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Le réalisme spirituel en islam

La question de l’âme est probablement l’une des plus anciennes auxquelles la philosophie a essayé de répondre. Les modernes l’ont peu à peu évacuée au point d’en faire un mot honteux de la philosophie occidentale. Du latin anima, le souffle, elle est d’après Platon « ce qui se meut soi-même ». Ses définitions sont multiples car elle relève d’une réalité subtile. La philosophie islamique, plus particulièrement dans le monde perse, a placé l’âme en position d’intermédiaire indispensable dans la relation entre le corps et l’esprit, au point d’en faire un monde constitué de « matière spirituelle ».

 

Tout être jeté sur terre dans la forme humaine cherche à comprendre le monde dans lequel il existe. C’est le propre de l’homme que de chercher, c’est ce qui constitue sa nature. Certains chercheront ce qui est lumineux, l’être, d’autres se tourneront vers ce qui est ténébreux, le non-être. Mais il y a aussi ceux, nombreux, qui abandonnent cette faculté de chercher, ce qui les place de fait dans la deuxième catégorie puisqu’ils délaissent ainsi l’élément constitutif de leur être, à savoir « être à la recherche de ». Dans un monde anti-traditionnel, c’est-à-dire présentement le nôtre, dans lequel la métaphysique est incomprise et la gnose traitée vulgairement, il est essentiel de définir les termes qui permettent sinon de comprendre, au moins d’appréhender les bases de ce qui constitue le réel au sens plein.

Étymologiquement, le mot français réel dérive du latin res, c’est-à-dire la chose, la chose concrète. Lorsque l’on parle du retour du réel par exemple, on a à l’esprit le fait que la force concrète des choses qui nous entourent s’impose et l’emporte sur les idées que l’homme projette sur le monde. Le réel, c’est donc, dans le langage commun, l’ensemble des choses qui disposent d’un substrat et que l’on peut percevoir par les facultés sensibles sans pour autant que l’absence de perception ne leur retire leur réalité. Les choses du réel ont une existence autonome et objective. Cette définition a été ébranlée en Occident au début du XXe siècle avec la phénoménologie d’Edmund Husserl (1859-1938) qui invite à suspendre le jugement sur le monde (épochè) afin de se concentrer sur le phénomène, c’est-à-dire la manière dont les choses apparaissent à la conscience humaine. Ce qui permet de comprendre le rapport de l’homme au monde, d’après Husserl, c’est l’expérience vécue. Or, il n’est pas nécessaire de se pencher longtemps sur la psyché humaine pour constater que l’homme ne pense ni n’agit qu’en fonction de la seule réalité objective. On trouve, dans la philosophie islamique, l’idée d’un « réalisme spirituel » dont la profondeur a été remarquablement décrite dans l’œuvre monumentale d’Henry Corbin.

I- La phénoménologie

Henry Corbin, né à Paris en 1903 et mort en 1978, fut un pionnier en Occident des recherches sur l’islam iranien. Maîtrisant plusieurs langues, et notamment le perse, il traduisit de nombreux traités philosophiques qui demeuraient jusque-là inconnus des Occidentaux. En 1954, il succède à Louis Massignon, qui fut son maître, comme directeur d’études à la section des sciences religieuses de l’EPHE. Sous l’influence de Massignon, Corbin découvrit l’œuvre de Sohrawardi (1155-1191), philosophe et mystique persan, et traduisit l’un de ses traités en 1933. C’est la lecture de cet auteur prolifique qui ouvrit de nombreuses portes à Henry Corbin. En 1934, il rencontre Martin Heidegger (1889-1976) à Fribourg. Un échange se met en place entre les deux hommes sur les possibilités de traduire l’œuvre de Heidegger en français. C’est chose faite en 1938 sous la forme d’un mélange de plusieurs textes du phénoménologue allemand, intitulé Qu’est-ce que la métaphysique ?. Corbin fut marqué par cette rencontre et par les perspectives que pouvait ouvrir la phénoménologie dans le cadre de ses recherches sur la gnose islamique.

Avant d’aller plus loin, il faut préciser un point fondamental : le sens du mot gnose. Il est vraiment déplorable que la gnose soit associée au dualisme. En réalité, rien n’est plus éloigné de la gnose qu’une vision dualiste du monde. Il suffit pour s’en convaincre de lire (ou relire) le chapitre sur le « Démiurge » dans lequel René Guénon explique par la métaphysique – c’est-à-dire par la connaissance pure – pourquoi l’opposition entre le bien et le mal n’a aucun sens du point de vue du Principe [1]. Il faut comprendre par exemple que, même si rien ne semble plus opposé que l’être et le non-être, le premier est contenu dans le second. La gnose, c’est la « science intégrale », ce qui permet justement de dépasser la multiplicité et le dualisme et de résoudre les oppositions dans l’unicité du Verbe divin. Aussi, si l’on veut à tout prix nommer des courants religieux par l’appellation « historique » de gnostique, il est indispensable de préciser qu’il s’agit d’un dévoiement complet du terme gnose, puisque, au final, faire injustice à ce mot et en mépriser la signification profonde, c’est adopter l’attitude d’un agnostique.

Ce rappel est indispensable si l’on veut comprendre ce dont Corbin parle lorsqu’il traite de la gnose islamique. La nécessité de la connaissance est le fondement de l’islam : la période qui précède la révélation coranique est appelée la jâhilîya, tiré du mot jahl (ج ْهل) qui désigne l’ignorance humaine. Nous avons également déjà évoqué l’importance cruciale du terme ‘Aql en arabe.

Pour avoir accès à cette gnose, Henry Corbin a eu recours à la méthode phénoménologique. Heidegger considérait que ce qui est inscrit dans l’être, ce qui correspond le plus à sa nature, c’est le comprendre. Pour Corbin, le mode de comprendre modifie le mode d’être. « Tout le comportement intérieur du croyant dérive de son comprendre, la situation vécue est essentiellement une situation herméneutique, c’est-à- dire la situation où pour le croyant éclot le sens vrai, lequel du même coup rend son existence vraie. » [2] Ainsi se fait jour une différence fondamentale entre la philosophie occidentale et la philosophie orientale : tandis que la première vise à « engager les hommes dans une présence à ce monde, la seconde cherche à les sauver de ce monde » [3]. Dans le Dasein de Heidegger, cet « être là » qui caractérise le mode d’être particulier de l’être humain, Corbin voit le Da qui définit sa présence au monde comme un « îlot en perdition » qui correspond à l’Exil occidental que l’on trouve chez Sohrawardi [4]. D’où la nécessité en islam du ta’wil, une herméneutique qui permet de reconduire le sens littéral et manifesté à son sens caché. L’un des passages coraniques qui constitue une porte pour le ta’wil, c’est la rencontre de Moïse avec un personnage « à qui Dieu avait enseigné une science » (sourate La Caverne, XVIII verset 60) que les commentateurs musulmans désignent comme étant Khidr, le verdoyant, dont l’origine échappe au récit historique, mais que l’on retrouve dans les traditions islamiques et non islamiques. Son rôle est d’initier le prophète Moïse au ta’wil. Pour trouver celui qui sera son guide, Moïse doit se rendre « au confluent des deux mers », c’est-à-dire, d’après Ibn ’Arabi (1165-1240), là où se rencontrent la connaissance exotérique et la connaissance ésotérique. Pour parvenir à cette herméneutique, Corbin donne sa propre définition de la phénoménologie : « Le Logos du phénomène, la phénoménologie, c’est donc dire le caché, l’invisible présent sous le visible. C’est laisser se montrer le phénomène tel qu’il se montre au sujet et à qui il se montre. » [5]

Corbin fut donc amené à définir les contours d’un monde décrit par les philosophes islamiques : un monde qui n’est ni celui du sensible, ni celui de l’intelligible. Un inter-monde, un monde intermédiaire.

II : Le monde imaginal

Dans Le Démiurge, René Guénon explique que « l’homme peut, dès son existence terrestre, s’affranchir du domaine du Démiurge ou du monde hylique, et que cet affranchissement s’opère par la Gnose, c’est-à-dire la Connaissance intégrale [...] D’autre part, [...] les différents mondes, ou, suivant l’expression généralement admise, les divers plans de l’univers, ne sont point des lieux ou des régions, mais des modalités de l’existence ou des états d’être. Ceci permet de comprendre comment un homme vivant sur la terre peut appartenir en réalité, non plus au monde hylique, mais au monde psychique ou même au monde pneumatique » [6].

Ces trois mondes correspondent respectivement au corps, à l’âme et à l’esprit. Comme nous l’avons déjà expliqué dans un article précédent, l’Église chrétienne a condamné, dès le IVe concile de Constantinople en 863, la conception trichotomique de l’Homme (corps-âme-esprit) au profit d’une vision dichotomique (corps-esprit). Nombreux sont les gnosticismes qui ont fini par interdire la gnose. De ce point de vue, le dogme est incontestablement le tombeau de la connaissance.

Aussi, le monde de l’âme est un continent largement inexploré en Occident. Lorsque Henry Corbin voulut traduire les travaux de Sohrawardi, d’Ibn ‘Arabi et plus tard de Molla Sadra Shirazi, il fut confronté à la difficulté de trouver, dans la langue française, un terme qui puisse définir le monde intermédiaire dont traitent tous ces auteurs : un monde où les corps se spiritualisent et les esprits se corporifient, le monde des images en suspens. Voulant absolument éviter le terme d’imaginaire, qui conduirait à considérer ce monde comme une construction fantaisiste et donc irréelle, il forgea le terme « imaginal » à partir du latin imaginalis, lui-même tiré de la racine imago, et qui désigne le figuratif, c’est-à-dire ce qui « représente de manière symbolique ». Le mot grec le plus proche d’imaginalis, c’est icône, comme l’explique Corbin.

 

 

Ce monde imaginal permet le réalisme spirituel. Ce n’est pas le monde de l’incarnation, ni celui des idées pures de Platon. C’est le lieu des théophanies. Les philosophes musulmans utilisent l’image du miroir pour en illustrer le mode de manifestation : l’image qui se reflète dans le miroir ne prend pas chair dans celui-ci, elle y trouve une station, un lieu de manifestation. Notons d’ailleurs que l’homme ne peut contempler sa propre face en dehors du reflet, c’est-à-dire par le biais d’une médiation (que ce soit l’eau, le miroir, la photographie, la vidéo…) ou dans le rêve. Dans le monde imaginal, l’homme voit des images de ce qu’il est, à un degré d’être particulier.

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Narcisse, par Le Caravage, 1598-1599, huile sur toile

 

C’est dans ce monde que se déroulent les récits visionnaires, le voyage nocturne du Prophète sur la monture al Bouraq. Ce monde a plusieurs noms : le Barzakh, le Malakût, Alam al Mithâl (c’est de ce dernier terme que la traduction de monde imaginal est la plus proche). Si le monde sensible est perceptible grâce aux sens et le monde intelligible par l’intellect (le ‘Aql en arabe sans lequel, comme le précise un hadith, on ne peut prétendre avoir de religion), c’est la puissance imaginative qui permet de percevoir le monde imaginal et de s’y mouvoir.

Pour mieux comprendre comment ce monde a été défini par les philosophes musulmans, il faut, à grands traits, faire un rappel des bases philosophiques sur lesquelles ils s’appuient. Dans l’opposition fondamentale qui sépare Platon d’Aristote, il y a la question de l’âme. Platon voit l’âme comme séparée du corps, autonome par rapport à celui-ci, puisqu’elle appartient au monde des Idées. Le corps est une contrainte dont l’âme doit se libérer pour retrouver sa patrie d’origine. Chez Aristote, le corps et l’âme constituent ensemble l’être humain. Le corps est la matière (hylé - ὕλη) de l’homme et l’âme est sa forme (morphêμορφή). Il n’y a donc pas de préexistence de l’âme chez Aristote. Cette différence dans la définition de l’âme se retrouve chez Avicenne (Ibn Sina 980-1037) qui est un platonicien et Averroès (Ibn Rushd 1126-1198), commentateur d’Aristote. Henry Corbin a parfaitement montré comment le sort de l’avicennisme latin a contribué à ce que les Occidentaux considèrent que la philosophie islamique avait trouvé son apogée et sa fin avec Averroès [7].

Pour comprendre ce qu’Averroès reprochait à la vision d’Avicenne, il faut préciser que celle-ci repose sur une double hiérarchie : dix intelligences ou Angeli intellectuales dont procèdent les âmes célestes (Angeli caelestes). Ces âmes possèdent l’imagination à l’état pur et leur désir de retourner à l’intelligence dont elles procèdent produit les révolutions cosmiques puisque « toute âme soupire après son corps ». Le monde de l’âme, c’est le Malakût, le monde imaginal. L’âme est ainsi un intermédiaire entre le corps céleste (ou orbe céleste) et la pure intelligence. Elle constitue le moteur ou l’énergie qui meut le corps céleste dans un mouvement circulaire, comme une « aspiration d’amour toujours inassouvie ». Pour Averroès, donner le nom d’âme à cette énergie motrice relève de la métaphore. Il rejette par ailleurs l’idée d’une imagination indépendante des sens corporels. Or, les philosophes du monde islamique, et perse en particulier, sans être totalement platoniciens, ont développé des systèmes de pensée dans lesquels l’âme est immatérielle et survit au corps physique. Chez Sohrawardi, qui cherche à concilier l’islam et le zoroastrisme, l’âme est illuminée par la Lumière divine (Xvarnah dans la religion de Zoroastre) et il postule des intensifications et des dégradations de la lumière, impliquant de fait des degrés de l’être. Ce point est important car les platoniciens de Perse suivent principalement la métaphysique de l’essence, c’est-à-dire que la priorité est donnée à la quiddité de l’être. Molla Sadra Shirazi, (deuxième moitié du XVIe s.-première moitié du XVIIe s.), grand philosophe de la période safavide, opère une révolution en abandonnant la métaphysique de l’essence pour donner la priorité à l’exister. En effet, il considère que « l’existence n’est pas une chose qui vient s’ajouter à l’être, son acte d’être ce qu’elle est constitue son acte d’exister ». [8]

Si, pour Molla Sadra, l’être est unique en son essence, chacun de ses actes d’exister détermine son essence : ainsi, les « essensifications » de l’être se font à des degrés différents, soit par des exhaussements, soit par des dégradations de l’être qui donnent lieu à une diversification infinie. Il y a une échelle de l’être sur laquelle on peut être plus ou moins homme en fonction de l’intensité de son acte d’exister. Il n’y a donc plus de royaume des « essences immuables ». Sans aller trop loin dans les développements complexes de la pensée de Molla Sadra [9], disons simplement qu’il n’y a pas, pour lui, de divorce entre l’être et l’exister, pas plus qu’il n’y a de séparation entre la pensée et l’être. D’où la réalité de « l’existence mentale » : si l’être est dans l’exister, alors chacune des « essensifications » de l’être possède l’être. Par conséquent, Sadra postule un « rapport d’analogie » entre les « essensifications » multiples quant à leur exister. Ce qui n’existe que dans la pensée possède bel et bien l’exister.

Grâce à son échelle de l’être, Molla Sadra peut attester des Idées archétypes de Platon et du monde imaginal. Ce monde se situe à un degré de l’être qui lui est propre. Sadra affirme que l’Imagination est immatérielle, séparée de l’organe cérébral et physique. Dans le monde imaginal, les formes ont leur existence dans la pensée. Or Dieu a créé l’âme humaine comme une image de Lui-même : aussi, l’âme possède en soi-même un « monde qui lui est propre ». Il existe donc, pour le natif de Shiraz, une « matière spirituelle » propre à ce monde imaginal que Henry Corbin rapproche de la « spissitudo spiritualis » (densité spirituelle) de Henry More (1614-1687), l’un des plus éminents représentants de l’école des Platoniciens de Cambridge. Il existe en effet des traces de ce monde imaginal en occident et Corbin en a trouvé chez des auteurs comme Maître Eckhart (v. 1260-1328), Jacob Böhme (1575-1624) ou encore Emanuel Swedenborg (1688-1772). C’est à partir de l’une de ces traces que nous allons tenter de donner une image concrète de ce monde subtil.

III. Le Mont Analogue

Pour illustrer la réalité de l’imaginal, nous allons prendre un exemple chez un auteur français, qui eut l’intuition de cet intermonde, bien que la postérité de son œuvre, en particulier dans les cercles New Age de la contre-culture américaine des années 1960, n’ait trop souvent vu dans son ouvrage majeur que l’attrait d’un récit psychédélique. En réalité, Le Mont Analogue de René Daumal (1908-1944) est un authentique récit initiatique qui décrit avec un langage symbolique les caractéristiques de ce que l’on peut voir comme un monde intermédiaire et que l’auteur avait cherché toute sa vie. Le sous-titre de l’œuvre est éloquent : Roman d’aventures alpines, non euclidiennes et symboliquement authentiques.

Nous avons déjà insisté sur la différence fondamentale entre le langage métaphorique et le langage symbolique. Selon que l’on lise Le Mont Analogue par le prisme de l’un ou l’autre de ces langages, la portée en est totalement modifiée. En effet, ce qui se produit dans le monde imaginal ne relève ni du mythe, ni de l’historicité.

Pour synthétiser cette histoire et en donner les éléments symboliques, il faut en présenter les traits saillants. L’histoire commence avec une lettre que reçoit le narrateur de la part d’un certain Pierre Sogol (anagramme de Logos) qui l’invite à se lancer avec lui dans une expédition vers le mont Analogue. Le narrateur avait en effet publié un article sur le sujet quelques mois avant de recevoir la missive, et dans lequel il définissait l’échelle de la « montagne symbolique par excellence […] par son inaccessibilité par les moyens humains ordinaires ». Toutes les montagnes du monde ayant été explorées, elles ont perdu de fait leur caractère inaccessible et leur fonction d’union entre la terre et le ciel. Lorsque l’on songe à ce qu’est devenu l’Everest aujourd’hui, on peut effectivement y voir une image de la détresse spirituelle de l’homme moderne. La montagne est un symbole du divin dans de nombreuses traditions. En islam, la montagne de Qâf est le lieu de rencontre entre la terre et le ciel. Chez Sohrawardi, l’oiseau Simorgh guide le voyageur spirituel vers cette montagne qui est d’abord un obstacle tant que l’on reste dans un état de perception corporel, puis devient un monde intermédiaire où les âmes peuvent être illuminées de la lumière divine.

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Albert Bierstadt, Dans la Sierra Nevada, en Californie, 1868, huile sur toile

 

Pierre Sogol et le narrateur (Théodore) constituent une équipe de douze personnes prêtent à se lancer à la recherche du mont Analogue. On peut y voir un écho à L’Ami de Dieu de l’Oberland d’après le récit de Rulman Merswin (1307-1382) qui, dans Le Livre des neuf rochers, décrit sa rencontre avec un personnage mystérieux appelé l’Ami de Dieu. Merswin fonda la communauté de l’Île-verte à Strasbourg à l’endroit où se trouvait la commanderie de Saint-Jean. Cette communauté rassemblait des chevaliers johannites qui prirent le nom d’Amis de Dieu (Gottesfreunde). Corbin y fait référence dans ses travaux. Dans son récit, Merswin évoque la fondation par « l’Ami de Dieu » de la communauté de l’Oberland – le pays d’en haut – qui rassemble douze « amis de Dieu ».

Parmi les nombreux noms du monde imaginal, il y a le « huitième climat », en référence aux sept climats de la géographie de Ptolémée. Il s’agit donc d’un monde qui échappe à la géographie physique. Pour pénétrer dans le « continent invisible », les voyageurs à la recherche du mont Analogue devaient entrer par l’ouest : « Les civilisations, dans leur mouvement naturel de dégénérescence, se meuvent de l’est à l’ouest. Pour revenir aux sources, on devait aller en sens inverse. » [10] Il faut ainsi échapper à l’Exil occidental et revenir à l’Orient symbolique. Une fois entrés, les voyageurs découvrent une société organisée, avec sa propre monnaie, le péradam, et hiérarchisée – les ordres viennent « d’en haut », c’est-à-dire des guides de haute-montagne. Sans péradam, un cristal courbe, les voyageurs doivent demeurer sur le rivage et ne peuvent entreprendre l’ascension du mont Analogue, puisque rien d’autre n’a de valeur pour les guides. Le roman se termine sur le récit de l’ascension vers les hauteurs éthérées du mont Analogue. Commencée en juillet 1939, l’œuvre est demeurée inachevée. Daumal meurt en mai 1944, à l’âge de 36 ans. Ses expériences avec le tétrachlorométhane qu’il utilisait pour vivre des états similaires aux expériences de mort imminente ont probablement eu raison de sa santé. Mais l’incomplétude du roman n’enlève rien à son caractère initiatique, bien au contraire. Daumal a eu l’intuition du monde imaginal dont il a tenté de représenter le cheminement qui mène jusqu’à son seuil, le découragement, les doutes, et la raison qui peuvent pousser à l’abandon de la quête, sous la parure des excuses les plus diverses. Il y a dans ce récit une illustration intéressante de ce que peut être le ‘Aql, cette intuition de l’intellect, qui se distingue alors nettement de la raison. En effet, le roman fait un état des lieux de la conscience humaine du divin : toutes les montagnes ont été explorées et personne n’y a vu Dieu. La raison amène la majorité des hommes à la même conclusion : Dieu n’est sur aucune montagne, pas plus que dans aucun autre lieu. Cela se termine aujourd’hui par le constat qu’il n’y a pas de Dieu.

Mais l’intellect spirituel, le ‘Aql, mène à tout autre chose. Si toutes les montagnes ont été explorées et que personne n’y a vu Dieu, alors une seule conclusion s’impose : on n’a pas cherché sur la bonne montagne. La reconnaissance du monde imaginal procède de la même intuition.

Ce qui est intéressant de surcroît dans Le Mont Analogue, c’est que Daumal voit cette quête à l’intérieur d’une compagnie, d’une fraternité liée par la même intuition profonde. En quelque sorte, une alliance des cœurs orientés.

* * *

Le monde imaginal n’est pas une fin en soi, c’est un monde intermédiaire. Chez les théosophes musulmans, ce monde se constitue dès la vie présente, dans le monde concret et dense, car le monde imaginal peut être un paradis ou un enfer. Cela dépend de l’attrait soit pour les formes lumineuses, soit pour les formes ténébreuses et la recherche de la connaissance fait ainsi varier l’intensité de l’existence, comme une lumière plus ou moins forte. Il est le lieu des expériences visionnaires. Or, le monde moderne ignore ces degrés de l’être et l’intensité du réel : on nous propose aujourd’hui de la « réalité virtuelle », et même de la « réalité augmentée » [sic !] en superposant, sans jamais sortir du monde sensible, une épaisse couche d’images et d’imaginaire généré par un système binaire basé sur la répétition indéfinie de 0 et de 1. Certains peuvent y trouver un lieu d’évasion ou de refuge. Mais cela ne comble jamais l’absence fondamentale. Dans Le Mont Analogue, Daumal évoque ceux qui ont renoncé aux connaissances supérieures et ne peuvent s’exposer à la lumière : ce sont les « hommes creux » qui se nourrissent du vide et de la « forme des cadavres ». Car le sentiment d’absence qui prévaut dans nos sociétés a été détourné : dans une société de consommation et d’assouvissement des désirs et des instincts, il y a ce que l’on a et ce que l’on n’a pas. Or, le véritable désir n’est pas celui de l’avoir mais celui de l’être. L’absence fondamentale qui raisonne dans le monde de « l’Exil occidental », c’est le sentiment ou l’intuition de ce que l’on n’est pas. Ce désir de l’âme est étouffé sans cesse, il est inexisté, si l’on veut se permettre ce néologisme, par un monde qui nie tout ce qui lui est supérieur. Un monde sans âme.

Hyacinthe Maringot

 

Notes

[1] René Guénon, « Le Démiurge » in Mélanges, Gallimard, 1976, pp. 9-25.

[2] Henry Corbin, En Islam iranien, Aspects spirituels et philosophiques, tome IV, Paris, Gallimard, 1991, p. 136.

[3] Henry Corbin, La philosophie iranienne islamique aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Buchet Chastel, 1990.

[4] Christian Jambet, (dir) Cahier de l’Herne, n° 39, « De Heidegger à Sohrawardi. Entretien de Henry Corbin avec Philippe Nemo » p. 32

[5] Henry Corbin, Philosophie iranienne et philosophie comparée, Paris, Buchet Chastel, 1990, p. 22.

[6] René Guénon, « art. cit. » p. 18.

[7] Voir Henry Corbin, Avicenne et le récit visionnaire, éd. Verdier, 1999, p. 243
« Le rapport immédiat et personnel avec un être spirituel du Plérôme ne prédisposait pas particulièrement le philosophe à s’incliner devant le Magistère d’ici-bas. » Corbin explique ainsi l’échec de l’avicennisme latin représenté notamment par Roger Bacon (1220-1292).

[8] Henry Corbin, La philosophie iranienne islamique…, p. 51.

[9] On citera en particulier son œuvre majeure et monumentale, Les Quatre Voyages de l’esprit, que l’on appelle en arabe les Asfar, qu’il a rédigée de 1606 à sa mort, vers 1640.

[10] René Daumal, Le Mont Analogue, Gallimard, 1981.

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  • #3559582
    Le 8 septembre à 10:38 par Anonyme
    Le réalisme spirituel en islam

    C’est l’islam politique qui a créé la détestation de la religion musulmane. Si bien que islamisme est connotée négativement alors que christianisme et judaïsme ça passe crème comme disent les djeuns.

    Et qui a créé le mouvement des frères musulmans ? Le MI6. Les services secrets britanniques en instrumentalisant et en choisissant son chet Hassan El Benna., le grand père maternel de Tarik Ramadan.

    L’islam politique est une pièce maîtresse pour saboter tout essor moderniste des pays musulmans et ainsi perpetuer la domination occidentale dans la région.

    L’islam politique est également une pièce maitresse du diviser pour régner. Il est maintenant introduit comme le loup dans la bergerie en Europe pour être le balai d’Israël selon Rav Touitou. Le frère du proprio du Bataclan qui a vendu pile poil avant les attentats. Lui y voit la main de Dieu. Puisqu’il le dit.

     

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    • #3559827
      Le 9 septembre à 11:27 par guibus
      Le réalisme spirituel en islam

      Donc Charles Martel s’est battu contre des frères musulmans créés par le MI6 ? C’est nouveau, ça vient de sortir, comme disait le regretté Coluche.

       
    • #3559968
      Le 9 septembre à 19:00 par Anonyme
      Le réalisme spirituel en islam

      @Guibus
      Comparaison n’est pas raison. Charles Martel a arrêté, à Poitiers, des Berbères (Amazighs) d’Afrique du Nord récemment convertis. Autre temps, autres mœurs. Ces hommes-là — surtout les nouveaux convertis, animés de la foi du charbonnier — pensaient bien faire. Pour eux, la Révélation allait libérer les peuples de leur servitude. Ils étaient persuadés d’agir dans le camp du Bien.

      Force est de constater qu’ils n’ont pas massacré les autochtones comme l’ont fait les Anglais en Amérique du Nord ou les Espagnols en Amérique du Sud — sans même parler de l’extermination des Aborigènes en Australie et en Nouvelle-Zélande. Tous ces territoires ont subi une vraie épuration éthnique commise par les occidentaux !

      Les “Arabes de Poitiers” — en réalité des Berbères fraîchement islamisés —, c’était de la petite bière en comparaison avec l’épuration ethnique menée par les Anglo-Saxons et les Espagnols.

      Nous ne parlons pas de la même chose. Là il s’agit de l’islamise politique, balai d’Israël, selon le Rav Touitou.

       
    • #3560791
      Le 12 septembre à 10:00 par Domus
      Le réalisme spirituel en islam

      Anonyme : peu importe ! Aujourd’hui, l’islam réellement pratiqué et revendiqué n’est compatible avec qui que ce soit sur la planète. Et son but est bien précis. Voiture balai ou pas, ça ne change rien pour la survie de l’Occident .

       
    • #3560834
      Le 12 septembre à 11:55 par NENEX
      Le réalisme spirituel en islam

      Par Anonyme
      13 siècles de traite des noirs d’Afrique et de blancs par les arabo-musulmans, près de 20 millions d’individus, tués et castrés si bien qu’aujourd’hui il n’existe aucun descendants de ces esclaves.
      Génocide voilé. Tidiane N’Diaye

       
    • #3561286
      Le 14 septembre à 11:21 par Double V
      Le réalisme spirituel en islam

      @ Karim
      Non, le soufisme n’est pas du sophisme. Si vous avez fréquenté plusieurs congrégations et vous pensez toujours de cette manière, c’est vraiment grave. Les soufis pratiquent l’ascèse, la méditation, la retraite spirituelle ainsi que la récitation du nom de Dieu et ils participent à des manifestations religieuses avec notamment des chants. Ce n’est pas parce qu’on rend visite à un Saint qu’ on va l’associer à Dieu. Le rôle du Cheikh est guider les disciples. C’ est très fin. Un aspect central du soufisme est la recherche d’une relation d’amour et de dévotion totale envers Dieu plutôt qu’une approche purement légaliste. On trouve de plus amples informations sur internet. Si on en saisit le sens, c’est magnifique. Macha Allah.

       
    • #3561289
      Le 14 septembre à 11:43 par guibus
      Le réalisme spirituel en islam

      @Anonyme quand on est aussi gravement ignorant, soit on se tait, soit on montre qu’en plus on est juste orgueilleux et présomptueux. Dans la même veine, longue diatribe n’équivaut pas à intelligence.
      Dire que les muslims n’ont jamais massacré les populations est juste d’une stupidité sidérale, que ce soit en Europe chrétienne ou en Inde (populations hindoues massacrées à coup de dizaines de milliers par jours faisant passer la population de 600 millions à 200 millions en quelques siècles).

       
    • #3561825
      Le 16 septembre à 14:04 par Anonyme
      Le réalisme spirituel en islam

      @guibus
      Je ne défends pas l’islam et encore moins l’islam politique. Je sais que c’est un sujet clivant et moi aussi, ça m’indispose de voir une fille voilée à Paris. Parce qu’à "Rome fais comme les Romains." Mais il faut remonter aux causes. Qui a décidé un jour qu’il y avaient des musulmans en France et qu’il leur fallait des mosquées ? Les néo-cons avec leur "guerre de civilisation" (représentés par Sarko en France) et les loges de la FM qui travaillent à l’Ordo ab Chao. Mais ce n’est pas le sujet du jour.

      il faut savoir rester factuel. On parle d’échelle de grandeur et de gravité. Il me semble qu’il y a toujours des Indiens en Inde, des Espagnols en Espagne et des Indonésiens en Indonésie. En revanche il n’y a presque plus d’Amèrindiens aux Etats-Unis ni d’Arborigènes en Australie.

       
    • #3561840
      Le 16 septembre à 15:34 par Un réemigré
      Le réalisme spirituel en islam

      @guibus

      Si c’est pour citer des musulmans qui ne suivaient pas l’islam en période de guerre, ça vaut pas grand chose les Tamerlan etc ...

      Parcontre là où il y a unanimité chez les musulmans c’est sur les 3eres générations après le Prophète, les meilleures générations, là où les plus grandes conquêtes islamiques ont eu lieu. Pour le coup, il y a 0 massacre.

       
    • #3562236
      Le 18 septembre à 07:27 par Anonyme
      Le réalisme spirituel en islam

      « ça m’indispose de voir une fille voilée à Paris. Parce qu’à "Rome fais comme les Romains »

      Je pense que Blanche de Castille, Jeanne d’Evreux, Blanche de Navarre, Marie de Chatillon, Blanche de France... auraient été tout aussi vexées de n’en plus voir de voiles en France.
      Et qu’elles se seraient senties plus à l’aise avec la Fatima de Saint-Denis et son grand voile qu’avec la Marion Maréchal de Tel-Aviv, et sa mini-jupe Pierre Bergé.

      Anonyme(un autre)

       
  • #3559706
    Le 8 septembre à 21:21 par RODI FRANCK
    Le réalisme spirituel en islam

    Le véritable Islam se nomme Soufisme, véritablement spirituel, qui d’ailleurs fait souvent référence à Yeshoua/Jésus à travers certains sages soufis, Yeshoua Guide des guides spirituels et non chef religieux moraliste ! Une certaine Annick de Souzenelle faisait souvent référence à l’imaginal, au soufisme etc.. ; imaginal, à ne pas confondre avec l’imaginaire disait-elle.

     

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    • #3559772
      Le 9 septembre à 07:56 par Un réemigré
      Le réalisme spirituel en islam

      Merci de reconnaître que le soufisme est une meilleure voie que celle du Prophète et des Compagnons vu qu’aucun d’entre eux n’était soufis.
      Franchement vous vous rendez compte de vos aberrations ?

       
    • #3560239
      Le 10 septembre à 13:38 par Double V
      Le réalisme spirituel en islam

      @ reemigre
      Qui vous dit que le prophète et les compagnons n’étaient pas soufis ? Dieu sait des choses que nous ignorons...

       
    • #3560410
      Le 10 septembre à 20:57 par Un réemigré
      Le réalisme spirituel en islam

      Vous affirmez que le vrai Islam est le soufisme, c’est à vous d’amener la preuve c’est comme ceci en Islam et dans toute l’humanité d’ailleurs.

      Je vous mache le travail car malheureusement pour vous, le Prophète et les Compagnons n’étaient pas soufis, lisez le Coran, lisez les hadith et les athars des salafs, réveillez-vous !

       
    • #3560578
      Le 11 septembre à 09:53 par Femme
      Le réalisme spirituel en islam

      Tout dépend de comment on perçoit le soufisme. C’est une branche de l’islam selon certains, c’est l’islam pour d’autres, c’est à laisser de côté pour d’autres encore... J’aime assez la façon de se définir du Cheikh Imran Hosein. Il dit que les gens souhaitent toujours lui coller une étiquette de soufi, ce qu’il rejette. Il rend toujours hommage à ses maîtres spirituels mais il se considère avant tout comme un musulman. Il préfère parler des trois degrés de la foi : islam, imane et ihsane, ce dernier étant le degré que l’on atteindrait après tant d’efforts et qui n’est pas atteignable pour la majorité.
      Le prophète a laissé l’islam aux musulmans et c’est effectivement leur socle, leur base pour ne pas dévier et pour que cela reste accessible à tout homme doué de raison. Mais il faut aussi se rappeler que le prophète allait régulièrement se retirer dans une grotte pour méditer, qu’il a "parcouru" les cieux, qu’il avait des visions à l’état de veille, qu’il voyait le monde des djinns, qu’il a reçu la Révélation en fait !
      Coran s55v33 : "Ô peuple de djinns et d’hommes ! si vous pouvez sortir du domaine des cieux et de la terre, alors faites-le. Mais vous ne pourrez en sortir qu’à l’aide d’un pouvoir [illimité]."
      Voilà aussi une suggestion de Dieu lui-même pour ceux qui en sont capables.
      Et bien-sûr que nous devons être prudents, nous garder de l’innovation, reconnaître les sectes et comme le disait René Guénon dans l’Erreur spirite, nous avons parfois des dons qu’il ne vaut mieux pas chercher à développer au risque de tomber sur quelque chose qui nous dépasse et qui serait obscur. Pour nous protéger de cela, de cette tentation, il faut selon moi avoir franchi les degrés dans l’ordre et donc avoir un cœur poli. On devient alors "soufi" malgré nous. Et Dieu sait mieux !

       
    • #3560951
      Le 12 septembre à 23:51 par Karim
      Le réalisme spirituel en islam

      Le Soufisme est une arnaque j’ai connu et fréquenté certaines congregations. C’est ni plus ni moins que du Sophisme (d’ailleurs je crois que les mots Soufisme et Sophisme sont de la même origine), c’est aussi beaucoup de Chirk (association à Dieu), ce qui est le pire péché en Islam. C’est une aberration, heresy diriger par des paumés hérétiques.

       
    • #3561339
      Le 14 septembre à 16:40 par Double V
      Le réalisme spirituel en islam

      Excusez-moi je n’ai pas répondu là où il était approprié. C’est un peu modifié. Merci.
      @ Karim
      Non le soufisme n’est pas du sophisme. Si vous avez fréquenté plusieurs congrégations et vous pensez toujours de cette manière, c’est vraiment grave. Les soufis pratiquent l’ascèse, la méditation, la retraite spirituelle ainsi que la récitation du nom de Dieu et ils participent à des manifestations religieuses avec notamment des chants. Ils suivent également , en ce qui concerne les disciples , un enseignement. Ce n’est pas parce qu’ on visite un saint que ça veut dire qu’ on l’ associe à Dieu. Pas du tout. Le rôle du cheikh est de guider les disciples. C’est un courant mystique d’une grande subtilité. Un aspect central du soufisme est la recherche d’une relation d’amour et de dévotion totale envers Dieu plutôt qu’une approche purement légaliste. On trouve de plus amples informations en lien avec le sujet sur internet. Si on en saisit le sens, c’est un ravissement. Macha Allah.

       
    • #3561423
      Le 14 septembre à 23:34 par Karim
      Le réalisme spirituel en islam

      @ Double V

      Celui qui suit les paumés est encore un paumé lui même.

      Et arrêtez d’assumer des choses sur moi, si je parle de mon expérience je sais de quoi je parle, les Soufis, les Islamistes radicaux deux face d’une même pièce.

      Le problème avec les Musulmans et les Arabes c’est leurs naïveté et leurs conneries dois-je ajouter. C’est dure mais c’est la vérité, y’a de sacrés cons et de sacrés debiles, y’en à partout mais un peu plus chez nous je dois dire.

       
    • #3561498
      Le 15 septembre à 08:19 par Double V
      Le réalisme spirituel en islam

      @ Karim
      Vous avez dit que les soufis et les islamistes radicaux étaient les deux faces d’une même pièce bien que vous sachiez qu’ils sont extrêmement différents. De plus, vous ne faites pas d’effort pour apprendre et vous ne voulez rien comprendre ; sans parler du manque de respect.

       
    • #3561565
      Le 15 septembre à 12:57 par Karim
      Le réalisme spirituel en islam

      Double V

      Exactement vous le dite vous même :
      « ils sont extrêmement différents », deux extrémistes opposés, l’un extrême gauche de l’Islam l’autre extrême droite de l’Islam.

      Vous êtes dans une secte, je les connais très très bien les soufis, et même a travers le monde je doute que vous ayez vécu dans autant de pays que moi, je parles 5 langues couramment.

       
    • #3561656
      Le 15 septembre à 20:17 par Double V
      Le réalisme spirituel en islam

      @ Karim
      Vous croyez bien connaître les soufis. Vous ne me connaissez pas. Ce n’est pas de la prétention.
      Si je vous répond c’est pour garder la conscience tranquille. Il est inutile d’essayer de convaincre CERTAINS mécréants. Je ne dit pas que vous en êtes un. Je vous invite humblement à relire mes commentaires, si vous le voulez bien, bien entendu.

       
    • #3561678
      Le 15 septembre à 22:08 par Un réemigré
      Le réalisme spirituel en islam

      @Double V

      Pourquoi ne citez-vous que la 1ere partie de vos actes "visiter un saint" ? Pourquoi pas la suite ? La suite je vais vous la dire, il y a 2 possibilités :
      1) Vous prenez cet endroit (ce mausolé) comme plus propice pour accomplir des adorations pour Allah et là c’est une innovation.
      2) Vous demandez directement au mort de vous exaucer ou alors qu’il vous serve d’intermédiaire auprès du Seigneur de l’Univers et là c’est du polythéisme.

      Au passage, est-ce que le Prophète s’adonnait au chant, à répéter à tue-tête et en groupe la lettre ه ? Non franchement le musulman suit l’enseignement de son Prophète et non d’une tariqa.

       
    • #3561833
      Le 16 septembre à 14:36 par Double V
      Le réalisme spirituel en islam

      @ Karim
      Moi aussi je pensais comme vous. J’avais et j’ai toujours énormément peur de l’innovation et du polythéisme. En ce qui concerne le premier point, je vous rappelle que la salat tarawih, le mihrab, la sibha et les minarets n’existaient pas à l’époque du prophète salla allahou alaihi wa sallam. Mais ce sont de bonnes innovations. Je crois que vous avez compris où je veux en venir. S’agissant du second point qui est beaucoup plus délicat et qui s’ entremêlerait un peu avec le précédent, on peut très bien demander à quelqu’un de prier pour nous. Donc c’est un intermédiaire mais pas dans le sens négatif du terme. Qui vous dit que les morts ne prient pas ? Ils peuvent nous entendre (le hadith de l’enterrement). La ru’ya ou vision céleste en islam pour les pieux, vous y croyez (il y a un hadith célèbre). Lorsque nous dormons, c’est une mort provisoire (c’est dans le coran). Il arrive à des gens de discuter avec les morts dans les rêves. Les soufis et les musumans en général respectent les personnes pieuses décédées. Voilà j’ai essayé d’être utile. Qu’Allah me pardonne si je me trompe. Je ne suis pas un maître soufi et ne suis pas un savant. Tous les soufis n’ont pas le même niveau de connaissance. Il y a sûrement des gens qui connaissent beaucoup plus que moi et qui sont beaucoup plus éloquents que moi.

       
    • #3562576
      Le 19 septembre à 13:33 par Double V
      Le réalisme spirituel en islam

      @ Karim
      Bonjour, j’aimerais connaître votre avis sur ma réponse.

       
  • #3559710
    Le 8 septembre à 21:36 par Missou
    Le réalisme spirituel en islam

    Les soufis étaient souvent les plus acharnés pendant les temps de guerre : lisez les récits historiques, les faits, le réel. Quelle plaisanterie tout ce blabla.

     

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    • #3560106
      Le 10 septembre à 08:15 par Un réemigré
      Le réalisme spirituel en islam

      C’est une blague ? Renseignez-vous sur le rôle des confréries soufis durant la conquête de l’Algérie par la France ou durant la guerre du Rif.

       
    • #3560372
      Le 10 septembre à 19:34 par Double V
      Le réalisme spirituel en islam

      @ reemigre
      Renseignez-vous, vous-même...Dans les armées musulmanes la présence des soufis était remarquable bien que certaines personnes ne déclaraient pas leur appartenance à cette mouvance. Ils sont libres et ils n’ont pas de comptes à rendre à ceux que ça ne regarde pas. Ils n’obligent personne à devenir l’un des leurs. Dieu sait très bien qui est égaré et qui ne l’est pas. S’il ne participent pas à une guerre , c’est qu’il y a de bonnes raisons : guerres inutiles, perdues d’avance, sans fondement religieux juste... Vos commentaires expriment la façon de penser de daech. Je suis sérieux.

       
    • #3560630
      Le 11 septembre à 14:44 par Un réemigré
      Le réalisme spirituel en islam

      Les kharidjites, dont les Daeshiens, font le takfir des musulmans ne sont pas musulman selon le Prophète. Ils n’ont rien à voir avec la voie des salafs. D’ailleurs ils s’allient volontairement aux soufis pour combattre les gens de la Sounna. Tout comme vos amis talibans étaient alliés à la secte des frères musulmans pour détruire l’émirat de Kunar.

      Au passage, le rôle des soufis dans les guerres que j’ai cité a été démontré par le grand savant Ibn Badis. Ibn Badis était kharidjites ?
      J’arrêterai de vous répondre à présent car vous n’avez aucune preuve religieuse ou historique.

       
    • #3560785
      Le 12 septembre à 09:10 par Double V
      Le réalisme spirituel en islam

      @ reemigre
      Les algériens considèrent Ibn Badis comme un grand savant. Je ne connais pas grand chose de lui. Je viens de voir sur internet qu’il était opposé aux soufis. Je crois que Dieu aide les gens de bonne conscience, qu’ils soient savants ou pas. Il y a malheureusement des oulémas qui font des erreurs énormes et qu’ils vont payer trop cher ; je ne parle pas seulement des wahabites. Pour dire simple le soufisme c’est comme une nafila ( traduction : prière surérogatoire). L’imam Ghazali et l’iman Ben Achour étaient soufis...l’Alliance avec les wahabites n’a jamais existé à ma connaissance. Ces égarés ont tué des soufis et brûlés des zaouïas. Regardez ce qui s’est passé récemment en Syrie et au Sinaï égyptien, ainsi que dans d’autres endroits du monde.

       
    • #3560837
      Le 12 septembre à 12:06 par Anonyme
      Le réalisme spirituel en islam

      @réemigré
      ’ le grand savant Ben Badis’ c’est une blague j’espère. Un interprète du Coran à la lettre soumis et abjurant ses concitoyens à se soumettre à l’ordre colonial au nom de l’islam. Il y’a mieux comme savant.

       
    • #3561680
      Le 15 septembre à 22:14 par Un réemigré
      Le réalisme spirituel en islam

      @Anonyme

      "La nation algérienne n’est pas la France, ne peut pas être la France et ne veut pas être la France.” (Ach-Chihab – Avril 1936)

      Fin du débat les gars.

       
    • #3561831
      Le 16 septembre à 14:34 par Anonyme
      Le réalisme spirituel en islam

      @Un réemigré
      Ben Badis, le Kabyle honteux de ses origines, prêchait pour sa paroisse. Il était chargé de l’éducation des masses pour diffuser une certaine lecture arabo-islamique, ayant voyagé et/ou étudié à la Zitouna de Tunis et au Caire, avec l’autorisation des autorités coloniales. Il avait d’ailleurs obtenu la légion d’honneur comme son père, un gros propriétaire terrien, membre du Conseil Supérieur, bachagha et lui aussi Grand croix de la Légion d’honneur.

      Je ne veux ni essentialiser, ni condamner un parcours de vie. Qu’aurais-je fait de plus ou de mieux lors de la révolution dite française ou bolchévique ou sous l’occupation allemande ?

      Mais comme le pouvoir illégitime d’Alger veut falsifier l’histoire, il est bon de rappeler qui est qui et dire que le mouvement national algérien est né à... Paris avec la création de l’étoile nord-africaine en 1926. La langue française a joué un rôle essentiel (contrairement à la langue saoudienne) dans la prise de conscience des ouvriers kabyles de l’usine Renault de Billancourt .

       
  • #3559771
    Le 9 septembre à 07:52 par SamGold
    Le réalisme spirituel en islam

    La philosophie est infiniment supérieure à toute forme de dogme religieux. Nous discutons encore de ces fables à une époque où le savoir universel est disponible. Quitte à lire des écrits humains, pourquoi choisir de lire ceux des scribes copieurs et prêcheurs en quête de pouvoir des millénaires passés ? Quelle perte de temps et d’énergie alors que nous avons tout à repenser pour l’avenir.

     

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  • #3559837
    Le 9 septembre à 12:03 par Alcid Oniriks
    Le réalisme spirituel en islam

    Comme nous l’avons déjà expliqué dans un article précédent, l’Église chrétienne a condamné, dès le IVe concile de Constantinople en 863, la conception trichotomique de l’Homme (corps-âme-esprit) au profit d’une vision dichotomique (corps-esprit). Nombreux sont les gnosticismes qui ont fini par interdire la gnose. De ce point de vue, le dogme est incontestablement le tombeau de la connaissance.




    Je suis allé vérifier, le IVe concile de Constantinople dit au canon 11 :

    « Anathème à quiconque soutient qu’il y a deux âmes dans l’homme. »

    L’âme humaine est elle-même un esprit, une raison. Aucun besoin de séparer âme et esprit.

    Au lieu de diffuser des erreurs, il vaudrait mieux aller directement aux sources pour vérifier, mais c’est vrai que c’est aussi un travail...

     

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    • #3561386
      Le 14 septembre à 20:04 par Mouai
      Le réalisme spirituel en islam

      oui, on ne sait pas trop où l’auteur va chercher ça, la conception tripartite de l’homme étant assumée par toutes les religions du monde, Eglise catholique comprise, si ce n’est que c’est plutôt un sujet de philosophie ou théologie pure, donc pas particulièrement explicité auprès des fidèles, mais Saint Augustin en parle lui-même (avant le concile en question, cela dit).

      La distinction entre Âme et Esprit peut paraître minime, mais c’est parce qu’aujourd’hui ces deux noms ont tendance à se confondre, et désignent pareillement une entité immatérielle. En réalité, il faudrait plutôt rapprocher l’Âme de ce qu’on appelle habituellement le cœur (ses inclinations/désirs), l’Esprit étant vraiment l’organe de sagesse, de raison, de connaissance de Dieu, etc.

      En gros, l’Âme est plus charnelle que l’Esprit, elle est plus attachée au corps, et est directement affectée par lui, là où l’Esprit peut quasiment demeurer intact quand la faute est hors de lui (confesser la vérité tout en pratiquant l’ignominie). On ne peut pas comprendre St Paul si on n’a pas ces notions, car la "chair" y est désignée comme cet ensemble corps-âme dont les chutes ou progrès sont liés. Le désir mondain par exemple, pourtant tout intellectuel à priori, est bien considéré comme un péché de "chair", càd qui touche à la faiblesse de ces 2 entités lorsqu’elles ne sont pas guidées par l’Esprit.

      Et la luxure est davantage une avidité de l’âme que du corps. Le corps n’a pas besoin de débauche, c’est l’âme dégradée qui l’y pousse, contrairement à l’image fausse d’une âme innocente entraînée par le corps. Et c’est notre Esprit (non pas notre âme) qui ressuscitera en premier, car ce qu’on appelle ensuite la résurrection des corps, c’est évidemment la résurrection de l’âme (cette forme corporelle pouvant passer dans l’au-delà, contrairement au corps matériel qui ne peut que se décomposer ici bas).

      Et quand le Christ parle des "pauvres de cœur", il aurait tout aussi bien pu dire les "pauvres d’âme", càd ceux dont les inclinations, désirs, restent humbles, sans soucis des sensations extraordinaires ou d’un gain spectaculaire.
      C’est important à rappeler, car le coeur ayant aussi acquis une signification autre (sentimentalité + charité/compassion), on peut se méprendre sur le sens de cette phrase, et croire que le Christ loue ceux qui n’ont pas beaucoup d’affect envers les autres, la vie, ce qui est évidemment un contre-sens.

       
    • #3561774
      Le 16 septembre à 09:50 par Alcid Oniriks
      Le réalisme spirituel en islam

      Saint Augustin en parle lui-même (avant le concile en question, cela dit)




      Oui, saint Augustin dit que l’âme a trois parties, l’intelligence, la volonté et la mémoire, mais pas que l’homme aurait une âme et un esprit indépendants. Le concile n’a pas effacé le fait qu’il y ait en l’homme intelligence, volonté et mémoire. Le thème n’a jamais été condamné par l’Eglise, au contraire, ce thème ternaire étant compris comme image de la Trinité. Au XIIIe siècle, Saint Bonaventure l’a développé dans son livre Itinéraire de l’esprit vers Dieu où il explique que c’est toute la Création qui porte la trace trinitaire :

      « La multitude des choses dans leur diversité générique, spéciale et individuelle, dans leur substance, leur forme et leur efficacité, qui dépasse toute appréciation humaine, montre également avec éclat l’immensité des trois attributs divins dont nous avons parlé »

      « notre âme s’offre à nous également sous un triple aspect. »



      oui, on ne sait pas trop où l’auteur va chercher ça




      Chez Henry Corbin peut-être :

      « Franc-maçon, initié dans le rite écossais rectifié, il était membre d’une loge de la Grande Loge nationale française à Saint-Germain-en-Laye. Il fut en effet initié dans la loge Les Compagnons du Sept n. 3, de la Grande Loge nationale française-Opéra le 5 mai 1962, promu compagnon en 1963 et maître en 1964. Dans le Rite écossais rectifié il devint maître écossais de Saint André en 1972, écuyer novice en janvier 1973 et Chevalier bienfaisant de la cité sainte (CBCS) le 15 septembre 1973, avec le nom d’ordre de Eques ab insula viride. "Régularisé" dans la loge Le centre des amis n. 1 de la Grande loge nationale française en 1974, il fut membre du Grand Prieuré des Gaules et d’un Chapitre de la Sainte Arche royale de Jérusalem ; en 1975, il fut nommé membre honoraire de la Loge nationale de recherche Villard de Honnecourt et le 7 juillet 1978 il fut reçu membre de la Grande loge du Royal Order of Scotland à Édimbourg. » ?

      Toujours aller aux sources...

       
  • #3559923
    Le 9 septembre à 16:39 par anasovsky
    Le réalisme spirituel en islam

    Texte de haut vol du même niveau que ceux de Frithjof Schuon.
    Domage que certains commentaires (de certains qui n’ont certainement pas lu le texte) soient d’une nullité abyssale.

     

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  • #3560532
    Le 11 septembre à 07:43 par Femme
    Le réalisme spirituel en islam

    Merci encore une fois pour ce bel article tout en délicatesse. Les uns seront inspirés, les autres seront repoussés, c’est ainsi.
    Je fais également des liens avec les vidéos de Rachid Achachi que j’ai récemment visionné et qui propose une réflexion, un pont de vue sur ce monde imaginal avec des intervenants surprenants (Michel Dutordoir, Jean-Maxime Corneille, Jean-Marc Crèvecoeur ou même Alexandre Goodarzy dans un autre genre) en allant au-delà de ses préjugés et sans être non plus dans le New age.

     

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  • #3560689
    Le 11 septembre à 22:39 par Double V
    Le réalisme spirituel en islam

    Je crois que le lecteur RODI FRANCK s’est mal exprimé en disant que le véritable islam c’est le soufisme. Les non-soufis qui ne s’égarent pas du droit chemin, sont aussi des musulmans. Certains commentaires sont d’une impolitesse !

     

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  • #3562645
    Le 19 septembre à 20:57 par gérard
    Le réalisme spirituel en islam

    Article intéressant mais qui mérite d’être revisité.

    1/ La phénoménologie est une philosophie profane qui part de l’expérience subjective, alors que la métaphysique traditionnelle part des principes universels.

    En gros, on part pas d’en bas pour parler spiritualité, on part d’en haut (non dualité) pour, si c’est vraiment ce qui intéresse, descendre aux ramifications.

    2/ Le "monde imaginal" est vu par Corbin (qui n’est pas un spirituel) comme un lieu, alors qu’il s’agît d’un état-d’être. Comme au point 1. Même le paradis est un état d’être. Tellement "réaliste" que, en effet, on peut aussi le voir comme un lieu avec une dimension spatio temporelle. Mais c’est d’abord un état d’être. cf point 1. Cet article fait d’un degré de manisfestation un monde autonome.

    3/ Il n’y a pas de "révolution" en métaphysique ou dans les doctrines traditionnelles. Elles sont scrupuleusement la retranscription du même message, en des langues et modalités adaptées aux peuples concernés.

    4/ Les reférences à Daumal, influencé par Gurdjeff (un mini Crowley) avec ses expériences avec des substances chimiques qui relèvent plus du psychisme inférieur que de l’initiation authentique... C’est un peu dangereux comme illustration.

    Cet article illustre que l’on n’a pas besoin d’être initié (d’avoir vu l’autre côté) pour écrire ce qu’on veut à son sujet.

    Pour finir, c’est pas dit dans cet article, mais RG n’a jamais parlé "d’aristocratie de l’esprit" (c’est plutôt une notion dans la pensée d’Evola). RG d’ailleurs, parlant d’"en haut", n’avait aucun intérêt (même lointain) à évoquer des ramifications politiques, et il l’a écrit maintes et maintes fois.

     

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    • #3562739
      Le 20 septembre à 14:51 par Hyacinthe Maringot
      Le réalisme spirituel en islam

      Point 1 : Pas de confusion possible entre philosophie et métaphysique. La philosophie, c’est l’amour de la Sagesse, pas la Sagesse elle-même. La première partie de l’article montre comment Corbin a cheminé jusqu’à la philosophie orientale. Ce n’est pas une hagiographie de Corbin, ni de Heidegger, ni de Husserl.
      Point 2 : L’article contient déjà cette précision au tout début de la deuxième partie, précision qui est d’ailleurs donnée par Guénon : "D’autre part, [...] les différents mondes, ou, suivant l’expression généralement admise, les divers plans de l’univers, ne sont point des lieux ou des régions, mais des modalités de l’existence ou des états d’être." Molla Sadra explique que le monde imaginal est présent ici et maintenant, mais que pour le percevoir, il faut s’y hisser par un degré d’être qui lui correspond. L’accès à ce monde ne se fait donc pas par le déplacement physique mais par le mode d’être.
      Point 3 Pas de révolution en métaphysique, c’est exact. C’est pour cette raison qu’il ne sagit pas d’une "révolution" métaphysique, mais philosophique, que Corbin nuance d’ailleurs car il explique que d’autres auteurs avaient déjà pressenti la préséance de "l’exister".
      Point 4 : Daumal a effectivement été influencé par Gurdjieff, par l’entremise de l’artiste Alexandre de Salzmannn. La vie de Daumal est plutôt chaotique et sa mort rapide est liée à ses excès. Néanmoins, son récit contient des passages qui sont de fait initiatiques, au milieu d’autres qui sont sans doute bien moins intéressants.
      Il faut qu’il y ait des initiés, et c’est une bonne chose si vous en faites partie : le problème, c’est surtout quand on prend l’initiation pour une élection. On voit suffisament aujourd’hui à quel point c’est une catastrophe quand des gens s’imaginent qu’ils sont élus.
      Enfin, on peut en redire sur à peu près tout le monde : Corbin, Daumal et même Guénon qui s’illusionnait sur le rite écossais rectifié. Mais ce n’est pas Corbin qui a inventé le monde imaginal, il n’a fait que traduire ce qu’il a lu chez les auteurs musulmans. Des auteurs, chiites en particulier, qui ont souvent puisé leurs sources chez les Imams (ce que l’on voit bien chez le philosophe Askhevari et son "guide du monde imaginal"). Or, les imams, qui pour les chiites détiennent la Gnose, c’est-à-dire la science intégrale, n’ont jamais parlé de monde imaginal. Le monde imaginal est le nom que les philosophes ont donné à une réalité métaphysique supérieure.

       
    • #3562799
      Le 20 septembre à 23:56 par gérard
      Le réalisme spirituel en islam

      Réponse très correcte, Hyacinthe Maringot. Je pensais que vous maîtrisiez moins ces sujets.

      Sur la philosophie amour de sagesse, j’aurais précisé que c’était la définition d’avant les lumières. Depuis, sa définition est surtout celle d’une spéculation mentalo-dialectique avec pour seule finalité cette spéculation. A peu près ce que RG explique.

      Sur les passages initiatiques de Daumal, et même Guerdjieff. Dans contre-initiation il y a contre-initiation. Ce point ne doit pas nous échapper. Par ailleurs, note toute personnelle, mais j’ai rencontré dans ma vie de grand "spirituels" qui étaient des contre-initiés et des méchants de première catégorie. D’ailleurs, le fameux Sadhguru transpire cela.

      Sur le fait que RG s’illusionnait de quoi que ce soit. Ceux qui en connaissent savent qu’il n’a pas écrit de manière illusionnée. Toute la cohérence de l’oeuvre qu’il a transmise s’en serait ressentie si c’était le cas, comme une fracture au milieu de la poterie.

      Pour le reste, rien à redire de sérieux. Je vous souhaite bonne pérégrination dans ces sujets, et, si cela vous correspond, l’initiation.

       
  • #3563412
    Le 23 septembre à 10:09 par M.M.
    Le réalisme spirituel en islam

    Daumal et ses amis d’enfance, les frères simplistes, furent très influencés par l’oeuvre d’Alfred Jarry. Ce dernier était un mystique et un hermétiste chretien comme en démontre ses belles revues consacrées à l’art : "l’Ymagier" et "Perhinderion" (Pardon-Pèlerinage en Breton).

     

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