Généralement, une cérémonie de récompenses couronne une année entière de performances dans une spécialité donnée. Mais les adeptes des revirements honteux s’étant surpassés ces derniers jours, il est apparu impératif de saluer leur duplicité sans attendre. Et les nommés sont…
Joe Biden dans Le Grand Pardon
1er décembre 2024. Le premier contorsionniste à entrer en lice n’est pas le moins prestigieux, en la personne de Joe Biden. Pantin trépané d’un système chancelant, le meilleur ennemi des enfants et éternel serviteur de l’establishment aura donné du grain à ses critiques jusqu’à la dernière minute. Malgré l’annihilation avancée de ses facultés cognitives, Joe s’est en effet offert une sortie de piste pleine de panache. Régulièrement interpelé au sujet du PC de son fils Hunter durant son mandat, le 46e président des États-Unis avait toujours crié à l’intox, reléguant les déviances du fiston – abondamment documentées et rigoureusement authentifiées – au rang de fake news complotiste. Sûr de lui, Joe avait même juré qu’il ne lui accorderait aucune grâce présidentielle. Puis, se profilèrent le mois de janvier, la crainte d’une inculpation et la perspective de voir Junior récupérer la cellule de Dominique à Rikers. Joe l’a donc pardonné lui, le reste de la famille et quelques potes en passant [1]. À la grande surprise de personne. Pas si sénile finalement.
Marck Zuckerberg dans Censure-les demain
10 janvier 2025. Le second retournement de veste notable est à inscrire au palmarès déjà copieux du voleur d’application/receleur de données le plus célèbre de la Silicon Valley : Marck Zuckerberg. Venu présenter sa dernière mue chez Joe Rogan, Zuck en a profité pour revenir sur la folle période du covid. Avec la désinvolture d’un quarterback pris la main dans une cheerleader, le boss de Facebook a reconnu volontiers les pressions exercées sur ses équipes par l’administration Biden, afin d’exagérer la pandémie et faire taire les voix dissidentes. Abattant avec angélisme la carte de l’innocence corrompue, Zuckerberg a assuré avoir censuré sous la contrainte et dit se placer désormais en gardien de la libre expression [2]. Si réécrire l’histoire est toujours une prouesse en soi, s’y donner le meilleur rôle est la marque des élus. Et Mark en fait résolument partie. En phase avec son look de surfeur attardé, il réalise donc ici l’un des 180 degrés les plus audacieux de l’histoire. Chapeau l’autiste.
Julien Dray dans Touche pas à ma Patek
13 janvier 2025. La troisième manœuvre de lâche de ce début d’année est à mettre au crédit, lui aussi copieux, de l’illustre Julien Dray. Cet homme rond et souvent hors d’haleine a mis sa vie au service de la lutte antiraciste en diabolisant le regretté Jean-Marie Le Pen. Car sous la peau grasse et les chairs molles, il y a un cœur vaillant qui n’a jamais su tolérer la résurgence de la haine. Titulaire d’un droit exclusif à son entretien, Julien a passé le plus clair de son précieux temps à maculer les micros tendus de ses épanchements sans-frontiéristes. Fondateur de l’association de sauvegarde du racisme en France, Juju l’horloger a chanté avant tout le monde les louanges de la diversité africaine et la culpabilité du peuple français indigène [3]. Aussi a-t-il surpris ses supporters ce mois-ci, à courir les plateaux pour condamner le vilain Hamas, la méchante Rima et la soudaine aversion de ses banlieues chéries pour son Israël adoré. Une volte-face de pourceau paniqué comme Bruno sait les apprécier.
Snoop Dogg dans Trump : The Nigga I sed to Hate
20 janvier 2025. Après Dray, place à Snoop. Le rappeur de Long Beach a très longtemps incarné ce qui était cool dans la culture noire américaine, en particulier pour les esprits blancs influençables que le ghetto faisait fantasmer. À l’aise en studio comme en homme-sandwich aux JO, Snoop Dogg a traversé les trente dernières années en conservant une cote de sympathie maximale, chose singulière dans l’entertainment US ces temps-ci. Mais à force de toucher à tout et n’importe quoi, le chien s’est piqué à la politique. Et, immanquablement, cette icône de l’ancienne contre-culture qu’était le rap est venu aboyer son couplet de haine réglementaire à la face de Trump. Il a ainsi mis en scène l’exécution de l’homme que le Système déteste [4], avant de déclarer « nègre de maison » tout Noir qui lui témoignerait le respect minimum. Par conséquent, voir Snoop se trémousser tout sourire derrière les platines pour l’investiture de Trump fut un contre-pied inattendu, qui confinerait presque au reniement personnel. À moins que se faire retourner soit le dernier pas à la mode à L.A.
Didier Bourdon dans Antivax, mon amour !
26 janvier 2025. Le cinquième et dernier représentant de la guilde des faces réversibles n’est autre qu’un ancien grand de l’humour tricolore : Didier Bourdon. Comme nombre de semi-célébrités à l’époque, le dodu Didier s’était mis en tête d’expliquer à la plèbe la manière de bien penser le covid. Il avait alors rapidement trouvé le monde trop étroit pour les vaccino-sceptiques et les gens de son poids [5]. Hélas pour lui, quand il fallut repartir au turbin, Bourdon ne parvint à convaincre le blaireau moyen d’aller goûter ses navets. Comprenant alors l’intérêt stratégique de ne pas dévoiler publiquement le dégoût que lui inspiraient les gens qui le nourrissent, l’Inconnu a revu sa copie. Il a déploré un malentendu bien regrettable, survenu dans une période de troubles peu propice au dialogue. Mieux, il a asséné, avec la fermeté d’un poulpe anémié, sa méfiance historique vis-à-vis du vaccin et son admiration pour les moutons récalcitrants ; tout en se disant victime d’un possible complot. Délire dans la salle.
ET LE GAGNANT EST...
Par pur sexisme. En défense de la sainte phallocratie que nous révérons tous. Je ne développerai pas.