Avant même l’assassinat de Charlie Kirk le 10 septembre dernier, le microcosme de la droite conservatrice était en ébullition outre-Atlantique. Les figures emblématiques du mouvement ont en effet passé le plus clair de l’été à s’entre-déchirer quant à Trump et son bilan, consommant un divorce que beaucoup savaient être inévitable. Or une fois la poussière retombée, un homme s’est élevé entre tous : Nick Fuentes. Retour sur le couronnement du nouveau champion de la far right anti-establishment.
En couverture du New York Times
Le 9 septembre dernier, Nicholas J. Fuentes accomplissait l’impensable : obtenir les honneurs d’un portrait dans le New York Times [1], si tant est que la notion puisse encore être valablement associée à cet outil de propagande mondialiste à gros tirage. Propriété de la famille Ochs-Sulzberger, dirigé par Joseph Kahn, le quotidien philosémite a en effet surpris nombre de ses lecteurs en consacrant sa une et un article plutôt flatteur au natif de Chicago, malgré les positions ouvertement judéophobes de ce dernier. Un tour de force encore impensable il y a quelques mois, qui a tout de la consécration pour celui que le système, les gauchistes et une partie de l’alt-right elle-même ont essayé d’ignorer puis d’anéantir ces dix dernières années. Mais comment le petit Nicholas a-t-il su tirer son épingle du jeu, au milieu des Candace Owens, Tucker Carlson, Charlie Kirk, Ben Shapiro, Matt Walsh et consorts ?
- Problème futile ou solution finale ?
Une vie de résilience
Afin de se survoler la mêlée grouillante des influenceurs politiques américains, Nick a dû faire preuve d’une ténacité qu’aucun de ses congénères ne saurait décemment revendiquer. Comme déjà souligné par le premier site de réinformation de France dans un précédent article [2], Nick écourta volontairement son cursus à l’université de Boston pour dénoncer, insupportable qu’elle lui était, l’emprise d’Israël sur les institutions de l’Oncle Sam. À la radio d’abord, puis dans les journaux et enfin sur les réseaux, il mena une critique constante du lobby sioniste, à la manière d’un Pat Buchanan dans les années 80. Il se vit immanquablement interdire toutes les plateformes médiatiques accessibles au commun des mortels et endura, seul et sans appui, les persécutions et privations de droit (assignations en justice, interdictions bancaires, restrictions de mouvement, bannissement des réseaux…) que le Système sait réserver à ses opposants. Cela le tint longtemps éloigné du grand public… jusqu’à la reprise de X par Elon en 2022.
Un tonitruant retour aux affaires
De retour sur l’appli phare en mai 2024, Nick et les clips tirés de ses livestreams devinrent instantanément viraux. Twittos de la Gen Z et tiktokeurs de la Gen Z se prirent de passion pour ses longs monologues sans filet, où étaient égratignées les élites et minorités qu’on leur disait intouchables. Une tornade inattendue qui a soufflé tout ou presque sur son passage, y compris dans l’entre-soi de la droite conservatrice connectée ; au point qu’on s’y sentit contraint de contenir le phénomène. Ainsi, après avoir tenté de minimiser l’ampleur de ce dernier, les noms les plus en vogue du milieu y allèrent de leurs saillies plus ou moins subtiles pour discréditer Fuentes. Comme leurs adversaires, ils lui reprochèrent son usage décomplexé des mots interdits, sa préférence assumée pour la race blanche, son aversion des religions non chrétiennes et ses vœux de remigration pour qui déambule sur le sol ricain sans être d’ascendance européenne. En un mot, d’être trop droitard pour les droitards eux-mêmes ; à quelques rares exceptions près.
- Nick chez Sam Hyde, l’une de ces exceptions
Une mise au pas de la droite conservatrice
Qu’importe. Pour atteindre les sommets qu’il occupe désormais, Nick ne s’est guère soucié de heurter les sensibilités, chez l’adversaire comme chez ses pairs. Au contraire, il n’a pas hésité à froisser frontalement quiconque dans son camp lui paraissait indigne de confiance ou coupable de collusion. Ainsi, durant un été 2025 qualifié de « generational run » (« épopée générationnelle »), le leader d’America First a étrillé sa concurrence comme un maquereau expérimenté l’eût fait de tapineuses débutantes. En deux mois, il a dévoilé les liens nébuleux de la famille Carlson avec la CIA, dénoncé la fiabilité factice de Candace Owens, critiqué l’aveuglement de Charlie Kirk vis-à-vis d’Israël, tancé la duplicité de Ben Shapiro au profit du même État, laminé la pitoyable tentative de retour aux affaires de l’indic inverti Milo Yiannopoulos, ridiculisé l’inconsistance confessionnelle du lacrymal Jordan Peterson et raillé la judéo-servilité de l’indomptable Matt Walsh au média sioniste Daily Wire. Une bataille royale seul contre tous dont Fuentes est ressorti sans une égratignure.
Une leçon aux cadres du parti trumpien
Mais la performance de Nick ne s’est pas cantonnée au petit monde des podcasteurs républicains, tant s’en faut. Durant la saison estivale, Nick a également marbré les membres de la garde rapprochée de Donald Trump qu’il jugeait trop suspects. Et comme souvent avec lui, les coups ont marqué les corps et les esprits. En l’occurrence, après avoir détaillé les trahisons du décevant président lui-même – pas assez d’expulsions par rapport au nombre de visas H1B délivrés, poursuite des guerres en Ukraine et en Palestine occupée, liste des clients d’Epstein évaporée… – , Nick s’en est pris à JD Vance. Il est notamment revenu sur son incompréhensible ascension au sommet du pouvoir US et a dévoilé son suspect chaperonnage par la sulfureuse Palantir et son patron aux allures de goule luisante obsédée par l’Antéchrist [4]. Un franchissement de ligne jaune qui a poussé Elon himself à voler aux secours de ses maîtres pour désigner Fuentes comme infiltré… et qui a valu au patron de Tesla une de ces mises à l’amende concises et carrés dont Little Nicky en a le secret.
Une reconnaissance désormais globale
La dimension internationale de l’impact de Nick complète enfin son triomphe. Son avènement, objectivement incontestable en Amérique du Nord, en a en effet largement dépassé les limites. L’observateur inattentif pourrait penser ses logorrhées circonscrites aux seuls sujets impliquant les États-Unis. Mais l’analyse révèle qu’elles franchissent aussi allègrement les frontières de son pays que les Latinos escaladent le mur en gruyère de la frontière texane. Qu’il soit question de l’Asie, de l’Europe ou de l’Afrique, Fuentes a un avis sur tout, qui dépasse de loin les simples considérations habituellement associées à ses concitoyens. Sa palette de connaissances larges et variées, soutenue par un sens unique de la formule et des vertèbres en acier, a fait florès sur la toile ; de sorte qu’apparaissent désormais des mini-Fuentes aux quatre coins de la carte. Une influence qui se mesure forcément en chiffres : Nick revendique aujourd’hui plus de 900 000 abonnés sur X, un an seulement après son retour.
Une révolution paradigmatique
À ce stade, il faut prendre la pleine mesure du changement en train de s’opérer. On parle souvent de la fenêtre d’Overton pour évoquer ces ignominies qui deviennent progressivement acceptables dans notre société, à mesure que les tragédies, les outrances et les législations d’exception se succèdent. Or une fois n’est pas coutume, la fenêtre se déplace au bénéfice des réfractaires, des dissidents et des insoumis. Comprenons qu’avec la reconnaissance de Nick Fuentes comme figure – certes dangereuse mais incontournable – de l’arène politique, on normaliserait presque une personne indiscutablement vouée aux gémonies il y a encore deux ans. Pour mémoire, Fuentes est accusé d’être antisémite, raciste, xénophobe, suprémaciste, grossophobe, eugéniste, judéophobe, misogyne, ségrégationniste, LGBTophobe et négationniste ; ce qui devrait lui valoir un crédit social de – 6 000 000 sur l’échelle Haziza-Traoré-Trogneux. Et malgré cela, Nick reste droit et se voit de plus en plus souvent invité au débat [5].
Un nouveau statut admis de tous
Signe évocateur s’il en est, les gens censés haïr ce qu’incarne Fuentes lui reconnaissent désormais son nouveau statut. Des commentateurs comme Patrick Bet David, pourtant tremblant à l’idée de recevoir Nick sur son plateau, admettent qu’il est impossible de nier son influence politique sur la jeunesse. Steve Bannon, cible régulière de Fuentes pour les financements opaques de son canard Breitbart, a lui aussi adoubé Nick comme la vraie force vive de l’alt-right. Plus significatif encore, on ne compte plus les influenceurs afro-américains – Myron Gaines, Royce White, les jumeaux Hodgett… – qui valident les analyses au vitriol de Nick sur la communauté noire, malgré l’emploi régulier qui y est fait du terme « nègre ». Enfin, les influenceurs libéraux eux-mêmes, pourtant acquis aux thèses progressistes du Parti démocrate, ont rejoint dernièrement la chorale et chantent les lèvres pincées l’intronisation de Fuentes au panthéon des fascistes à éliminer.
- L’homme à abattre, au propre et au figuré
Une figure dans le viseur
À dire vrai, l’idée que Nick soit au centre du viseur n’est pas qu’une simple figure de style. Après que son adresse fut doxée sur Reddit, Fuentes fit la désagréable expérience d’une tentative de meurtre – certes maladroite et impréparée – en décembre dernier. L’affaire résonne différemment depuis la mort de Charlie Kirk, fauché par une balle dont on ne sait dire avec certitude qui de la CIA ou du Mossad l’a percutée. Elle rappelle en effet les risques réels de l’insoumission authentique et avertit quiconque souhaiterait en porter le flambeau que le prix à payer s’en acquitte souvent par le sang. Ironie du sort et ultime preuve du piédestal sur lequel Nick se hisse désormais, les médias mainstream ont indirectement tenté de lui mettre sur le dos l’assassinat de Kirk, en faisant passer le soi-disant tireur pour un Groyper (surnom des fans de Nick) [6]. Une ultime bassesse par laquelle la Machine, désespérant de disqualifier un de ses plus féroces adversaires, annonce l’imminence du combat final.
- Altérités alliées
Mais comme Charlie avant lui, Nick semble prêt pour la dernière partie.
Nota bene : Je vais avoir le bonheur et le privilège d’entrer dans les voies sacrées de la paternité. Celles-ci devraient hélas me tenir éloigné de mon clavier pour une durée indéfinie. Ne sachant quand je vous retrouverai, je profite de l’occasion pour vous remercier de m’avoir lu et commenté ces trois dernières années. À très bientôt, j’espère. Pax.