Raquel, qu’est-ce que tu nous fais, là ? Raquel, la combattante révolutionnaire de la France insoumise a oublié de déclarer ses revenus 2016 au printemps 2017, comme tout bon contribuable français, parce que, dit-elle :
« Les avocats doivent déclarer leurs revenus aux organismes professionnels chaque année, vers avril-mai. Cette année, il y avait un événement majeur de la vie démocratique de notre pays qui se déroulait à ce moment-là qui a capté toute mon attention… »
En vérité la Caisse nationale des barreaux français (CNBF, rien à voir avec les fumeurs de cigares) demande 32 215 euros à l’insoumise – la somme avancée par le Canard enchaîné – sur la base d’un revenu estimé, c’est la norme quand on ne déclare pas, ou une moyenne, de 300 000 euros par an. Raquel déclare ne pas avoir gagné autant, et tient à régulariser sa situation. Bref, une tempête force 1 dans un verre d’eau tiède.
Ceci étant dit, cette pseudo-révélation du Canard révèle autre chose : les avocats ne sont pas tous riches, la plupart rament pour payer leur dû à la collectivité, et beaucoup sont en retard ou en défaut de paiement. Oui mais le Canard assure que déjà, en 2016, tata Raquel n’avait pas payé ses Urssaf. C’est embêtant.
Élevons un peu notre vue : pourquoi le Canard s’acharne-t-il sur Garrido et, par ricochet, sur la France insoumise et Mélenchon ? Y aurait-il demande supérieure ? Le Canard ferait-il le sale boulot de délation pour une autorité non visible ? On n’ose le croire... tant le Canard incarne la déontologie, l’honnêteté, la probité, la pureté et la bienséance.
- Ne jamais mettre une Garrido en colère
Heureusement pour les Insoumis – on est bien obligé de les appeler comme ça puisqu’ils se sont eux-mêmes appelés comme ça – une énorme bonne nouvelle vient chasser la mauvaise petite de tata Raquel : Le Média est sorti ! L’inauguration a eu lieu mercredi 11 octobre 2017 à 20 heures, hier soir, en grandes pompes et avec du beau linge ! Bon, c’est pas le dîner du Siècle ni une partouze au Bilderberg, ça sent plutôt la MJC version PS avec deux trois hipsters en vitrine mais c’est pas mal question name-dropping (expression américaine qui évite de dire « liste de personnalités »).
On va vous dire la vérité : on n’a pas tout regardé. On a appuyé sur le petit triangle blanc en bas à gauche pour passer plus vite : la fête à la MJC des mélenchonistes durait 2 heures 45 minutes et 55 secondes, et hier soir, il y avait un épisode de Plus Belle la vie au même moment. N’empêche qu’on a pu voir Bruno Gaccio au micro, avec Gérard Miller en costard (la panoplie pour une levée de fonds ?), Aude Lancelin rayonnante avec sa coupe d’épouse de gentleman farmer, et surtout, surtout, resplendissante, la Chikirou en tunique pour aller en boum :
- On rêve pas, la meuf du taulier est en train de faire une quenelle à 29’24 !
« Aucun milliardaire ne pourra venir demain poser sur la table 50 milliards d’euros – parce que c’est ce qu’on vaudra demain – et nous dire “j’vous achète maintenant vous êtes à moi je vous mets à ma sauce”, c’est un peu ce que Bolloré a fait »
Ne nous moquons pas ! L’initiative média-alternative est louable, et on souhaite bon vent à leur nouveau navire. Enfin, nouveau, c’est un grand mot. Car quand on a Gérard Miller, le commissaire politique trotsko-mondain dans le tas, on ne peut pas parler de nouveauté ni même d’alternative, les trotskards ayant toujours infiltré, de gré ou de ruse, les médias dominants. Faut dire qu’ils sont si compatibles avec le libéralisme... À la limite, pourquoi noyauter ?
Foin de jalousie, Le Merdia coûtera 5 euro par mois à chaque « socios » (on sent l’influence du Barça) qui aura droit, tenez-vous bien, à publier sa propre vidéo et à avoir son nom dans le générique !
Soit le média à l’envers, celui où tu payes en plus du boulot gratos que tu fournis. On en profite pour faire un appel aux plumes, si l’envie d’écrire vous prend, envoyez-nous vos infos, si jamais vous avez envie de devenir des parias chassés de partout par les banques et les réseaux, la justice et les services, tout ce qui sert à faire chier les vrais révolutionnaires... Parce que Le Merdia, soutenu par Patrick Pelloux, transfuge de Charlie, charpenté par la dissidente Aude Lancelin de L’Obs, ou Gérard Miller de chez tata Ruquier, c’est un peu faire du vieux avec du vieux.
On terminera cette note de jalousie maladive avec la voix off de la bande-annonce du journal en ligne :
« Tremble Bolloré, méfie-toi Martin Bouygues, y a bibi qui s’invite à la table »
À l’heure où l’on écrit, Martin Bouygues est en train de déguster une « truite sauvage en papillotes de chou croquant et ventrèche de Noir de Bigorre, sauce Pacherenc » au Club des 100, qui réunit autant de fins gourmets de la planète Oligarchie, et Bolloré est en train de dégraisser Canal pour le revendre à Orange (Canal à l’Orange). « Bibi » risque de faire pâle figure à côté de ces ogres...
On s’extirpe de ces deux troustafanas de privilégiés pour retourner dans la fange nauséabonde du populo souffrant. Macron, notre Caligula à nous, vient d’annoncer une nouvelle extraordinaire : les employés français qui démissionnent pourront toucher des allocations-chômage ! Et la cerise sur le gâteau présidentiel, c’est que des professions jusque-là non concernées par les indemnisations, comme les professions libérales et les agriculteurs, y auront droit ! C’est la méga grande réforme du quinquennat ! Vive Macron ! Vive l’Empereur ! On pourra changer de boulot plus facilement sans avoir peur de rien toucher en démissionnant !
Sauf que. Sauf que ce royal cadeau d’« assurance-chômage universelle » va coûter la bagatelle de 8 à 14 milliards sur un an, et que l’argent, eh ben, y en a plus (à part pour les organismes financiers qui nous pompent avec la dette, mais on va pas parler des choses qui fâchent un jour de si grande nouvelle pour les pauvres). Et où on va le trouver le fric ? C’est simple, et ça ressemble au coup de bonneteau de la disparition de 80% de la taxe d’habitation pour les Français où ce sont d’abord les services publics qui vont fondre, puis les petits propriétaires qui vont payer, puisque les grands ne payeront plus l’ISF, ou alors pourront se débrouiller pour y échapper.
C’est ainsi que logiquement, la durée d’indemnisation pour tous devrait dégringoler, à l’anglaise, peut-être jusqu’à un maximum de 6 mois.
Conclusion : vous aurez 6 mois pour (re)trouver un job, sinon on risque d’en trouver un pour vous, et ce ne sera pas le plus beau job du monde, genre vendeur de saucisses à un troupeau de miss France sur une île déserte...