Goncourt 2017 : quelle minorité va gagner ?
Loin du bruit et de la fureur de l’actu bouillante en politique et géopolitique (risque de guerre nucléaire mondiale, de défaite de l’EI et de punition du PSG), la petite tambouille parisienne de l’édition continue son bonhomme de chemin. Et c’est très bien comme ça : la culture livresque appartient à la France, et la France a toujours glorifié le livre.
Ceci étant dit, en guise de prologue, il s’agit de récompenser un roman et son auteur qui marquent l’année, voire le siècle. Ça n’arrive pas toujours, les jurés de chez Drouant étant de plus en plus poreux à la bienpensance du moment, qui a placé l’année passée Leila Slimani au firmament. C’est la même chose en cinéma avec le Festival de Cannes et ses prix distribués à des films gouines ou pédés (ce sont deux adjectifs, désormais).
- Tremble, maudit médecin SS !
Dans la liste des 15 prétendants, on a retenu – c’est désormais inévitable – le sempiternel bouquin sur la Shoah. Cette fois, il s’agit de La Disparition de Josef Mengele, le méchant médecin d’Auschwitz qui triait les gens à l’arrivée sur la rampe du camp : à droite, à gauche, à droite, à droite, à gauche etc., Jo décidait de la vie et de la mort des arrivants. Mais on n’a pas lu le livre, et il se peut aussi que le contenu n’ait rien à voir avec le titre ! Car on est dans une shoatisation de la culture française, et un titre vendeur dans la ligne du parti unique socialo-sioniste permettrait de publier ensuite ce qu’on veut à l’intérieur, par exemple du Céline. Comme les journalistes ne lisent pas les bouquins qu’ils chroniquent…
Dans le même ordre d’idée, des rhinocéros (s’ils ne sont pas trop cons) naîtront un jour sans cornes.
- Sans corne, mais vivant !
On ne badine pas avec la Shoah
La couverture shoatisée permettrait de se prémunir de toute attaque, de recevoir des lauriers et de publier ce qu’on veut en loucedé. C’est La Fontaine et ses fables, ou Molière et ses alexandrins. Une forme nouvelle pour une subversion protégée.
Sinon il y a Yves Ravey, avec Trois Jours chez ma tante, peut-être là aussi un titre LGBT pour un contenu hétéro-macho à la Gérard de Villiers, sait-on jamais. Rassurez-vous, la littérature française n’est pas foutue malgré ces coups de boutoir communautaristes incessants : Yannick Haenel, qui avait défrayé la chronique (littéraire) avec son livre sur le Polonais Jan Karski qui avait visité le ghetto de Varsovie, en s’inspirant lourdement du film Shoah de Claude Lance-flammes [Lanzmann, NDLR], un Claude qui l’avait vertement engueulé, eh bien Haenel sort un livre pas-sur-la-shoah. Il y a donc de l’espoir.
Loin de tous ces enfantillages du Ve arrondissement, et du VIe aussi, puisque les éditeurs sont là, il y a Marcel Campion. Marcel, c’est un peu l’antilecteur de Proust. Une bonne nature, un bon vivant, avec qui on ne peut pas trop déconner. Ne surtout pas lui marcher sur les pieds, car le roi des forains est assez chatouilleux. On est loin des auteurs emperlousés et poudrés de Galligrasseuil.
- Une autre sorte de Marcel...
Figurez-vous que Cécel – le diminutif de Marcel dans les bistrots, si vous ne les fréquentez pas – appelle à bloquer le pays le 12 septembre pour lutter contre la réforme du code du Travail. Ce jour-là, les syndicats plus ou moins unis se donnent rendez-vous pour mettre la pâtée aux ordonnances du couple Macron-Philippe. Ça va un peu nous changer des défilés Bastille-Nation qui commençaient à ronronner avec leurs slogans antifa à la con. Avec Cécel, y aura du camion, du semi-remorque, mais qui n’écraseront personne.
Quand les forains débarquent en ville, si le maire n’en veut pas, ils s’installent quand même, car ils ont des gros bras. Des mecs qui tâtent de la masse depuis tout petits et qui savent conduire de la BM dès l’âge de 12 ans. Les forains, ils sont gentils, mais faut pas trop leur courir sur le haricot. Les flics du XIIe se souviennent de quelques racailles qui avaient foutu la merde à la Fête des Loges et qui s’étaient retrouvées encerclées par du lourd à manche de pioche. C’est pas la même rigolade que les bobos de Bastille, qu’on peut souffleter à la NKM sans risque. Là, il y a du répondant. Et les flics avaient sauvé les fouteurs de merde d’un lynchage programmé.
« J’apporte ma voix et mes poings à la guerre sociale qui se prépare… Le temps est venu de défendre nos culs. Nous le ferons en première ligne de toutes manifestations de colère sociale : avec les syndicats et les “insoumis”, les bonnets rouges et les black blocs, les agriculteurs faillis et les anarchistes. »
- Ces coquins de patrons et banquiers n’ont qu’à bien se tenir !
Alors là on apporte un petit bémol à Cécel, en toute humilité : déjà, les « insoumis » de la bande à Méluche ils vont pas trop se mélanger aux syndicats, question de politique politicienne. Ils veulent prendre toute la gloriole de la résistance antimacronienne à leur compte. De plus, suite à l’un de nos articles sur la musique bretonne, on sait pour qui roulent les Bonnets rouges. Quant aux blacks blocs, ils font carrément partie de la section « provocation » du renseignement intérieur. Mais ne gâchons pas les bonnes volontés. Tout sera bon à prendre dans ce combat social qui s’annonce musclé.
Sauf que notre petit doigt embagousé nous dit que si les Français gueulent trop dans la rue, ils peuvent se prendre un troisième camion dans la gueule, à la niçoise ou à la barcelonaise. C’est le tarif, aujourd’hui, pour un peuple en colère. Le bâton terroriste tenu par la main oligarchique dans la coulisse permet de réprimer tout en s’en lavant les mains ! Avant, au moins, avec Guignol, on savait qui était le gendarme et qui tapait sur le peuple…
- Entre l’Anne de Paris et le Cécel, c’est plus le grand amour
Campion a envoyé son texte à toute la planète média, et Le Monde en a profité pour rappeler ses ennuis avec la justice et la mairie de Paris (75 000 euros d’ABS) et son rapprochement avec « Marine Le Pen et des cadres frontistes ». Tu parles d’une élégance. On espère que les portes sont correctement blindées, au siège de la Pravda libérale de gauche...
On va finir par une note clivante, du verbe cliver, que les commerciaux de la radio Rire & Chansons connaissent bien. Pour eux, il y a les humoristes clivants (Dieudonné, Alévêque) et les humoristes rassembleurs (Elmaleh, Semoun). Dans leur programmation quotidienne, ils alternent clivants et rassembleurs selon un logiciel très précis, qui permet de ne pas perdre d’auditeurs tout en ayant l’air d’envoyer trois grammes de subversion. Des panels constants affinent et optimisent ce principe.
Le clivage du jour, c’est La Poste qui va livrer des colis le dimanche. Un nouveau service qui fonctionnera uniquement pour les consommateurs qui voudront acheter chez un commerçant, pas entre consommateurs ou clients particuliers. Pas la peine d’essayer d’envoyer un bouquin KK à mamie le dimanche matin, ça ne marchera pas.
Un tel service existe déjà chez Amazon, qui livre dans les grandes villes à vélo jusqu’à 22 heures le dimanche soir. Et le clivage, il est où ? Il arrive. Fin de la sacralisation du dimanche, économie réelle qui embraye sur la net-économie qui tourne déjà 7 jours sur 7, précarisation des livreurs, accélération des cadences… L’évolution Uber, quoi. Heureusement (pour les Français adeptes de la défense des acquis sociaux), le service en question sera assuré par Chronopost, un service de livraison... très contesté.
- Eh, coco, faut livrer chez les gens, pas au point relais !
Souvent, les employés Chronopost ne déposent pas les colis chez les particuliers comme convenu dans le contrat, mais les balancent en vrac dans un seul « point relais ». Le point relais, c’est le plan « le client va chercher sa livraison tout seul ». Comme ces restos « buffet à volonté » où le client se sert et fait le service lui-même, tout en se gavant de 35 plats différents.
Moralité : on croit gagner en liberté, mais on fait le boulot des autres. Le libéralisme, c’est Malin et compagnie…