Yann Moix ! À l’écran, ce samedi 31 août, il a tout pour révulser l’honnête homme. Son faciès épais évoque tantôt un déficient intellectuel un peu illuminé, tantôt un monstre des cirques d’antan. Restons culturels face à la nouvelle formule encore plus obscène d’On est pas couché, : avant même d’ouvrir la bouche, l’invité, ex-inquisiteur médiatique, peut figurer au générique d’Elephant Man ou de Freaks (la Monstrueuse Parade) de Tod Browning.
Il n’est pas élégant de s’en prendre aux disgrâces physiques, aussi saisissantes soient-elles. Passons au choc de la semaine : la révélation du passé d’hypernégationniste de Yann Moix.
- Un écrivain, enfant battu, négationniste et judéophile
Il en a fallu des années pour qu’apparaisse en pleine lumière la source de ses comportements douteux ! Un temps que Moix a mis à profit pour accumuler les falsifications ordinaires (avec la collaboration active de Ruquier). Quelques-unes entre mille : 29 août 2015, Yann Moix, face à Houellebecq, traite Alain Soral, absent bien entendu, de – roulements de tambour... – d’antisémite ! Houellebecq, qu’il décrivait dès 2001 : « Un con intelligent. Un con très bon écrivain, mais un con quand même ». Mélenchon sera comparé à Pétain ! Autre hallucination moixienne : nous sommes le 18 novembre 2017, l’invité d’On n’est pas couché est l’ancien chroniqueur de l’émission, Aymeric Caron (oui, chez ces gens-là, on s’enc ... à tour de rôle). Définition du sionisme par Moix : « Il y a eu une utopie extraordinaire au XIXeme. C’est une des plus belles utopies de l’épopée humaine... ». À propos d’enfilage (de perles !) entre coquins, on attend toujours la réaction de Zemmour qui devrait se sentir concerné à divers titres : ancien chroniqueur vedette de l’émission, juif, nationaliste légendaire, protégé de l’établissement des médias et de l’édition.
- Le rêve de Moix : l’utopie devient réalité
Aujourd’hui nous savons que Moix a produit au moins un chef-d’oeuvre dans sa vie. Ushoahia, une revue négationniste qui accède au panthéon de la presse, quelque part entre La Libre Parole d’Édouard Drumond et Je suis partout. Après lecture, le public comprend mieux les questionnaires cinglants, les tabassages verbaux, les humiliations et le sadisme ordinaire du chroniqueur « juif marrane », selon ses propres mots. Un marrane un peu particulier quand même puisque, au début des années 90, il s’était formé, tout seul, à l’école d’une autre utopie extraordinaire : l’école du nazisme.
Logiquement sa méchante agressivité s’était exercée contre les juifs ! Sans doute aussi contre le faux juif qu’il n’était pas encore mais se promettait de devenir – oui, nous ne sommes plus très loin des domaines de la psychiatrie. Bref, Moix s’est livré à une violence inouïe contre tout un peuple, pourtant élu... uniquement parce qu’il est composé de juifs ! J’en pleure de joie...
Et admirez le marrane : il cachait sa vérité dans l’ombre de Bernard-Henri Lévy. Chapeau l’artiste !
Rétrospectivement, à la lecture de ces pages horrifiques, on tremble pour les migrants dont le martyr d’Orléans prend toujours la défense. Dans le secret de son cœur ne leur réserve-t-il pas les châtiments qu’il dessinait autrefois ? Nous attendons avec impatience le réquisitoire de Yann Moix contre l’égorgeur afghan de Villeurbanne...
- "Le juif, c’est le Messie. Et le Messie c’est le juif". Yann Moix, 10 février 2011 in La Règle du jeu (site dirigé par BHL).
Moix se rêve en héros de littérature. En Don Juan de Molière : séducteur de paysannes et jusqu’au bout rebelle, griffant la statue de son brave papa. Il n’a jamais rien fait d’autre que de remplir de bons offices tarifés. Tantôt dans le lupanar de Madame Ruquier – tout en bombant le torse au moment d’administrer la fessée aux clients –, tantôt dans le claque de madame Lévy...
Des artistes, des musiciens, des écrivains (de véritables, eux !), des essayistes ont souffert des morsures de l’histrion. Une certitude désormais les réconforte. La seule phrase de Moix qui passera à la postérité est : « Chacun sait que les camps de concentration n’ont pas existé ». Le reste de son œuvre est déjà déporté par un puissant courant de chasse d’eau.
Record battu !
Les limites du négationnisme ont-elles été pulvérisées ? Oui. L’objecteur ordinaire se borne à douter de l’existence ou des capacités techniques des « vous-savez-quoi ». Mais là, avec cette fulgurance, « chacun sait que les camps de concentration n’ont pas existé », Yann Moix va plus loin qu’aucun négateur avant lui. Bien plus loin que le Professeur Faurisson ! Moix est tout bonnement l’inventeur de l’hypernégationnisme.
En une seule phrase, il nie les rafles, les trains, la piscine d’Auschwitz, les miradors, l’ensemble du système concentrationnaire composé d’une constellation d’établissements variés et d’autant de mess des sous-offs. En quelques mots qui sentent la pourriture, il nie à la fois le traitement spécial réservé aux juifs mais aussi celui des combattants et des résistants de tous bords politiques, de tous sexes et de toutes nations. Hein ? Quoi ? Et les homosexuels ? Oui, je les oubliais... Par cette phrase, Yann Moix a aussi nié le martyr de quelques hommes précieux.
- Jusqu’au coeur de la tragédie... La fête !
Quelques questions pour une poignée de shekels
Bernard-Henri Lévy, « ce youpin dont le crâne n’a hélas pas été rasé par les amis d’Adolf » (copyright : Yann Moix) ! BHL était-il au courant de la véritable nature de son élève ? C’est évident. La propagande sioniste ne sélectionne-t-elle pas dès leurs premiers pas sur la scène médiatique des agents dressés à défendre les intérêts et l’image d’Israël ? Ces propagandistes au talent fabriqué ne sont-ils pas rendus dociles par la crainte d’un déballage public de leurs « dossiers spéciaux » ? Enfin ces « infiltrés » ne bénéficient-il pas de toutes les indulgences, de tous les pardons ? Bien sûr que si ! Quand il s’agit de sauver le soldat Moix, l’absolution révisionniste de maître Lévy ne se fait pas attendre.
Comparez les réactions compréhensives qui accueillent l’hypernégationnisme infantile de Moix avec l’hystérie et la censure qu’ont provoqué le gentil sketch du colon israélien de Dieudonné, ou la sortie cinglante d’Alain Soral à propos du peuple juif qui se ferait dérouiller tous les cinquante ans...
Soral, Dieudonné et tant d’autres réprouvés ont-ils jamais bénéficié, après leur mise en accusation, d’une chambre d’écho aussi spectaculaire et industrielle que On n’est pas couché ?
Il faut, hélas, répondre par la négation.