Vendredi 1er septembre, le parquet de Giessen, en Allemagne, a annoncé la mise en accusation d’un ancien gardien SS dont le nom est gardé secret, pour complicité de meurtres présumée au sein du camp de concentration d’Oranienburg-Sachsenhausen situé au nord de Berlin.
Si un procès a lieu à l’issue de cette mise en accusation, l’homme sera jugé par la chambre des mineurs du tribunal de grande instance de Hanau. En effet, son activité supposée au sein du camp de « Sachso » (d’après le diminutif donné par les prisonniers eux-mêmes) se situe entre 1943 et 1945, le camp étant libéré par l’Armée rouge le 22 avril 1945. Il avait donc moins de 21 ans au moment des faits qui lui sont reprochés. Il est accusé « d’avoir soutenu, en tant que membre des équipes de garde SS, la mise à mort cruelle et perfide de milliers de détenus ».
Une analyse psychiatrique réalisée en octobre 2022 a conclu que le vieillard était « au moins partiellement apte à subir un procès ». Ce type de mise en accusation n’est pas unique puisque semblables cas ont déjà agité le monde judiciaire d’outre-Rhin ces dernières années. En 2011, l’Ukrainien John Demjanjuk, qui avait fui aux États-Unis après la guerre, avait été condamné à 5 ans de prison avant de finalement mourir à l’âge de 91 ans. En juillet 2020, en pleine « plandémie », Bruno Dey, grabataire de 93 ans et ancien SS accusé d’avoir participé à l’assassinat de milliers de personnes dans le camp de Stutthof entre août 1944 et avril 1945 alors qu’il n’avait pas encore 18 ans, fut condamné à deux ans de prison avec sursis par le tribunal de Hambourg.
Dans cette course contre la montre, la justice allemande tente d’attraper par le colback les derniers gardiens de camps nazis avant qu’ils ne mettent définitivement les deux pieds dans la tombe. Ces seconds couteaux n’ont pas bénéficié des programmes d’exfiltration (comme celui de l’unité TICOM ou encore du projet Overcast qui permit de recruter près de 1 500 scientifiques nazis qui se mirent au service du complexe militaro-industriel des États-Unis durant la guerre froide).
Lorsque l’on songe que les dirigeants américains se rendent tranquillement au Japon sans jamais s’être excusé d’avoir éteint, en l’espace d’un instant, l’existence de 100 000 civils, il apparaît que l’Europe occidentale s’impose une repentance éternelle dont ses « alliés » ne se sont jamais embarrassés, et qui ressemble de plus en plus à une justice folklorique. Quand les derniers acteurs de la Seconde Guerre mondiale auront trépassé, peut-être assisterons-nous à des procès post-mortem, tel le « concile cadavérique », en 897, lors duquel le défunt pape Formose fut exhumé, affublé de ses vêtements pontificaux, puis jugé coupable, avant que sa dépouille ne soit finalement jetée dans le Tibre.
- Le Pape Formose et Étienne VI - Concile cadavérique de 897, Jean-Paul Laurens, 1870