Les lampistes de la fausse monnaie
Faire de la fausse monnaie c’est puni de la perpétuité. C’est très mal, car l’argent il faut le gagner à la sueur de son front, même s’il n’y a plus de travail et que les subventions diverses remplacent peu à peu le salaire. On parle de plus en plus d’un revenu universel, qui permettrait à tous de vivre… aux crochets d’un État-surveillant. Qui te nourrit peut te priver, si tu marches pas droit.
Mais faire de la fausse monnaie comme la BCE ou la Federal Reserve Bank, à un degré inimaginable, c’est bien. Globalement, on peut dire qu’une grande partie de la monnaie électronique en circulation est fausse. Elle ne correspond à aucune activité économique réelle, tangible. C’est la bulle financière, qui va inexorablement vers son éclatement. C’est le destin de toute bulle.
Un imprimeur talentueux a fabriqué dans son atelier (planqué derrière une fausse cloison), en y travaillant 30 minutes par jour, 374 000 contrefaçons de billets de 20 euros et 57 000 de 50 euros. L’avocat général a requis 15 ans ferme. Il avance un argument moral : les faux billets trompent les gens qui se retrouvent avec ces contrefaçons à la fin de la chaîne. C’est vrai qu’il faut toujours un pigeon, ou un dindon. Mais quid de l’euro, qui a fait exploser les prix, et baisser le pouvoir d’achat des Français ? Allo ?
Moralité : seul l’État peut créer de la fausse monnaie et berner les gens.
Le 18 septembre 1998, l’émission littéraire de Bernard Pivot Bouillon de culture propose un plateau particulier : Alphonse Boudard, l’ex-taulard devenu écrivain populaire, Luc Lang, un écrivain bien-pensant, et Timour Sergueï Bogousslavski, un drôle de gus de 84 ans, physiquement alerte, l’œil vif. Ce graveur de métier, misanthrope total (une enfance massacrée), avoue dans son autobiographie, La Morue de Brixton, avoir produit ses propres pièces rares et sa fausse monnaie toute sa vie, bravant tous les interdits, vivant ainsi d’amour et de fraîche.
Amour avec des jolies filles et fraîche avec la revente de ses contrefaçons, réalisées avec amour. Un esthète en toute chose. Mais ça, ça ne choque pas Pivot. Ce qui le choque, c’est quand Sergueï évoque avec tendresse le Paris sous la botte allemande, tout en conchiant les Américains et leur hypocrisie, surtout lors du jugement de Nuremberg. Luc Lang interviendra pour déclarer les propos de Bogousslavski « irrecevables », dénonçant en les lisant les passages jugés trop pro-allemands dans La Morue. Le faux monnayeur s’excusera poliment, mais on imagine que ça n’a pas dû améliorer sa misanthropie.
Ceci étant dit, on ne l’a plus jamais revu en télé. Pfuit !
Le lampiste du CAC40
Il part dans la course à la présidentielle bon dernier. Il veut bouffer un à un tous ses concurrents à droite, et s’imposer en finale face à Marine Le Pen. C’est Nicolas Sarkozy. Qui est Nicolas Sarkozy ?
Tout le monde l’a oublié, mais il s’agit du précédent président de la République, qui engueulait ses ministres comme du poisson pourri, qui portait un tee-shirt pro-américain pendant son jogging, et qui bénéficiait d’un traitement médical de pointe, qui lui permettait de tenir son programme de ouf. C’est aussi celui qui fit bosser ses troupes – dont Copé – sur un projet de désignation du président de la télé publique, pour griller tout le monde en conférence en annonçant que désormais, ce serait l’exécutif – c’est-à-dire lui – qui nommerait le président de France Télévisions, et que ce serait plus rapide et moins hypocrite comme ça et fermez le ban, des questions ?
La méthode Sarkozy, c’est un peu Napoléon, mais sans les résultats.
Aujourd’hui, Sarko 2 propose de fondre toutes les excroissances audiovisuelles publiques – Radio France, France Télévisions, l’INA et France Médias Monde – en une holding unique, qui ferait gagner de l’argent à l’État, ou plutôt perdre moins de fric. Le grand mot, un gros mot pour les syndicats, c’est synergie. Tu prends les trucs qui se ressemblent, tu les fous ensemble, tu coupes le gras, et tu gardes un noyau dur. À gauche, on parle déjà de la tentation de recréer l’ORTF, cette structure qui avait été éclatée dans les années 70 pour donner TF1, Antenne 2, FR3 et compagnie.
Il est vrai que la France est la championne du monde de l’empilage de machins publics d’information qui se cannibalisent. Car on n’ose pas réformer le vieux, du coup on y greffe du neuf… Ce qui donne un arbre à moitié mort, et à moitié vivant. Le Christ parlait déjà du tissu neuf qui ne pouvait pas supporter une vieille pièce : le neuf rejette le vieux, et le vieux rejette le neuf. Mais à la clé, il y a 10 000 emplois à France Télévisions… qui se sentent menacés. De bonnes grosses grèves en perspective en cas de retour du Sarko 2. De quoi flinguer définitivement ce qui reste de l’audience télé.
Le lampiste des Restos du Cœur
L’autre retour du jour, c’est celui de Coluche, qui fêtera le 19 juin (on prend un peu d’avance sur la concurrence) le 30e anniversaire de sa mort. On ne reviendra pas sur les circonstances de son « accident », même si les morts suspectes – Robert Boulin – remontent actuellement à la surface des médias.
- Déjeuner privé de François Mitterrand en compagnie de Michel Berger, France Gall, Jacques Attali et Coluche, le 28 septembre 1984 (Archives nationales)
Coluche, avant de croiser son putain de camion, avait créé les Restos du Cœur, qui donnent à manger aux Français qui ne mangent pas à leur faim, ou qui n’ont plus de fric pour bouffer. La bon cœur des Français permettra au pouvoir socialiste, qui renonçait au socialisme pour le libéralisme, de déléguer la solidarité nationale aux Français touchés (émotionnellement) par la pauvreté. Aux Français qui culpabilisaient de manger à leur faim. Alors que la lutte contre la pauvreté devrait être la priorité d’un gouvernement de gauche.
Le libéralisme à la sauce anglo-américaine allait produire une explosion de pauvres et de chômeurs, il fallait des structures annexes pour les récupérer. Traiter le symptôme, pas la cause. Les bénéfices des grandes entreprises s’envolaient, la culture du profit produisait du pauvre à la chaîne. 30 ans plus tard, le résultat de cette trahison de la gauche, c’est 6 millions de chômeurs, 12 millions de pauvres, à côté de superprofits. Dont la société ne profite pas. Des profits antisociaux, quoi.
Coluche a été le dindon de cette manipulation cynique. Et il est mort comme un lampiste, comme un pigeon : écrasé.