Après la Palme d’Or pour le film pédée La Vie d’Adèle en 2013, il est logique que le film pédé 120 battements par minute gagne un (Grand) prix (du Jury) à Cannes en 2017. Un docu-fiction sur Act Up qui mériterait tout juste un jeudi soir sur France 2 et encore, en seconde partie de soirée.
Le lobby LGBT, puissant dans le cinéma – des salles vides en sont la preuve – a donc gagné. Mais le président du jury étant pédé, il y a donc délit d’initié. Cette injustice ne semble gêner personne. Les salles continueront à se vider, parce que les Français se foutent comme de l’an 40 des atermoiements des associations gays, les lobbies continueront à obtenir des films de propagande pour leur gueule et pour leur cul, avec l’argent de ces Français homophobes qu’ils haïssent. Y a pas un couac, là ? Le cinéma « français » a été bodysnatché. L’évasion, le rêve des salles obscures, même ça a été volé par les truqueurs. Il faudra donc rêver autrement.
On rappelle la descente des militants d’Act Up dans les locaux de l’éditeur d’Alain Soral Franck Spengler le 11 avril 2003, un procédé qui rappelle les ratonnades de la LDJ et qui semble calqué sur le même modèle d’une minorité agissante sous le regard bienveillant des autorités, juridique, policière et politique. Ces trois dernières étant inextricablement liées en France, pour le plus grand malheur de la pauvre démocratie.
Cannes pourrait un jour, à ce rythme oligarchique, primer un film sur les exploits de la LDJ, qui s’attaque à des individus sans défense au lieu de répondre politiquement à des questions politiques légitimes. Des questions sur l’existence de milices qui contreviennent aux intérêts de la majorité des Français pour le compte de structures de pouvoir non élues. Une violence d’État profond, tout simplement, devant laquelle les institutions de l’État visible semblent paralysées.
Il y a toutefois une chose à dire sur les années sida (1983-1995) que d’aucuns ont voulu transformer en « shoah des gays », ou en gay shoah [1] : les activistes de la cause gay ont rejeté la faute sur la majorité hétérosexuelle pour des pratiques sexuelles qui mettaient en danger leur propre communauté. Encore un joli cas d’inversion accusatoire. C’est comme la SNCF qui augmente ses prix jusqu’au délire et qui dénonce l’augmentation de la fraude. Alors que les deux phénomènes sont mathématiquement liés.
La SNCF se fout-elle de notre gueule ?
Alors que les tarifs ont explosé (depuis l’avènement de l’euro, cette monnaie oligarchique), que la saleté des trains devient endémique, que la sécurité n’est plus assurée dans les TER et les trains de banlieue, que les Français calculent frénétiquement chaque voyage, hésitant entre un BlaBlaCar et un train ou pas de voyage du tout, que les retards sont devenus la norme, la SNCF change le nom de ses TGV et communique sur les gares qui ont un piano…
Les vacances approchent, et la partie de plus en plus réduite des Français qui peuvent « partir » se voit infliger des tarifs SNCF indécents. Un racket national pour une société qui ne l’est plus. Nous ne sommes pas naïfs : il y a longtemps que la SNCF n’est plus un service public, puisque l’État, s’il reste majoritaire, a confié à des intérêts privés la gestion de la grande maison. Ce sont les filiales qui se privatisent et qui appliquent des méthodes de gestion très américaines. Pendant que la SNCF utilise le cloud computing d’IBM, les pannes se succèdent dans les trains de banlieue saturés aux lignes défec-tueuses. Dans le TGV, ce fleuron national, il y aura désormais les rames pour riches « inOuii » et les rames pour pauvres « OuiGo », où les gens sont parqués et traités comme des animaux. À quand des pique-bœufs pour faire avancer la colonne ?
Immanquablement, face à cette offensive libérale dans ce qui fut un grand service public, la fraude s’intensifie. Si c’est mal de voler, comment comprendre qu’un jeune chômeur de 28 ans doive débourser 80 euros pour un aller Paris-Lyon ? Cette interdiction de fait de voyager rappelle la carte de résidence de l’époque stalinienne. Ça s’appelait le passeport intérieur et le citoyen ne pouvait pas aller où il voulait, à moins d’être un très bon citoyen, c’est-à-dire encarté au Parti. Aujourd’hui, en régime libéral français, le bon citoyen est le citoyen riche qui a donc le droit de se déplacer. Il peut jouir du voyage, comme Baudelaire. Rappel : le passeport intérieur soviétique était à la fois un instrument de contrôle social et de répression.
Une qui ne risque ni contrôle social ni répression, c’est l’écrivain faussement dissident Virginie Despentes. Son analyse politique des événements tragiques des deux dernières années, injectés dans son dernier roman Vernon Subutex 3, fait se pâmer Les Inrocks, toujours en retard d’une mode idéologique :
« Ça a été une révolution, en fait : en France, le terrorisme a débloqué des paroles, qui étaient déjà prêtes à éclore, mais avec une violence qu’on n’imaginait pas. Et puis la crise de 2008 s’est amplifiée, a précipité des instabilités dans tous les pays d’Europe, a démonté la Grèce, la crise des émigrés a été fondamentale, il y a eu tous ces morts, on a vu apparaître des camps et on s’est habitués à tout ça. S’habituer, c’est le pire, ça prépare à plus grave, le fait de les envoyer en Turquie, c’était impensable il y a encore peu.
Et les élections récemment, c’était une catastrophe de plus. Ça nous a tous gênés d’aller voter Macron, d’aller voter par trouille pour la troisième ou quatrième fois consécutive, c’était au-delà du déprimant. Hollande a été très décevant, et beaucoup d’entre nous avaient voté pour lui pour contrer Sarkozy, mais on se disait qu’un peu de PS ne ferait pas de mal après tant d’années à droite… Là, quand on a vu au premier tour toutes les régions où Marine Le Pen est arrivée première, c’était consternant. Le bras tendu ou le poing levé, ce n’est quand même pas la même chose… Ce n’est pas rien de voir un pays voter pour sa propre démolition. »
Ensuite, probablement emportée par le courant puissant de son roman-fleuve tolstoïen, à la brillante question de la journaliste Nelly Kaprièlian – « D’après toi, les gens votent FN par détresse ou par ignorance de ce qu’est vraiment ce parti ? » – Virginie décolle littéralement dans une vision de l’avenir matrixo-apocalyptique :
« Je ne crois pas trop à l’ignorance dans ce pays. Je ne crois pas que le vote FN soit un vote contestataire, c’est un vote raciste, un vote pro-répression policière, un vote pro-torture, un vote de gens qui croient qu’il suffit de taper fort pour que tout rentre dans l’ordre. Un vote d’enfant qui croit qu’il faut que papa soit autoritaire et qu’alors tout va bien se passer. Il me semble que les électeurs FN imaginent que ça ne va s’appliquer qu’aux délinquants ou aux Arabes, et comme on leur explique que le problème en France, c’est pas la pauvreté et la confiscation des richesses, mais les Arabes, ils se disent que ça ira mieux.
Je crois qu’ils se trompent : ça va s’appliquer aussi à eux, leurs enfants, leurs proches. Ils ne gagneront pas mieux leur vie, les loyers ne seront pas moins chers, mais en plus ils auront la trouille chaque fois que leur gamin ne rentre pas à l’heure, parce qu’ils ne sauront pas s’il a été arrêté ou pas à l’école. Un État autoritaire n’est pas un État de justice, c’est un État dans lequel l’élite n’a plus à s’emmerder quand elle veut faire ce qu’elle veut. C’est un État dans lequel tu n’oses pas aller à la police pour demander pourquoi ton gamin est torturé. Parce que tu sais que la police t’enverra chier. C’est un État où tu as peur, c’est tout. Si les honnêtes gens étaient mieux traités dans les dictatures, ça se saurait, depuis le temps qu’il y a des dictatures… »
Des gamins torturés à l’école ? Ah. L’école de Najat avec ses réformes de merde alors. De la torture mentale, ça doit être une figure de style d’un auteur chargé au Subutex...
Vivi, on va être gentils avec toi, on va t’expliquer doucement, car ton jugement est très légèrement altéré par la propagande de ceux que tu as l’impression de dénoncer. D’abord, la dictature c’est pas demain, c’est aujourd’hui. Ensuite pour toi, il y a deux dangers : le FN et l’élite. Qui sont vraisemblablement dans le même camp. Mais alors, pourquoi le Système attaque-t-il le FN aussi durement ? Regarde le dernier Marianne, l’hebdo qui traduit les directives oligarchiques... Tu es sûre que le FN est au pouvoir ? Sinon qui est au pouvoir ? C’est qui les méchants ? Peux-tu les nommer plus précisément ?
Vivi ? Allo ?