L’objet de cette chronique parfois un peu sauvage n’est pas de se moquer des autres, des gens différents. Il n’y a ici ni racisme de classe ni racisme de race. Peut-être une pointe d’huile d’olive première pression à froid de racisme intellectuel, et encore. Quand on ouvre un grand livre, on se sent tout petit, on prend conscience du chemin intellectuel qu’il reste à faire, et on se remet au boulot. Rien de tel qu’une bonne claque pour remettre les compteurs de la vanité à zéro ! Car le vaniteux n’apprend rien. Seule l’humilité donne accès aux choses. C’est le sens du message du Christ qui dit, enfin qui disait : « Soyez comme des enfants. »
Après ce prélude de très haut niveau, passons au fil rouge du jour. Le fil rouge était cette épreuve de l’émission de télé Intervilles, où des représentants des villes françaises s’affrontaient dans des épreuves rigolotes. C’était un peu les JO du pauvre et de la déconne. À l’époque, les années 60, la France était en paix : plein emploi, croissance folle, rayonnement international, viande rouge, bombe atomique, Bardot. On va arrêter là parce que sinon ça va faire trop mal. Le jeune président qui vient d’être élu, et bien élu – 66% des voix – est l’incarnation d’une France qui a changé. Elle va moins bien, elle en chie, mais c’est souvent dans la tête que ça se passe, même si le chômage de masse est une réalité bien dure.
Quand on écoute ceux qui ont pour tâche de guider les Français, les « journalistes » et les hommes « politiques », parfois, on prend peur. Mais on n’en oublie pas les « électeurs », qui sont loin d’être parfaits. On va commencer par une « politique ».
Voici les deux communications de l’Anne de Paris après le Conseil de Paris du jour...
La diversité et le métissage sont au coeur de l’identité et du dynamisme de #Paris#ConseilDeParis #Interculturalité
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 9 mai 2017
Mon projet de #Paris, capitale de la participation citoyenne inclusive & attractive repose sur la notion d'#interculturalité#ConseilDeParis
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 9 mai 2017
Oui, vous avez bien lu, la « participation citoyenne inclusive » et « l’interculturalité ». Pendant ce temps-là, Mamadou ramasse les poubelles dans les rues du XVIIIe. Le gros pipeau socialiste continue à jouer pour masquer la réalité, qui déborde de tous les côtés. Pas étonnant que Hamon ait pris une veste. On rappelle, juste pour la cruauté, les scores du PS depuis 1974. Premier tour en 74, Mitterrand pour l’union de la gauche rafle 43,25% des voix. Seul, il fait encore 25,85% au premier tour de 1981, puis 34,11 en 1988. Jospin descend à 23,3% en 1995, on sent que c’est déjà plus le même calibre, et carrément 16,18% en 2002 (avec une gauche totalement désunie), Ségolène remonte à 25,87 en 2007, Hollande fait 28,63 en 2012 (quand même !) et enfin Hamon achève la parenthèse socialiste avec un piteux 6,36 en 2017. Un score de taupe qui va se cacher sous les pierres.
Quand on parle « métissage » et « interculturalité » en période de hausse du chômage et des prix (merci l’euro), on ne peut pas faire des miracles. Le PS c’est un peu comme l’art contemporain : beaucoup de grandes phrases qui cachent des insultes à l’intelligence et de la pollution de l’œil. Le « politique », c’est réglé. Passons au « journaliste ».
Dans la même veine farfelue et hors du temps, on a les « foodeuses » de Madame Figaro, ou du Figaro Madame, le journal qui vante l’art de vivre pour celles qui en ont le temps et les moyens. Le canard qui s’adresse à la bourgeoisie française a lancé une offensive pour promouvoir la « digital food ».
Pur produit de la génération Y, la foodtech a franchi les frontières de la Californie pour déferler en France. Qui l’aurait prédit au pays de Jean-Pierre Coffe, du marché du dimanche et des étoiles Michelin ? Mais c’est un raz de marée. La fièvre culinaire met le Web en e-bullition, aiguisant les appétits des investisseurs, attirant les grands noms du capital-risque. Et à la proue de ces start-up, on trouve très souvent des jeunes femmes.
Après cette petite blague du Sud-Ouest et une lecture en profondeur de l’article, il semble que la « digital food » soit juste de la vente de bouffe sur place ou à domicile. Mais comme ça vient de « Californie », il faut prendre des pincettes syntaxiques pour un max de respect. Voici la première des six élues de Madame Figaro :
Pour StartHer, le collectif qui scanne les vocations tech et entrepreneuriales les plus pointues (ex-Girls in Paris), elle fait partie des dix femmes à suivre. À 28 ans, Julia Bijaoui a réussi le tour de force de faire de Frichti une des plus belles réussites de la food connection. En 2015, cette diplômée de HEC décide de concilier son appétit healthy avec sa soif d’entreprendre.
Il faut avouer que nous nous sommes un peu désintéressés de l’article, pour nous consacrer à l’avalanche de franglais : la eat-girl, appétit healthy, veggie, no glu, brunch, snack, cook angels, le kit à cookies végans, Eatrip, FoodChéri, energy ball cacao, cook lab... Écoutons les foodeuses :
Le déclic pour vous ?
Julia Bijaoui : « Ras-le-bol de dîner sushis tous les soirs, basta des pasta par manque de temps. Je suis ma première cliente. »L’esprit foodtech, c’est quoi ?
Charlotte Sieradzki et Joy Solal : « Avoir la tête dans la tech, les mains dans la food, avec le même niveau d’exigence. »
- Rebecca glam food pop love crunch
Dans le dossier suivant « Trois green influenceuses à suivre », voici « Rebecca Leffler, l’icône green et glam ». Sa signature : « Feel good, look good, do good ». En dessert, la bio de Rebec :
Après des années à arpenter les tapis rouges en tant que journaliste cinéma pour Canal +, Rebecca Leffler décide de changer de mode de vie et d’alimentation. Cette adepte du yoga défend aujourd’hui la « good mood food ».
Voilà, on pense avoir tout dit sur le phénomène. Où est-ce qu’on veut en venir ? Attendez la troisième partie du puzzle. Elle émane du Monde, grand pourvoyeur d’articles oligarchiques en gros, demi-gros et détail. Celui-ci vaut son pesant de look good do good.
« Nous avons voté pour Macron, mais ce n’est en rien un vote d’adhésion »
Ils sont 35 000, tous ont voté Macron, mais ils veulent que le nouveau président de la ROF (République Oligarchique de France) sache que c’est un vote par défaut. En gros c’était pour pas voter Le Pen. Ce que tous les médias leur ont demandé de faire. Une douzaine d’entre eux a manifesté lundi 8 mai devant le siège d’En Marche ! dans le XVe arrondissement parisien. Ils veulent que Macron prenne en compte leur vote « pas pour » selon trois grands principes (il y en a 9 en tout mais on va pas tout balancer) : « Une France juste », « Une France durable », « Une France démocratique ».Quelle insolence ! Culottés les copains d’Eliott et Marie-Céline ! Le nouveau pouvoir (en fait il a pas tellement changé le pouvoir, il a juste mis Macron à la place de François le Cramé) va-t-il tenir sous le choc ?
« L’idée était de faire barrage au Front national en votant pour Emmanuel Macron, mais en soulignant que nous ne soutenons pas son projet, que nous restons une force d’opposition citoyenne, pour ne pas perdre cinq ans de plus », résume Elliot Lepers, qui était, au côté de la militante féministe Caroline de Haas, l’un des initiateurs de la pétition contre la loi travail signée par plus de 1,3 million de personnes.
Les andouilles parlent aux andouilles
« Moi, je veux de la démocratie. Je veux lui rappeler en tant que citoyenne que j’ai des droits » (Séverine)
Tu as surtout le droit de te faire rouler dessus par le bulldozer de l’oligarchie, Séverine. Et justement, les 12 apôtres de la Grande Croyance Électorale se sont fait bloquer par un barrage policier. Heureusement, écrit Le Monde, ils « ont croisé Benjamin Griveaux, porte-parole du mouvement. Peu enclin à engager le dialogue, il les a invités à lui “envoyer un mail” ».
Moralité : il va falloir se résoudre à partager le processus électoral avec ces naïfs 7e dan, ces haut gradés de la Franche-maConnerie, ces Aigles de l’Ordre Suprême de l’Andouillerie, ces Illuminés de l’Extinction neuronale.
Comment (re)faire une France forte avec ces mollusques, ces food glam pop green food top curry vegan et cette Anne interculturalité Hidalgo ?
Problème de très haut niveau qui devrait être confié à un très grand mathématicien, et ça tombe bien, puisque dans l’escarcelle du Macron, il y a Cédric Villani. Le dandy foufou a intérêt à faire fort dans sa démonstration parce que là, c’est pas gagné.