Ce qui me gêne dans cet article est son côté maladroit et manichéen, le fait de confronter deux artistes aux antipodes à partir d’un clash sur un plateau télé, partant de points de vue qui ne font que refléter leur personnalité et leur vécu, encensant l’un et accablant l’autre.
Gainsbourg a confié plusieurs fois que sa véritable vocation était la peinture mais qu’il avait renoncé car ce qu’il faisait n’était pas à la hauteur de ses exigences.Sa vision de la chanson comme art mineur, en comparaison de la peinture, ne pouvait que faire sursauter Béart, amoureux absolu de la langue, authentique poète à l’instar d’un Brassens (dixit Hugues Aufray).
Il n’empêche que Gainsbourg était autrement complexe que l’image qu’ont voulu en donner, ou qu’il a voulu donner, aux medias.Le journal Rivarol avait un jour titré "Gainsboug est-il vraiment tout noir ?", lui qui avait envoyé un chèque à la famille d’un policier assassiné,qui avait toujours refusé d’écrire pour Montant par respect pour sa famille russe émigrée, parce que celui-ci était communiste. Il ne s’est jamais fendu de critiques contre le Pen, à une époque où cela était la furia chez les saltimbanques. Et il ne me semble pas pas non plus qu’il ait jamais mis en avant sa judéité. Sur le plan artistique enfin, il a donné quelques très belles oeuvres.
Pour ce qui concerne Béart, pour moi rien à dire artistiquement dans un tout autre style, très profond, subtil et visionnaire, adepte de la métaphore. Je le préfére amplement à Trénet. Mais comme ses chansons ne le laissaient pas présager, il était aussi socialo très politiquement correct, à l’image de sa fille Emmanuelle.