Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

Guerre mondiale

En 2003 j’écrivais : « Si la « paix mondiale » est notre principale préoccupation, nous devons instaurer un équilibre des pouvoirs, nous devons permettre aux opprimés de ce monde d’accéder aux armes les plus sophistiquées… L’équilibre de pouvoir est l’unique clé de la paix. » Aujourd’hui, alors qu’Israël et les lobbies qui le soutiennent font tout ce qui est en leur pouvoir pour nous entraîner dans une Troisième guerre mondiale, j’estime nécessaire de le répéter.

La seule manière d’épargner au Moyen-Orient et au monde entier un nouveau cycle dévastateur de bains de sang, c’est de laisser les Iraniens posséder leur jouet nucléaire. Mais cela va encore plus loin : apparemment, la seule manière de sauver l’État juif de sa parade impitoyable d’omnipotence belliciste, c’est de laisser l’Iran rejoindre le club nucléaire aussi rapidement que possible. La seule chose qui soit en mesure de refroidir l’enthousiasme génocidaire de l’aile marchante du sionisme, c’est une écrasante puissance de dissuasion de l’Iran.

Mais il ne s’agit pas seulement de l’Iran. La seule manière d’apporter la paix à la région, c’est d’équiper la Syrie, le Hezbollah et le Hamas avec les armes qui seront à même d’amener les Israéliens à y réfléchir à deux fois. Autant les Israéliens adorent châtier leurs ennemis, autant ils ont en réalité horreur de faire le sacrifice suprême. Une fois que les Israéliens auront pris conscience de la possibilité réelle de leur propre destruction, ils pourront très rapidement développer un penchant réel à la paix et à la réconciliation.

Mais là encore, nous devons nous souvenir qu’Israël n’est pas seul dans ce jeu mortel. D’après le Sunday Times, « le Président George W. Bush a dit au gouvernement israélien qu’il serait éventuellement prêt à approuver à l’avenir une frappe militaire contre une usine nucléaire iranienne… En dépit de l’opposition de ses propres généraux, et d’un scepticisme largement répandu sur la perspective que l’Amérique pourrait être prête à prendre le risque des conséquences militaires, politiques et économiques d’une frappe aérienne contre l’Iran, le président a donné un « feu orange » à une attaque aérienne israélienne visant les principaux sites nucléaires iraniens, au moyen de raids de bombardiers à long rayon d’action. »

Apparemment, nous ne souffrons pas d’une pénurie de zinzins. Depuis pas mal de temps, nous sommes entièrement conscients du fait que la route de Jérusalem à Washington est une route imbibée de sang. Toutefois, il y a quelque chose de déficient et même d’amusant dans l’argumentation occidentale en faveur d’une guerre. D’après nos analystes occidentaux, le Président Ahmadinejad serait d’ores et déjà impopulaire auprès de son propre peuple et il serait sur le pointde quitter la scène. L’éditorial du Sunday Times nous a informés hier de ce que « l’an dernier, un sondage réalisé sur Internet à Téhéran auprès de 20 000 personnes a montré que 62,5 % de ceux qui avaient voté pour lui (Ahmadinejad) en 2005 ne voteraient pas pour lui lors de l’élection présidentielle de l’année prochaine. » Je suis un peu perplexe. Si tel est vraiment le cas, si le président iranien est ruiné politiquement, pourquoi sommes-nous tellement empressés de déclencher une nouvelle guerre mondiale ? Ne serait-il pas plus sage d’attendre quelques mois, que cet Ahmadinejad soit viré du pouvoir par son propre peuple ? Apparemment, le Sunday Times et nos très nombreux néocons ne croient pas eux-mêmes à leurs propres mensonges…

Dans son éditorial, le Sunday Times s’efforce de donner l’impression qu’Ahmadinejad entraîne son peuple dans la guerre à la seule fin de détourner son attention de sa politique intérieure, qui en train d’échouer. « Avec une inflation frisant les 14 % et un tiers de la population iranienne au chômage, l’objectif proclamé d’Ahmadinejad, à savoir, « mettre les revenus du pétrole sur les tables familiales » est plus éloigné que jamais. »

Je serais plutôt suspicieux vis-à-vis de la lecture de la situation interne actuelle de l’Iran faite par le Sunday Times, tout autant que je l’étais à propos de la lecture qu’il faisait, en 2003, de la situation des armes de destruction massive en Irak… Toutefois, je dois le reconnaître, je ne vis pas en Iran. De fait, je vis en Occident, à Londres, pour être précis. Et c’est bien ici, à Londres, que je constate un désarroi croissant, lié à des prévisions financières extrêmement sombres. C’est bien à Londres que je lis des informations sur l’effondrement d’institutions financières occidentales majeures. C’est bien à Londres que je détecte une récession croissante et la menace d’une dépression financière.
Je me demande si la lecture faussée que le Times fait d’Ahmadinejad ne serait rien d’autre qu’une banale projection ? Je suppose que tel est bien le cas. Des faits, il faut remettre les choses à l’endroit. Ce sont nos dirigeants occidentaux, qui sont incapables d’assurer les intérêts de leurs électeurs et de leurs citoyens. Ce sont nos dirigeants occidentaux, qui nous entraînent dans des guerres pour couvrir leur dysfonctionnement désastreux. Ce sont nos dirigeants occidentaux, qui s’apprêtent à déclencher une guerre mondiale, dans le seul but de blanchir l’effondrement du rêve capitaliste occidental.

Il faut être aveugle pour ne pas le voir.

Gilad Atzmon, musicien, compositeur et essayiste israëlien - Traduction Fausto Giudice

Source : http://www.tlaxcala.es


* Jeu de mot de l’auteur sur le nom du Sunday Times, qui signifie littéralement "Les Temps du Dimanche"