Le 24 septembre dernier, Europe 1 annonçait que l’Éducation nationale avait décidé d’interdire désormais les redoublements.
Information immédiatement démentie par la rue de Grenelle, qui précise toutefois que le redoublement ne pourra plus se faire qu’en cas de rupture prolongée du lien pédagogique, et jamais sans l’accord des parents. J’imagine d’ici la probabilité d’un dialogue impromptu : "Et le vôtre, madame Michu ?" "Oh, j’ai exigé qu’il redouble sa sixième..." "Ah ? Il a un problème ?" "Pas vraiment, mais il ne maîtrise pas bien l’accord du participe avec le COD antéposé..."
Les redoublements coûtent cher
On se rappelle l’immortel principe : "Le facteur économique est déterminant en dernière instance." J’ai déjà proposé ici-même que l’on supprime le bac, sur cette base - 12 % de redoublants, en terminale, forment une minorité hors de prix pour un examen qui ne représente littéralement plus rien. Un redoublant, quel que soit son niveau, coûte à la nation près de 10 000 euros par an en moyenne. C’est bien cher, pour un bénéfice, disent les vrais pédagogues, des plus aléatoires.
Mais l’argument économique (le seul valable, au fond) n’est pas celui qu’a retenu la presse - en particulier Libération, qui s’est fendu de plusieurs articles pour expliquer combien les enseignants sont de vrais méchants qui décident en quelques instants, dans un conseil de classe dont l’élève concerné est exclu, de l’avenir d’un enfant ou d’un adolescent, condamné aux travaux forcés, aux redites et aux révisions un an durant. Sans compter que la France, souligne l’ex-quotidien de gauche, est l’un des pays de l’OCDE qui a le plus volontiers recours aux redoublements : 1 sur 5, contre 1 sur 8 en moyenne. Et comme nous avons à coeur de ne pas nous distinguer de nos voisins, il faut mettre un terme - ou au moins des garde-fous dissuasifs - à une discrimination aussi criante.
Le Monde a, comme d’habitude, fait chorus, dénonçant lui aussi une pratique (abusive, forcément abusive) qui aurait dû disparaître avec la loi Jospin (1989), qui a marqué de façon officielle le début de l’apocalypse molle dans laquelle s’est engloutie l’école de la République.