Maintenant que les forces armées syriennes ont libéré Palmyre, le président Assad a remercié Vladimir Poutine et le peuple russe pour le soutien important qu’ils ont apporté à son pays. Main dans la main, la Syrie et la Russie ont combattu contre l’État islamique et d’autres groupes terroristes opérant dans la région – principalement les implants des fidèles alliés de l’Occident : l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie.
Après de récentes victoires en Syrie, le mythe de l’invincibilité du terrorisme s’est effondré, mis en pièces. Il est devenu clair que s’il est combattu honnêtement et avec une détermination totale, même les plus fanatiques peuvent être vaincus.
Il est aussi devenu évident que l’Occident a très peu d’intérêt à vaincre ces groupes. Premièrement : ils ont été inventés dans des capitales occidentales, du moins en tant que concepts. Deuxièmement : ils remplissent de nombreux buts et dans de nombreux endroits du monde ; ils brutalisent les pays rebelles au Moyen-Orient et ils répandent la peur et la frustration parmi les citoyens européens, justifiant ainsi des budgets croissants pour la défense et le renseignement, ainsi que des mesures de surveillance grotesques.
Il est tellement évident que l’Occident est malheureux de l’extraordinaire succès des forces syriennes et russes au Moyen-Orient. Et celui-ci continue à faire tout son possible pour le saper, il le déprécie et même le calomnie à l’aide de son appareil de propagande.
Maintenant que l’État islamique a été repoussé toujours plus loin de tous les endroits stratégiques en Syrie, la question vient à l’esprit : s’il est finalement vaincu, où va-t-il aller ? Ses combattants sont, bien sûr, en Irak voisin, mais Bagdad est aussi en train de forger une alliance toujours plus étroite avec la Russie, et les groupes terroristes pourraient bientôt ne plus y être en sécurité non plus. Tout compte fait, l’endroit où s’étendre le plus facilement, pour l’État islamique, est le Liban.
Parce que l’EI y est déjà ! Ses cellules dormantes sont réparties dans tout le pays, depuis la vallée de la Bekaa et même jusqu’à certains quartiers chics (et pas nécessairement musulmans) de Beyrouth.
Historiquement, la Syrie et le Liban sont une entité unique. La circulation des gens entre ces deux pays est importante et constante. Après le début de la guerre en Syrie, des centaines de milliers de réfugiés, pauvres et riches, sont entrés dans le minuscule Liban, certains s’installant dans les camps de fortune de la vallée de la Bekaa, d’autres louant des appartements somptueux sur la Corniche à Beyrouth.
Officiellement, le Liban (un pays avec seulement 4.5 millions d’habitants) accueille environ 1.5 millions de réfugiés, la plupart syriens, mais aussi venant d’Irak ou d’ailleurs. Cela en plus des approximativement 450 000 réfugiés palestiniens permanents, qui vivent dans plusieurs grands camps administrés par l’Office des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNWRA dans son sigle anglais).
Dans certains cas, lorsque les combats devenaient trop virulents, le nombre des réfugiés au Liban a atteint plus de 2 millions. Pendant de nombreuses années, la frontière entre le Liban et la Syrie a été poreuse, et même les contrôles aux postes frontière étaient assez laxistes. Cela a commencé à changer, mais seulement récemment.
Avec les réfugiés (surtout des familles fuyant les combats et l’extrême précarité causée par le conflit), est arrivé un nombre important de cadres djihadistes – combattants d’État islamique, d’al-Nusra et d’autres groupes terroristes pro-saoudiens et pro-turcs. Ils ont pleinement tiré profit de la situation, s’immisçant dans le flux des émigrés légitimes.
Leur objectif est clair et simple : se regrouper au Liban pour créer des cellules fortes et efficaces, et ensuite frapper le moment venu. Le rêve de l’État islamique est un puissant califat dans le nord du Liban, de préférence avec un plein accès à la mer Méditerranée.
Dans l’histoire récente, le Liban est devenu un État extrêmement faible, divisé entre lignes sectaires. Pendant presque deux ans, il a été incapable d’élire un président. À ce jour, le gouvernement est dysfonctionnel, presque paralysé. Le pays souffre d’innombrables maux mortels : depuis les crises des déchets qui n’en finissent jamais jusqu’à des coupures d’électricité constantes et des problèmes d’approvisionnement en eau. Il n’y a pas de transports publics et l’enseignement public est sous-doté, inadéquat et ne sert que la partie la plus pauvre de la population. La corruption est endémique.
De temps en temps, Israël menace de l’envahir. Il a attaqué le Liban à au moins cinq occasions différentes ; la dernière fois c’était en 2006.