Au foot, le retourné acrobatique est un exercice dangereux : si tu te plantes, c’est la honte et le dos pété. Mais si tu réussis, c’est la gloire éternelle : ton nom s’inscrit direct au firmament des footeux.
La beauté du geste, la prise de risque, la transformation d’un centre douteux en but improbable, l’éclair de génie, tout ça met les foules à genoux, le buteur est un dieu. Il a fait ce que les autres ne savent ou ne peuvent pas faire, il s’envole à l’envers alors que les autres restent plantés au sol, dans la glaise, c’est surréel et réel à la fois.
On a trouvé ça en illustration, y a pas que des retournés acrobatiques, y a aussi des gestes venus de nulle part :
En politique, le pendant du retourné acrobatique, c’est l’inversion accusatoire. Parfois ça marche, disons un temps, mais quand ça marche pas, c’est la honte au carré, la chute désastreuse. C’est ce qui est arrivé à Finky quand il a tenté une shoah sur le 7 Octobre en niant – c’est un négationniste ! – le génocide des Palestiniens.
On a zappé le verbatim du Figaro TV parce qu’il n’y a que chez nous qu’ils sont précis.
« Quoi qu’on pense de la riposte israélienne, le mot de génocide est fou. Pour qu’Israël arrête, il suffirait que le Hamas dépose les armes et libère les otages.
Est-ce que les juifs ont jamais eu un choix pareil ? Est-ce qu’on a vacciné les juifs du Ghetto de Varsovie ? Alors que tous les enfants de Gaza ont été vaccinés.
Ce terme de génocide est ignoble mais il permet justement de nazifier les juifs, de leur faire perdre tout leur crédit victimaire, de dire qu’ils sont passés dans le mauvais camp, ils sont des bourreaux et donc ils sont eux-mêmes des nazis et des racistes.
Donc c’est ça si vous voulez ce qui caractérise l’antisémitisme de ce temps, c’est que c’est un antiracisme, et comme c’est un antiracisme, il est inculpabilisable. »
« Quoiqu’on pense de la riposte israélienne, le mot de génocide est fou, ignoble. Il permet de nazifier les Juifs, de leur faire perdre leur crédit victimaire et ainsi les faire basculer dans le camp des bourreaux », s’inquiète Alain Finkielkraut. pic.twitter.com/gxGA3E8iUX
— Le Figaro TV (@LeFigaroTV) October 24, 2024
Finky, bête noire des antiracistes
Honnêtement, de la part de Finky, plus rien ne nous étonne. Au fond, on l’aime bien parce que c’est un fan de foot et un vrai supporter, bien chauvin et raciste. Naturellement, l’équipe israélienne est tellement médiocre qu’il doit rabattre son nationalisme sur les Bleus, mais la négrification (terme autorisé par Senghor) de l’équipe de France le désole. Nous, du moment qu’on gagne, on s’en fout. En fait, la négrification des Bleus est un phénomène social : chez les pauvres, qui sont issus des cités noires et arabes, parsemées de quelques petits Blancs, on joue au foot (et au basket), on ne fait pas d’escrime ni de cheval. Vous avez déjà vu un Noir à cheval dans une compète ? Bon.
Oui, Finky avait objectivement raison quand il a parlé d’équipe « black-black-black », mais vous avez vu les titres ? Avant, on avait une équipe blanche-blanche-blanche et on ne gagnait rien, ou presque, sinon le prestige du perdant magnifique. Désormais, depuis 98, il y a deux écoles : l’école réaliste – on est doubles champions du monde (2018, 1998), doubles vice-champions du monde (2006, 2022), champions d’Europe (2000, 1984) et vainqueurs de la Ligue des nations (2021) – et l’école identitaire, qui préférerait perdre avec les Blancs, comme aux échecs.
Regardez le Real de Madrid : autrefois équipe la plus blanche du monde, club et supporters les plus racistes du monde (le Real est droitiste, le Barça gauchiste), et aujourd’hui, sans Camavinga, Mbappé et Vinicius, ça devient une modeste équipe de Liga. Les supporters madrilènes, pourtant racistes comme pas deux, ne voient plus des Noirs mais de grands joueurs. C’est un fait ! Le maillot merengue a blanchi les Noirs du Real !
Pour en revenir à Finky, qui n’est pas philosophe [1], son inversion acrobatique s’est donc mal terminée. Qu’est-ce que ça peut lui foutre de reconnaître le pogrom du 7 Octobre et le génocide qui a suivi ? Il gardera son émission sur France Cul, ses invitations dans la presse et l’édition malgré son racisme identitaire, l’amour inconsidéré de sa groupie Élisabeth, et puis il montera dans les sondages des réseaux sociaux. Mais non, faut qu’il s’entête dans le déni et la négation d’un type de 50 de QI. Voilà le problème d’une idéologie foireuse : même si t’es brillant, t’es obligé d’être complètement con.
Nous, chez E&R, on a la chance de devoir dire des trucs pas cons, même si on n’est pas toujours très intelligents !