Macron, devant le creux affiché de son programme et le doute grandissant des Français qui tiennent leur bulletin de vote en suspension, est en train de la jouer à la Sarkozy : un « coup » par jour. Afin de saturer l’espace médiatique et l’esprit des électeurs.
Le coup de « com » du jour, c’est la déclaration sur la colonisation française en Algérie, qui a été abondamment commentée. Normal, dans un pays qui contient 815 000 Franco-Algériens votant en France, selon les chiffres officiels. Et qui a été engagé pendant 130 ans en Algérie, pour finir sur une guerre d’indépendance en 1962. Et une déchirure.
Oui mais voilà, il n’y a pas de statistique publique précise sur le nombre d’Algériens ou de personnes d’origine algérienne – françaises ou pas – vivant en France, de manière permanente ou pas. Car les allers et retours au bled sont fréquents, de la part des Algériens natifs en France, qui vont voir la famille, et aussi de la part des retraités, qui parfois restent en France (dans les tristement célèbres foyers Sonacotra, devenus Adoma), parfois repartent définitivement au pays.
Ce qui nous intéresse ici est le nombre d’Algériens vivant en France, ou de Franco-Algériens. Et pourquoi ça ? Parce que Macron a fait ce petit calcul électoral – sa sortie est tout sauf un cri humaniste antiraciste ou pro-algérien – de banquier : la balance entre la perte du vote pied-noir ou harki du Sud – acquis en grande partie au FN – et le gain du vote franco-algérien. Selon l’INSEE et ses calculs à la fourchette, on estime le nombre de personnes vivant en France ayant une origine algérienne à 1,9 million… en 2005. Des chercheurs et historiens évaluent aujourd’hui cette communauté à plus 3 millions de personnes, français, binationaux ou algériens.
Avec plus d’un million de votants sur lesquels lorgne Macron, qui étaient la chasse gardée du PS avant son éclatement. Car on peut dire que le Parti socialiste français est aujourd’hui éclaté en deux ou trois morceaux : la partie gauche incarnée par Hamon, la partie droite par Valls, et la partie centriste par Macron. Qui vient donc de faire une OPA sur ce réservoir électoral sensible au socialisme en « attaquant » la France, une pratique récurrente en Algérie, surtout en période électorale.
Après avoir placé sa bombe, Macron joue les pompiers dans Le Figaro, en essayant de ratisser large… par-dessus les cicatrices encore chaudes :
« Cette polémique dit beaucoup de l’état dans lequel la France s’enferme : une espèce de passion mauvaise pour l’Histoire, qui consiste à n’en voir qu’une partie. Je ne suis ni dans la repentance, ni dans le refoulé. Il faut nommer ce qui a été fait de mal, et reconnaître ce qui a été fait de bien. Je ne veux pas faire d’anachronisme ni évidemment comparer cela avec l’unicité de la Shoah, mais la colonisation a bel et bien comporté des crimes et des actes de barbarie que nous qualifierions aujourd’hui de crimes contre l’humanité. Pour autant, cela ne veut pas dire que celles et ceux qui vivaient en Algérie et servaient dans l’armée française étaient des criminels contre l’humanité, car le seul responsable, c’est l’État français. D’un autre côté, en Algérie, dans un débat public, j’ai aussi parlé des harkis. J’ai dit ce qu’ils avaient apporté et la place qu’ils avaient en France. Nous devons réconcilier des mémoires fracturées : celle des harkis, celle des pieds noirs, celle des Français d’origine algérienne, celle des binationaux... »
- La baisse du niveau scolaire
On reste dans la politique, avec une conséquence insolite de l’effondrement du niveau scolaire, dû entre autres à l’intégration dans le système scolaire français d’une masse d’enfants d’immigrés de faible niveau culturel – c’est un fait – et d’une politique d’aveuglement socialiste que tout le monde connaît.
Un site, bonnenote.fr, propose contre finances à des rédacteurs de faire les devoirs des élèves, collégiens ou lycéens. Les parents d’élèves soucieux de l’avenir de leurs enfants s’étaient déjà rués sur les entreprises d’aide aux devoirs après les cours, pour combler les trous faits par l’Éducation nationale. C’est un secteur en développement rapide, et si on était complotistes, ou paranoïaques, on imaginerait assez vite que les boîtes en question sont créées par des profs socialistes pour se faire du fric !
Heureusement, il n’en est rien. Mais les orientations désastreuses de l’école publique ont conduit à une augmentation exponentielle des demandes d’inscription dans le privé. Et pour ceux qui n’ont pas les moyens , il reste ces cours du soir privés, qui remplacent les devoirs à la maison. À propos de bonnenote.fr, la présidente de la FCPE est montée au créneau en criant au scandale, au vu des tarifs pratiqués (entre 7 et 24 euros la page, selon la matière et la difficulté). Sauf que la FCPE, on ne l’a pas trop entendue pendant les dérives successives du ministère Belkacem, à part quelques pinaillages sur les horaires… Le Parisien s’est amusé à commander un devoir de philo, et a obtenu... 8/20. C’est peut-être un prof désireux de saquer la concurrence qui a noté la copie !
L’économie, l’école, le social, tout se touche. Un chômage de 300 000 personnes en 1933 et de 500 000 en 1935 a conduit à une situation quasi-insurrectionnelle pour le pouvoir. Aujourd’hui, avec 6 millions de chômeurs et un taux oscillant autour des 10%, la France connaît, après ses 30 Glorieuses, le retour peu reluisant de la pauvreté. La vraie.
- La pauvreté
La pauvreté, c’est papa au chomedu, maman qui touche la CAF et les allocs diverses, des aides qui permettent tout juste de manger des nouilles, des patates mais pas de viande, ou alors rarement, les fins de mois très difficiles, les mômes mal habillés, on compte sur la cantoche, les vacances de moins en moins loin, ou plus du tout, les dettes, l’EDF qui coupe le jus, le banquier qui donne des leçons… Bref, le merdier. Il y a aussi la santé, une santé qui se dégrade.
Une fillette de 4 ans est morte de tuberculose en Bretagne. Et la tuberculose, c’est la maladie du XIXe siècle, de la révolution industrielle, des familles nombreuses (12 à 14 individus) dans des apparts pourris, le plomb, l’humidité, le saturnisme, le manque de vitamines… Si les cas de tuberculoses sont rares en France, on a noté, à Paris et Marseille notamment, un retour de la maladie. Quant au BCG, le vaccin n’est efficace qu’à 60%.
Récemment, des tubards lourds venus des pays de l’Est – leurs hôpitaux nous les sont gracieusement envoyés – ont été repérés dans le métro parisien, foutant une trouille bleue aux usagers. Car quelques postillons suffisent ! Mais c’est en Seine-Saint-Denis que la maladie, dans sa forme résistante, s’est vraiment réveillée, ou a été importée d’Afrique subsaharienne. Ce sont les précaires (dont beaucoup de SDF) et les migrants les plus touchés. Et les moins suivis médicalement.
La France est-elle en train de pédaler en arrière ?