La profession de journaliste est très décriée aujourd’hui, et c’est parfois mérité. Globalement, les journalistes des grands médias font où on leur dit de faire, et ce faisant, ils se prennent un retour de bâton populaire dans la gueule. C’est le prix à payer pour la petite trahison, qui n’est jamais vraiment éclatante, mais en forme de musique de fond, de trame...
Nous avons choisi, en ce lundi 27 mars 2017, de vous parler de trois journalistes, trois femmes, qui ont pignon sur rue, ou plutôt, pignon sur média. Ce sont des journalistes-stars, et en plus ce sont des femmes. La profession se féminise depuis deux décennies, dans un rapport de 60/40 environ. Mais, comme le rappelle Nathalie Barret, la direction reste masculine dans un rapport de 70/30 :
D’aucuns y verront un signe, celui que le journalisme est de plus en plus soumis (ou inféodé, qui fait moins machiste) au politique, ou à la hiérarchie. Nous ne nous avancerons pas dans cette direction, car la sociologie mérite plus de précisions qu’un cliché. Mais ce n’est pas un hasard si beaucoup de femmes font parler d’elles en journalisme politique aujourd’hui. Chaque journal a ses reportrices, grand(e)s reporters – il y a bien un jour où on devra dire reporteuse, même si ça se rapproche de rapporteuse, pas joli-joli – qui apportent un regard différent sur l’actualité, et les hommes. C’est forcément différent.
C’est bien Raphaëlle Bacqué qui dans le documentaire sur le service politique du Monde disait que les lecteurs voulaient plus d’« histoires », d’anecdotes, de « chair », dans les articles politiques. Et c’est ce qu’elles font, et ça marche plutôt bien pour elles. Les machos y verront une peopolisation du journalisme dur, ou hard news. Comme si les femmes introduisaient de la légèreté partout, plus ou moins consciemment.
Allez, on commence par Anne Nivat, grand reporter de guerre, et accessoirement madame Bourdin à la ville, qui se tourne vers la France. On note que de plus en plus de journalistes des médias mainstream redécouvrent la France, un pays qu’ils avaient négligé. C’est peut-être une conséquence de la montée du vote national. On craint un renversement de régime – pour le coup une véritable alternance – alors on va vite voir qui sont ces Français qui « souffrent ».
Les Français veulent de la France, consommer français, s’informer français. Alors les journaux s’alignent, et les journalistes suivent. Ils se rapprochent de ce sujet encore tabou il y a peu, la France et les Français. Le nationalisme a été tellement villipendé chez nous, du fait de... la presse dominante, que les journalistes y retournent avec des pincettes de 15 mètres. Faut les voir se justifier, y aller dans le social, ce domaine qui les faisait braire auparavant... Mais ne jetons pas la pierre aux bonnes volontés, même mues par des motivations pas très patriotiques.
Natacha Polony fait partie de ces journalistes qui ont compris qu’il y avait un marché du côté des malpensants, dissidents, oubliés, alternatifs de l’info. Les réseaux sociaux damant le pion aux grands journaux, il devient urgent de se rapprocher de la Bête, pour éventuellement la contrôler.
« Si vous avez l’impression que ce que vous voyez dans les médias traditionnels ne correspond pas à ce que vous voyez quand vous ouvrez votre fenêtre, si vous avez l’impression qu’on ne vous montre pas la réalité, que les médias n’ont pas fait leur travail, et que les sujets de fond ne sont pas traités dans les médias, Orwell.tv est fait pour vous »
Hélas, suite à un coup de balance de l’officine oligarchique appelée Le Monde, et perfidement relayée par Libération, Natacha a dû débaptiser son bébé et le rebaptiser Polony TV. Dreuz info rappelle que c’est « André Loez, du Monde, [qui] s’est empressé de contacter les ayants droit d’Orwell en Grande-Bretagne ». Natacha ne s’est pas laissée démonter, et continue son combat (ihr Kampf, en allemand) :
On est content pour elle : après avoir bien mangé dans la gamelle mainstream, la voilà qui change de gamelle, les rations côté oligarchie commençant sérieusement à se réduire. Le journalisme non-oligarchique en ligne n’est pas encore couvert d’or, mais il s’en fout, il avance, et à une vitesse qui inquiète tous les grands médias. Comparativement à l’acquisition des connaissances via les sites non-alignés, le Média unique fait figure d’escargot à cervelle de dinosaure.
Mais ne jouons pas aux donneurs de leçons : il y a encore de belles pages à lire dans les journaux, même si c’est une lecture à double couche. Démonstration avec un incroyable article de 12 pages paru dans Le Monde du 17 mars 2017, et intitulé François Hollande, les derniers jours d’un président normal. On sent déjà l’ironie, et c’est signé Vanessa Schneider et Solenn de Royer. On vous résume la chose, car l’article est payant et que Le Monde nous a interdit de reproduire ses prestigieux papiers. Mais pas de les citer, en sachant raison garder.
La nuit tombe sur l’Élysée, on est mi-février, Hollande s’emmerde, il a tout perdu, il ne se représente pas, l’oligarchie lui a préféré Macron, car Valls s’est effondré (merci Soral et Dieudonné), Hamon est dans les choux, Mélenchon récupère les brebis socialistes perdues, la France est dans un foutoir absolu, la popularité du 7e président de la Ve République est en dessous de tout. Lesté de ce bilan désastreux, Hollande sort pour se vider la tête. Et comme il est encore président jusqu’au 7 mai, il va où il veut, s’invite partout, revoit ses compagnons socialistes (il en reste deux ou trois), va au théâtre, rencontre des artistes... Bref, la vie de pacha.
« Notre différence d’origine sociale est criante. (...) Il ne comprend pas ce blocage sur l’argent. Il ne peut pas l’imaginer, lui qui n’a jamais manqué de rien. Il lui faut toujours le meilleur, rien que le meilleur. Il aime les grands restaurants quand je préfère les bistrots, les grands hôtels quand moi je suis heureuse dans les petites auberges » (Valérie Trierweiller, Merci pour ce moment, page 185)
- Le fast food de Ducasse à Versailles
Il bouffe avec Ducasse au château de Versailles, déjeune avec Ivan Levaï (trop la chance de ouf), se tape l’anni de Besnehard l’agent des stars, dîne « chez Laurent Joffrin et son épouse Sylvie Delassus, éditrice chez Stock » ou avec Luchini chez Guy Savoy, décore le grand Jean Daniel de L’Obs, convie à l’Élysée les « spécialistes de l’extrême droite et du populisme » (ah bon, c’est une profession ?), car le président est très préoccupé par la montée de Marine Le Pen.
Il ne voit évidemment aucun rapport avec sa politique soumise à l’oligarchie mondialo-européiste et le ras-le-bol des Français qui se traduit en vote FN. Le pire, c’est qu’il ne se rend compte de rien, affirmant aux deux journalistes qu’à 6 mois près, il laissait un bon bilan sur le « chômage » et la « croissance »... Oubliés les 250 morts, les guerres coûteuses en hommes et matériels, la soumission à Merkel, Obama et Netanyahou... Oubliée la théorie du genre, les insultes aux familles, les dossiers refilés aux journalistes de cour...
Il ne restera de ce quinquennat pourrave que deux images, qui résument le socialisme dévoyé : Leonarda, et Théo. Le rabaissement, et le chaos.
- Leonarda, une grosse chance pour la France de François Hollande
Un président qui répond à Leonarda et qui va voir Théo à l’hosto est un valet, utilisé puis jeté par l’oligarchie. C’est parce qu’il a été faible et que la fonction a été affaiblie qu’on devine qu’il y a un vrai pouvoir, mais ailleurs. Hollande, à son corps défendant, en creux, prouve que le pouvoir profond a vidé la fonction présidentielle de sa substance. Le prochain président pourra-t-il la récupérer ?