L’interdisciplinarité est la pièce maîtresse de la lutte contre l’ennui qui minerait le collège. Une vision idéologique et dangereuse !
Il est une vieille ligne de partage des eaux entre « pédagogues » et « républicains » qui ne veut plus dire grand-chose. La vraie ligne de démarcation est entre tenants des pédagogies explicites (c’est-à-dire transmission de savoirs rigoureux) et des pédagogies implicites (« construction » par l’élève, « acteur » de sa propre instruction, d’un savoir de bric et de broc parfaitement hallucinant).
Rouleau compresseur
Dans un article tout à fait passionnant, Alain Beitone, professeur en classes préparatoires de Sciences économiques et sociales, auteur de manuels réputés, animateur inlassable d’une réflexion sur les pratiques pédagogiques, et incidemment homme de gauche, assène quelques vérités d’évidence – elles qu’il faut constamment répéter, car elles sont les premières, étant évidentes, à être réfutées par les idéologues.
« La critique des disciplines scolaires, note-t-il d’emblée, est devenue un véritable rouleau compresseur. » Et de citer l’Institut français d’éducation, qui, sous la plume de Catherine Reverdy, stigmatise les « carcans disciplinaires » auxquels elle préfère, bien sûr, les « contenus transversaux ». Il faut pour elle « éduquer au-delà des frontières disciplinaires ». C’est beau. Mais c’est idiot.
C’est idiot et c’est dangereux. C’est sur les « recherches » de tels illuminés que s’appuie le ministère pour promouvoir une réforme rejetée par plus de 80 % des parents et des enseignants. Mme Vallaud-Belkacem tient ferme sur ses positions – et peu m’importe, à moi, que le PS le paie comptant dans les urnes dans deux mois ou dans deux ans. Tout comme elle persiste à appuyer un enseignement de la lecture issu de pratiques aberrantes, alors que toutes les études les plus sérieuses vont dans le même sens : seules les méthodes de déchiffrage du code (en clair, les méthodes alpha syllabiques) donnent de bons résultats, surtout avec des élèves culturellement défavorisés. On a beau le répéter au ministre, il n’est pire sourd que celui qui est soumis aux diktats de l’idéologie. On essaie même de la réveiller en se moquant gentiment, rien n’y fait.