Allez hop, c’est reparti pour un tour de manège politico-médiatique, comploto-sioniste et réseauto-oligarchique. Nous sommes le lundi 4 septembre 2017, c’est la fête de l’Éducation nationale, 12 385 800 enfants (à 83% dans le public) retournent au turbin, où 884 300 enseignants les attendent avec knout et bâton. Côté adultes, 18 millions d’employés attendent le fouet macronien sur la réforme du Code du travail. Petits et grands, on va tous en prendre plein la gueule pour pas un rond ! Ça, c’est de l’égalité républicaine !
Plaidoyer pour Laurent Ruquier
Laurent est souvent attaqué par la droitosphère, la fachosphère, l’homophobosphère et l’antibobosphère, mais c’est pas le mauvais bougre. Son argent, il ne l’a pas volé. Il cartonne en télé, en radio, il produit comédiens et humoristes sur scène, il donne à bouffer à pas mal de gens. On a vu pire comme propagandiste et salopard.
Si Laurent invitait des méchants comme Dieudonné ou Soral dans ses émissions, il serait obligé de mettre la clé sous la porte. On l’a en outre moins que d’autres entendu dégoiser contre ces deux symboles de la résistance sur l’Internet. Alors qu’est-ce qu’il lui a pris de caster Angot et Moix dans son émission du samedi soir ? Ceux qui ont vu la paire à l’œuvre le 2 septembre 2017 sont épouvantés, même les journalistes mainstream.
Quand Yann Moix assimile l'antiracisme de @LeBondyBlog ou de @RokhayaDiallo à du racisme ou de l'antisémitisme. Honteux ! #ONPC pic.twitter.com/vxZBjftsMM
— Nils Wilcke (@paul_denton) 3 septembre 2017
Si l’on suppose que Laurent n’est pas con, on peut imaginer qu’on lui a forcé la main : Angot comme chroniqueuse, c’est le suicide de l’émission. On peut même penser que c’est le moyen de flinguer sa collaboration avec France 2 et de passer sur TF1, du genre « vous voulez les deux sionistes ? OK vous allez les avoir ».
Dernière solution, Laurent paye pour sa première formule, beaucoup plus trash d’un point de vue critique, avec la paire Zemmour & Naulleau. Un concentré de vacheries de droite et de gauche qui déstabilisait un peu trop les personnalités invitées. On ne peut donc pas reprocher à Laurent d’avoir tout essayé. Mais la pression oligarchique est trop forte pour un seul homme, fusse-t-il homo, et de gauche. Il manque encore un tropisme, le principal.
Le « principal », c’est le jeune Macron qui a été le rencontrer ce lundi matin, jour de rentrée des classes pour nos chères têtes blondes, brunes, frisées ou pas. Il a joué les pédagogues, comme l’écrit joliment L’Express, dans une école de Forbach. Mais ? Forbach n’est-il pas le fief de Philippot ? Quel fieffé filou ce Macron, il fait d’une pierre trois coups : visite d’une classe dédoublée puis d’une classe d’handicapés, reprise de Quand on n’a que l’amour de Brel avec les élèves, et coup de pied de l’âne dans l’électorat de Philippot.
En quittant l’école, il a passé plus d’un quart d’heure à bavarder avec quelques centaines de résidents de ce quartier du Wiesberg, qui l’ont accueilli avec des bravos et des youyous.
Philippot, le numéro 2 du FN, décrié pour sa fibre sociale qui passe devant sa fibre identitaire pour certains. À ce propos, la philippostiste Sophie Montel vient de se faire dégager du FN, pour reprendre l’expression des mélenchonistes.
Sophie Montel (de 2’31 à 2’54) : « J’ai juste dit que sur le programme de l’immigration nous étions en 2017, qu’un certain nombre de nos compatriotes avait dans leur famille des gens d’origine étrangère et qu’il fallait peut-être adapter ou en tout cas les rassurer dans le sens où le jour où nous arriverons au pouvoir, nous n’allons évidemment pas renvoyer ces personnes dans leur pays d’origine, elles sont françaises, elles sont parfaitement intégrées, parfaitement assimilées même, ils sont aussi français que je le suis moi. »
Il semble donc que le FN se dirige vers une ligne identitaire pure, qui est perdante à long terme, puisqu’elle annonce l’alliance avec une droite libérale européiste et américano-sioniste. Une ligne oligarchique et impopulaire malgré tous les écrans et trompe-l’œil que la dominance peut imposer au peuple.
On nous reproche souvent ces mantras (formules mystiques) que sont oligarchie, américano-sionisme, européisme, système médiatico-politique ou ingénierie, oui sauf que les choses sont dites, qualifiées, et précises. Ce n’est pas sur France 2 qu’on va faire entrer la politique profonde dans la tête des téléspectateurs à coups de mots clés. La preuve, la nouvelle formule de C dans l’air, consacrée le 1er septembre 2017 aux mélenchonistes, a dérapé déontologiquement. Il faut dire que le plateau était succulent dans le genre ultralibéral décomplexé : Bruno Jeudy (Paris Match), Nathalie Saint-Cricq (France 2), celle-là même qui demandait à ce qu’on dénonce et punisse ceux qui n’étaient pas Charlie, et enfin le triste Matthieu Croissandeau de l’Obs, le directeur qui a 80% de sa rédac contre lui. Un parterre de valets qui a rempli son rôle de social-traîtres.
Les invités (dont Jérôme Fourquet de l’IFOP, un institut de sondages vachement indépendant du pouvoir) avaient tous une dent oligarchique contre Mélenchon et sa troupe, alors que ces derniers ne bousculent pas vraiment l’ordre établi. Mais ce faisant, ces propagandistes médiatico-politiques installent (sans le savoir, ils sont trop intoxiqués pour cela, et font là où on leur dit de faire) la France insoumise dans le fauteuil d’opposant numéro 1, place piquée au FN qui a pourtant raflé plus de voix populaires. C’est une bonne petite ingénierie qui nous fait prendre les vessies de la France insoumise pour les lanternes de la libération…
Eh oui, il faut se méfier de tout, en politique, un piège en cache un autre, et l’oligarchie en a toujours un d’avance.
Nous achèverons cette chronique nauséabonde par ce merveilleux tweet de MacDonald’s France, la multinationale qui exploite nos étudiants pauvres sans payer trop d’impôts chez nous, Macdo qui souhaite une bonne rentrée à tous les analphabètes. C’est vrai qu’analphabétisme rime avec américanisme.
Scandaleuse page de pub de mac Do dans Le Parisien ce matin de la rentrée scolaire !Bon courage pour le cours d'orth. pic.twitter.com/CSCXBMjmKI
— Sophie de Menthon (@SdeMenthon) 4 septembre 2017