Le ministère promet des milliers de postes, mais, faute de candidats sérieux, 25 % d’entre eux ne seront pas pourvus. Chronique d’un désastre.
La ministre avait promis 4 000 postes supplémentaires pour organiser la grande gabegie de sa réforme du collège. Elle n’a pas de chance, des centaines de postes ne seront pas pourvus à la rentrée. La saison des concours de recrutement est derrière nous. Et l’on sait déjà que près de 5 000 postes, attribués par le ministère et mis à la disposition des jurys, ne sont pas pourvus. Promesses et Déficit vont en bateau, Promesses tombe à l’eau.
Quelques passionnés et beaucoup de médiocres
Les jurys sont méchants : ils ont gardé sous le coude près de 25 % des postes. Les 50 000 postes supplémentaires du candidat Hollande, auxquels aucun enseignant sérieux ne pouvait déjà croire en 2012, sont aujourd’hui un puissant sujet d’hilarité douloureuse. Les 4 000 promis par Mme Vallaud-Belkacem sont eux aussi un sujet de rigolade meurtrie.
Si les jurys n’ont pas attribué ces postes, c’est que les candidats étaient très faibles. Mais pourquoi l’étaient-ils ? Parce que les étudiants à peu près potables passent d’autres concours (dans la fonction publique territoriale, par exemple) ou se lancent dans d’autres carrières – le journalisme, l’édition pour les spécialistes de sciences humaines, l’industrie, via les écoles d’ingénieurs pour les scientifiques. Reste le rebut, et les passionnés. Les passionnés décrochent le concours – Capes ou agrégation. Quant au rebut…
Que se passe-t-il pour qu’un métier qui fait soi-disant tant de jaloux, à cause des vacances et d’horaires hebdomadaires allégés (croit-on), sans compter la sécurité de l’emploi – mais pour combien de temps encore ? – soit en définitive si peu attirant que seuls, ou presque, des étudiants en semi-échec optent finalement pour la profession d’enseignant ? Même le concours de professeur des écoles, qui a longtemps été une cible d’étudiants motivés et désireux de ne pas quitter leur région (quand on enseigne dans le secondaire, la première affectation est le plus souvent à des centaines de kilomètres de chez vous), ne parvient plus à faire le plein. Déjà que le seuil de recrutement était incroyablement bas (4,17/20 en moyenne, note Rue 89), l’État a été obligé d’instaurer un second concours en 2015 pour pallier les manques dans une académie éminemment sensible. Les cancres aussitôt sont accourus, le niveau a toutes les chances de monter. Mme Vallaud-Belkacem s’en félicite – de quoi ne se félicite-t-elle pas ?