Dans le nouvel opus de Tarantino, pas de big boss nègre donnant des ordres à ses serviteurs blancos. Pas non plus de « club des cinq » juif liquidant le Reich de notre Führer bien aimé. Pas de salopes vengeresses suspendant des attributs virils de mâles caucasiens à leur ceinture. Non, rien de tout ça. Beaucoup mieux : Hollywood, la matrice de la Bête.
- Hollywood : beaucoup d’appelés, peu d’élus (sur cette photo, seul Prince a percé)
Amateurs de 69, année érotique, bienvenue, vous allez adorer cette grosse machine qui autorise toutes les lectures. Ou aucune c’est comme vous voulez. Les érudits reconnaitront la silhouette de Mama Cass se trémoussant au bord d’une piscine. Les zoophiles seront émoustillés en croyant reconnaître le faciès de Yoko Ono attribué à Suzan Atkins, une tueuse. Ressemblance fortuite ou private joke ? Qui sait ? Pour le commun des spectateurs, il y aura de la frime et du crime comme d’habitude.
Au fil d’un scénario désinvolte et plat, des personnages hauts en couleur apparaissent tels des lapins jaillis de la kippa d’un illusionniste... Puis sont jetés. Aucune importance... Ils étaient importants ? Il ne le sont plus. Le show-must-go-on c’est le seul point kapital.
Les scènes sont malignes, les costumes, l’ameublement des maisons, les restaurants, les caravanes sont esbroufants. Oh ! Un beau drive-in ! Au menu, une grande dépense d’humour, d’émotions variées, de kitsch, de vintage, de tout et n’importe quoi, du premier, du deuxième (et bien plus) degré. Est-ce de l’ironie, du sardonisme, du pathétique ou de l’esthétique ? La raison, classique ou moderne, est morte donc on s’en fout ! Tarantino n’a de compte à rendre qu’à ses maîtres. Les enjoliveurs de la Dodge Polara Sedan 1964 qui passe dans le fond sont d’origine.
Bref, la cervelle de Tarantino est un intestin et ce film une déjection sans esprit.
Révisionnisme : les studios de la Paramount ont-ils vraiment existé ?
À part ça, avec ce nouvel « effort », le génie donne libre court à son penchant, le révisionnisme.
L’histoire se déroule en 1969 à Cielo Drive, rue fameuse de Los Angeles entrée dans les annales du crime par un carnage de boys-scouts. En comparaison de nos bains de sang contemporains, les exploits de la Manson Family sont des querelles d’esthètes. Tout en traitant son sujet, Tarantino ne trouve rien de mieux que de dédouaner discrètement (finaud, le Quentin, il n’oublie jamais la montagne d’or en jeu) le brave Roman Polanski. Il le fait par une scène où une jeune fille splendide se jette sur la braguette du cascadeur Brad Pitt. Le héros lui demande aussitôt sa carte d’identité afin de vérifier son âge. Sinon pas question de dégainer ! C’est si simple.
- "L’entrée des artistes" (Oeuvre attribuée à Roman Polanski)
Et pourtant ! Il y avait un grand film à faire avec ce matériau – la dark side du bizz.
Flash-back... 24 mars 1977, Samantha Geimer, alors âgée de treize ans témoigne devant un procureur. Elle évoque le moment où Polanski, sans doute distrait, a oublié de lui demander ses papiers. Juste après qu’il lui ait fait boire du champagne pour accompagner le puissant médicament qu’il lui a administré :
« Je pense qu’il a dit quelque chose comme... juste après que j’ai dit que je ne prenais pas la pilule... juste avant il a dit : "Oh ! Je ne viendrai pas en toi alors" [...] Puis il m’a levé les jambes et il est entré par mon anus. »
Treize ans... Mais Tarantino ne nourrit pas ses personnages de Lolita avec ce genre d’histoire. Polanski aurait du respecter une discipline teutonne : « Papier ! Bitte ! Blietzkrieg ! » Et basta !
Autre exemple du révisionnisme tarantinesque : voici un magnat – un certain Schwartz – bien campé par Al Pacino. Croyez-vous que notre cinéaste qui a joui de la vie, pendant de longues années, aux côtés de son pote Harvey Weinstein, nous fasse profiter, rien qu’un peu, du fruit de son expérience ? Tiens, mon ami goy, déguste : dans Il était une fois, son producteur hollywoodien est un homme posé, aux conseils avisés. Une fois sa sagesse dispensée, gratuitement, il rentre à la maison sans faire étape chez une salope de starlette allumée de la chatte. Arrivé à bon port, il comate devant des séries télé en compagnie de sa brave vieille épouse. Mazel Tov ! Soit Tarantino est atteint de déficience intellectuelle, soit il y a un problème de perspectives et de morale...
Le réalisateur s’occupe avec la même décontraction du méchant Charles Manson. Pas de surprise : Polanski c’est à peu près okay. Manson c’est pas okay du tout. Et, mine de rien, Tarantino s’institue vengeur de la communauté hollywoodienne, cette caste qui ne pardonne pas, surtout à un allumé white-trash, les crimes de lèse-majesté qu’il n’a pas commis la nuit du 9 août 1969. Œil pour œil, dent pour dent, pas vrai ?
Charles Manson : le temps est venu de le réhabiliter
Tarantino est un employé modèle de la domination oligarchique. Comme ses patrons, il fait ce qu’il veut. Donc s’il vous dit que Bruce Lee était un niakoué un peu tarlouze, il faut répondre « amen ». Ressuscité, le Petit Dragon le tartinerait sévère, tout en passant un coup de fil, avant même que le gros n’articule la première syllabe de « moteur ! ».
Dans cette logique culturelle où la vérité est accessoire, il n’y a plus de comptes à rendre. Pourquoi ne pas réhabiliter Charles Manson ?
- Charles Manson : sa fantaisie d’artiste et ses mises en scène choquaient le Tout-Hollywood. (Illustration originale : Guada)
Certes, Charlie n’était pas un ange et on peut penser qu’il n’ira pas au paradis. (Cette phrase est une référence « vintage » à Gilbert Bécaud... Oui, moi aussi, je peux user du procédé favori de Tarentino.) Il faut le redire, Manson n’a jamais fait couler de sang, pas même sodomisé deux fois de suite une gamine, le tout au bord de la piscine de Jack Nicholson. Mais lui n’avait pas les moyens de se payer un cabinet d’avocats et de s’exiler en France. Il a pris perpète pour une présence furtive sur une scène de crime. De nos jours – autres temps, autres mœurs – on peut violer et éviscérer une blondinette et sortir du tribunal avec un bracelet et un livret récapitulant les codes de séduction du pays d’accueil.
Le prétendu monstre était poète et musicien ! Faites le test : passez en musique d’ambiance de votre barbecue entre amis les « maquettes » de Charles Manson. Une atmosphère conviviale va vite se mêler aux odeurs de saucisses grillées.
Les enregistrements de Charlie valent bien les albums de Devendra Banhard, de Will Oldham, de Smog, de Daniel Johnston, tous des as de la musique folk « lof-fi » contemporaine. On ose à peine imaginer le bel album que le gentil gourou aurait sorti après quelques répètes sérieuses avec les musiciens de ses copains, Neil Young ou Dennis Wilson. Probablement un chef d’oeuvre supérieur aux historiettes de pianiste dépressif filmées par le nain de Cracovie.
Charlie aurait dû bosser ses chansons. Il en avait même placée une, bien avant le carnage de Cielo Drive, sur le nouvel album des Beach Boys, les dieux de Good Vibration. Manson avec son... heu... Cease to Exist (rebaptisé Never Learn not to Love)... leur apportait, disons, une autre sensibilité. Mais Charlie a commis l’erreur de prendre un peu de repos avec une bande de chouettes petites poulettes. Son goût pour le dialogue et une force de conviction remarquable ont fait le reste. Au vue des rapports d’autopsie, il semblerait que son entourage – Charles Watson, Patricia Krenwinkel et Susan Atkins – ait mal compris ses entretiens philosophiques.
Polanski, victime : il accuse
Retour dans Il était une fois... Hollywood. C’est bien sympa les gros plans sur les mocassins indiens de Brad... On patiente. La fichue reconstitution traîne en longueur, les proportions sont volontairement faussées... Ça commence à être pénible. Heureusement, le spectateur sait que ça va finir par une séance d’équarrissage historique. Il est grand temps que cette allumeuse en mini-jupe de Sharon Tate en prenne plein la gueule : le baquet de pop-corn est vide. Eh bien non ! Un artifice de scénario, lourd comme un wagon plombé arrivé à destination, nous prive de la surprise-partie espérée qui est tout bonnement niée. On frise la faurissonnade pop ! Rassurez-vous, il y aura quand même de l’hémoglobine millésimée. Le tiroir-caisse a ses règles qui ne sont pas celles des trois unités.
- Champagne, trou noir et douleurs rectales seront-ils à l’affiche du prochain Polanski ?
Décidément, Charles Manson et les savoureux dérapages de la Family méritent mieux qu’un Tarantino. Jim Morrison, témoin de cette époque, avait ramassé tout cela en un vers : Motel, money, murder, madness... Let’s change the mood from glad to sadness (« Motel, argent, meurtre, folie... que l’ambiance bascule de la joie à la tristesse »). On peut ne pas aimer The Doors mais LA Woman ne dépasse pas les six minutes.
Pour conclure sur une touche riante : notez que le sodomisateur franco-polonais va se livrer à sa pratique favorite dans les jours à venir. Il sort un film intitulé J’accuse.
Bonus : qui est la femme de Quentin Tarantino ?
Daniella Pick voit le jour le 21 novembre 1983 en Israël. Fille du chanteur et musicien Svika Pick, elle a une soeur prénommée Sharona.
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Côté vie privée, en 2009, elle rencontre le réalisateur américain Quentin Tarantino, alors que celui-ci fait la promotion de son film Inglorious Basterds, en Israël. Rapidement, malgré leur vingt ans d’écart, les deux artistes entament une histoire d’amour. Mais le réalisateur décide de rompre quelque temps plus tard. En 2016, le couple scelle ses retrouvailles. Le 30 juin 2017, Quentin Tarantino demande Daniella Pick en mariage. Le 28 novembre 2018, le couple se marie à Beverly Hills.
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