent la souveraineté populaire contre la domination européiste, le mercantilisme allemand, et la russophobie désastreuse de nos dirigeants. Marche arrière toute ! L’Empire US est devenu le nouveau système soviétique : en tant que structure fermée, quelle que soit sa puissance, il est condamné. Sa faiblesse croissante se muant en agressivité, il finira par exploser, comme une géante rouge. On ne s’inquiète pas pour BRP, il changera de camp, plus tard que les autres. Plus tôt sera(it) le mieux.
- Nénesse au commissariat
Une qui a déjà trahi l’espèce de serment qui devrait tenir droits les grands représentants de l’État, c’est Agnès Saal, qui fait son grand retour au ministère de la Culture. Elle avait elle-même convenu lors de son procès qu’elle symbolisait « la trahison des élites ». Du coup, ses centaines de milliers d’euros de notes de taxi et de frais aussi divers que douteux se sont transformés en 10 000€ d’amendes cumulées, avec un touchant mea culpa.
On reste dans la veine victimaire bien-pensante puisque Nénesse a choisi son nouveau poste, tenez-vous bien, « une mission rattachée au secrétariat général du ministère, consistant à piloter la double démarche de labellisation “égalité professionnelle” et “diversité” » (Le Monde du jour). Un poste absolument essentiel.
Un haut fonctionnaire exemplaire pétri de vertus qui montre l’exemple, rien de tel pour motiver les Français qui payent leurs impôts. On vous épargne le déchaînement de violence verbale et de vannes impudiques qui secoue les réseaux sociaux, pas la peine de faire de la publicité aux complotistes paranoïdes qui détestent leurs charmantes élites. On attend toujours que BHL vole au secours de la faucheuse de taxis…
Christiane Taubira ou la triste perversion en politique
Décidément, le taubirisme n’est pas un humanisme. L’ex-ministre de la Justice a encore fait une sortie qu’elle n’aurait pas dû faire, et elle a été reprise de volée dans Le Figaro du jour. Voulant rendre hommage à Michel Rocard – qui incarne soudain toutes les vertus du politique – l’indépendantiste guyanaise a enfoncé le clou dans le crâne de François Mitterrand, en rappelant sa collaboration, avant de souligner sa résistance. Mitterrand aurait fait « main basse sur la gauche » pour s’installer dans le fauteuil présidentiel et squatter la fonction plus que de raison. Tu parles d’une découverte. Tonton a réinventé la royauté à la française, et pour ça, il n’a pas eu besoin de s’acheter une particule comme Giscard. C’est ainsi : nos institutions permettent la dérive du pouvoir personnel.
- Le Vice et la Vertu
Ce que rapporte justement Le Figaro, c’est qu’en 1994, lors des élections européennes, Mitterrand a lancé dans les pattes de Rocard la liste menée par Tapie, qui lui cassera et les reins et l’avenir politique, le score de la gauche socialiste et radicale étant littéralement coupé en deux (14 et 12%). Deux ans plus tard, Mitterrand mourrait de son interminable cancer. Rocard ne pourra pas prendre le PS, qui sera confié à Jospin, et ne sera jamais président. Jospin non plus, qui se fera flinguer au premier tour des présidentielles 2002 à cause des 2% de la liste communautaire « Taubira »… avec les remerciements de Chirac.
Ceux qui voudraient y voir la patte de la justice divine…
Deux décennies plus tard, Taubira, ses forfaits accomplis, nous laisse une PMA pour lesbiennes – que vient de valider à demi-mot l’inquiétante Laurence Rossignol – et une GPA pour riches pédophiles.
Adieu le Père, bonjour pervers de tous poils ! Une victoire morale sur toute la ligne.