Egalité et Réconciliation
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Le « Rapport Goldstone » n’est que de la poudre aux yeux

Après maints rebondissements, le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU (CDH), vient d’adopter le rapport Goldstone sur les crimes commis durant la guerre de Gaza en décembre 2008-janvier 2009.

L’adoption du rapport Goldstone a été obtenue grâce au soutien de la Chine, de la Russie, des Etats arabes et d’autres pays du Tiers monde. Les Etats-Unis ont voté contre, la France et l’Allemagne s’étant abstenues. La publication du rapport Goldstone intervient dans un contexte de tensions exacerbées entre le Hamas et l’Autorité palestinienne dont le représentant avait demandé, lors d’un premier vote, à la surprise générale, le report des discussions au mois de mars prochain.

La commission présidée par le juge sud africain, Richard Goldstone, a été créée dans le but de dire si oui ou non il y a eu violations des lois de la guerre et du droit humanitaire international et si des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ont été commis pendant l’offensive israélienne contre la bande de Gaza. Comme par le passé, Israël a refusé toute coopération avec la commission d’enquête et a empêché ses membres de se rendre dans les territoires occupés. Les éléments contenus dans le rapport Goldstone ne sont donc pas le résultat d’un travail sur le terrain mais ils ont été rassemblés à partir des rapports et enquêtes réalisés par des ONG et des organisations de défense des droits de l’Homme comme Amnesty International, et Human Rights Watch. Les conclusions préliminaires du rapport Goldstone constatent qu’en effet des crimes de guerre et crimes contre l’humanité ont été commis durant l’offensive israélienne contre la bande de Gaza. Comme on pouvait s’y attendre, dès la publication du rapport Goldstone, le gouvernement israélien, ses défenseurs zélés, les Etats-Unis, l’Europe ainsi que le lobby sioniste international qui contrôle les grands médias internationaux ont violement réagi en qualifiant les conclusions de la Commission Goldstone de partial et d’unilatéral, oeuvre de supporters inconditionnels de la cause palestinienne au sein du conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies. Les zélotes sionistes accusent le rapport Goldstone d’être l’œuvre de supporters inconditionnels de la cause palestinienne mais ils oublient cependant que Richard Goldstone est d’abord et avant tout un juif sud africain connu pour ses liens et ses amitiés avec plusieurs organisationnels sionistes tant à l’intérieur de l’Etat sioniste qu’à l’extérieur. Pour légitimer la mort de 1400 palestiniens, les 6000 blessés et brûlés par les nouvelles bombes à phosphore et toutes les destructions matérielles, les zélotes sionistes répètent à satiété, la sempiternelle légitime défense et le droit d’Israël de se défendre contre « l’armada » du Hamas qui, comme chacun le sait, n’a que des roquettes artisanales qui sont des pétards mouillés à côté des bombes larguées par l’aviation israélienne. On a pu remarquer qu’après chaque guerre ou massacre de civils palestiniens ou libanais, la propagande sioniste internationale se met rapidement en marche en débitant la même ritournelle qui est aujourd’hui connue et archi connue et qui est usée jusqu’à la corde pour qu’elle mérite un examen attentif ou une quelconque réfutation. Néanmoins, la question récurrente est la suivante : si l’État sioniste n’avait rien à se reprocher pourquoi refuserait-il toute coopération avec les commissions chargées d’enquêter sur les crimes de guerre et des crimes contre l’humanité en territoires palestiniens occupés ?

LE RAPPORT GOLDSTONE, UN CADEAU EMPOISONNÉ

Certains commentateurs et analystes, notamment arabes et palestiniens, se fourvoient en criant victoire après l’adoption du rapport Goldstone par le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU. Par ailleurs, nous avons pu lire par ci et par là que le rapport Goldstone est un triomphe pour le droit international et le droit humanitaire international. Il est vrai que le transfert du rapport Goldstone au Conseil de sécurité de l’ONU relève du miracle et c’est peut-être ce geste là qui a fait dire à certains analystes et commentateurs arabes et palestiniens que le rapport Goldstone est une sorte de justice posthume pour les victimes de la guerre de Gaza. Mais soyons clairs et gardons toute notre lucidité concernant la portée du rapport Goldstone qui n’est au fond qu’un un cadeau empoisonné offert au peuple palestinien. Car, à bien réfléchir, le rapport Goldstone a un côté pervers visant à mettre sur le même plan l’agresseur et l’agressé, Israël et le Hamas en faisant de la victime figure d’accusé. C’est cet amalgame volontairement entretenu qui ôte toute crédibilité au rapport Goldstone, car personne et même un débile mental ne croit un seul instant à cette version tronquée selon laquelle le Hamas a ou aurait pu commettre des actes susceptibles d’être qualifiés de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité. Pour commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, il faut que l’une ou les deux parties belligérantes aient les moyens militaires leur permettant de commettre leur forfait. Il est de notoriété publique que l’État sioniste possède des armes destructrices et une technologie militaire dernier cri livrées par les usines d’armement aux Etats-Unis et en Europe. Où sont-elles les armes sophistiquées du Hamas ? Où sont-elles les bombes à phosphore du Hamas ? Où se cachent-ils les chars et les avions supersoniques du Hamas ? Est-il raisonnable de comparer les moyens militaires dont disposent le Hamas et l’État sioniste ? Le Hamas possède seulement des roquettes artisanales dont la portée maximale est à peine 40 Km et qui atteignent très rarement leur cible. Franchement il n’y a que les timbrés qui croient à cette fable qui raconte que le Hamas a pu commettre avec ses roquettes artisanales des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité pendant la guerre de Gaza. Si le Hamas est incapable de commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, c’est parce qu’il n’a ni avions, ni chars, ni bombes à phosphore etc. D’ailleurs, après la guerre de Gaza, pour venir en aide à leur créature moyen orientale, les Etats-Unis et l’Union européenne ont tout fait, lors de la réunion de Charm el-Cheik, pour empêcher l’arrivée d’armes au Hamas. Ils ont décidé d’imposer une surveillance hermétique sur les lieux de passage des armes à destination du Hamas. La France a même envoyé une frégate pour surveiller les côtes égyptiennes. Même des policiers égyptiens ont été envoyés expressément aux Etats-Unis pour être dressés, comme les bergers allemands, à la détection des tunnels par lesquels transitent armes et explosifs en direction de la bande de Gaza. Comment peut-on alors accuser le Hamas de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité alors qu’il lui interdit de s’armer pour se défendre et défendre le peuple palestinien contre les envahisseurs sionistes qui, eux, arrivent avec leur armada en larguant en toute impunité des bombes à phosphore et en semant la mort et la désolation avec leurs avions supersoniques et leurs chars Merkava ? Pour avoir une idée approximative de la disproportionnalité des forces militaires en présence, il suffit de lire le rapport rédigé par le prix Nobel sud africain, Desmond Tutu et la spécialiste en doit international humanitaire, Christine Chinkin, faisant apparaître qu’entre le retrait israélien de la bande de Gaza en août 2005 et le massacre de Beit Hannoun en novembre 2006, la bande de Gaza a reçu 15 000 obus et l’aviation militaire a mené 550 raids causant la mort de 525 palestiniens et 1527 blessés. Alors qu’en même, les mouvements de résistance palestiniens ont tiré seulement 1700 roquettes artisanales faisant seulement 41 blessés israéliens.

Le rapport Goldstone veut nous faire croire et faire croire à l’opinion publique mondiale que les roquettes artisanales du Hamas, sont des armes de destruction massive à l’instar des bombes à phosphore israéliennes. Accuser le Hamas d’avoir commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, cela relève des délires et s’apparente à une pure escroquerie intellectuelle qui enlève toute crédibilité au rapport Goldstone. Ce qui est plus grave dans le rapport Goldstone, c’est que le Hamas peut se retrouver un jour sur le banc des accusés et être poursuivi devant des instances pénales internationales pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au même titre que les vrais criminels de guerre sionistes.

LE RAPPORT GOLDSTONE, UN RAPPORT MORT-NÉ

Comme pour toutes les commissions internationales chargées d’enquêter sur les crimes sionistes en Palestine, le rapport Goldstone ne sera pas mieux loti et il y a tout lieu de penser qu’il finira sa vie au fond de placard ou dans une poubelle. Rappelons qu’à ce jour, aucune enquête internationale n’a été diligentée sur les crimes commis en septembre 1982 à Sabra et Chatila par Ariel Sharon et ses affidés libanais, les phalangistes de Pierre Gemayel. Suite au massacre de civils palestiniens au camp de réfugiés de Djenine, le Conseil de Sécurité des l’ONU a créé, par la résolution 1405 du 16 avril 2004, une commission chargée d’enquêter sur ce massacre. Comme d’habitude, l’Etat sioniste avait alors refusé toute coopération avec la commission qui était présidée par l’ancien président finlandais, Marti Altissari. Mais sous la pression des Etats-Unis, Kofi Annan a décidé le 6 mai 2002, la dissolution de la commission en mettant fin à l’enquête et en congédiant ses membres d’une façon humiliante. Pour enterrer la commission et entraver son travail d’enquête, une transaction avait alors conclue entre George Bush et le roi d’Arabie saoudite pour lever le blocus autour du Moukhataa là où Yasser Arafat était retranché et assiégé par l’armée israélienne. C’est Ariel Sharon lui-même qui demande à ses ministres d’entériner la transaction moyennant l’enterrement de la commission d’enquête sur le massacre de Djenine.

En 2003, la réunion exceptionnelle de l’Assemblée Générale de l’ONU adopte la résolution 10/13 dans laquelle demandant à la Cour internationale de justice de La Haye un avis consultatif sur la légalité de la construction d’un mur en territoires occupés censé protéger Israël de l’infiltration des kamikazes palestiniens. Sept mois plus tard, la Cour Internationale de Justice rend son avis en se déclarant compétente et en jugeant la construction du mur comme illégale etc en violation ave la loi internationale. Dans son avis, la CIJ demande des réparations pour les dommages causés par la construction du mur. L’avis consultatif de la Cour Internationale de justice de La Haye a été adopté par 150 voix contre 6 voix et 10 abstentions. Une commission avait alors été créée pour évaluer le montant des dommages causés par la construction du mur. Mais, cette résolution N° 10/15 relative à la construction du mur est restée lettre morte puisqu’elle a disparu purement et simplement de la circulation. Pendant ce temps là, Israël a continué la construction du mur de l’apartheid sans se soucier le moins du monde des réactions hostiles arabes ou internationales.

En novembre 2006, Israël bombarde Beit Hanoun tuant sur le coup 19 personnes d’une même famille dont la plupart était des femmes et des enfants. Pour enquêter sur ce massacre, le Conseil des droits de l’Homme a confié la responsabilité de l’enquête au prix Nobel sud africain Desmond Tutu et à Christine Chinkin, professeur à la London School of Economis et spécialiste de droit international. Israël a refuse aux membres de la commission l’accès de son territoire. Ce n’est que dix huit mois plus tard (en mai 2008) que les membres de la commission ont pu se rendre en territoires occupés en empruntant le passage de Rafah reliant l’Egypte à la bande de Gaza. Le rapport présenté par Desmond Tutu et Christine Chinkin est accablant pour l’Etat sioniste puisqu’il décrit dans les menus détails établit les événements ayant abouti au massacre de Beit Hannoun. La Commission accuse les responsables militaires et politiques de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en leur demandant d’assumer la responsabilité de leurs actes. La réaction israélienne face au rapport Tutu-Chinkin ne s’est fait pas attendre ; elle a été comme toujours la moquerie et le mépris total. Finalement, le rapport Tutu-Chinkin est tombé dans l’anonymat et il y a tout lieu de penser que le sort du rapport Goldstone n’en sera guère différent.

Que les criminels de guerre sionistes se rassurent et peuvent dormir tranquillement, car la justice internationale n’est pas faite pour eux mais pour tous les récalcitrants et les réfractaires, les Milosevic et les Saddam Hussein. Les criminels de guerre sionistes n’ont rien à craindre du rapport Goldstone, car ils seront comme furent avant eux, Pinochet, Franco, Bush, Blair, Aznar, Berlusconi, et tous les criminels de guerre latino américains, africains et arabes, au dessus de toute impunité et à l’abri de la foudre de la justice internationale. Et cela pour deux raisons essentielles. D’abord, pour créer un tribunal pénal international pour la Palestine, à l’instar du tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, il faut un vote au Conseil de sécurité de l’ONU et tout le monde sait que et le veto américain sera là pour veiller au grain et empêcher toute création d’un tribunal pénal international. Ensuite, l’État sioniste refusera toute coopération judiciaire avec la Cour pénale internationale en lui opposant une fin de non recevoir, car Israël, comme les Etats-Unis, la Russie, la Chine, n’a pas signé le traité de Rome de 1998 instituant la CPI. Un dernier cadeau providentiel, la loi belge de compétence universelle a été abrogée en 2003. Que les criminels de guerre sionistes soient tranquilles, ils n’auront probablement pas de sitôt leur Nuremberg moyen oriental.