Le Centre national d’enseignement à distance scolarise 23 000 collégiens. Et il est la principale victime de la réforme de Mme Vallaud-Belkacem.
Le CNED scolarise à distance les enfants du voyage, les enfants malades ou handicapés, les sportifs ou les artistes, les enfants déscolarisés par choix (et dont les parents, qui suivent en général de très près ces scolarités taillées sur mesure, apprécient le fait que le CNED est par définition le seul organisme qui assure le traitement de la « totalité » des programmes, ce qui est rarissime dans les collèges ordinaires). S’y ajoute un nombre grandissant d’adolescents inscrits là par phobie scolaire. Enfin, il propose des compléments éducatifs à nombre d’enfants scolarisés à l’étranger, enfants d’expatriés par exemple, entrepreneurs ou personnels d’ambassades, qui ne trouvent pas dans les établissements lointains une nourriture pédagogique appropriée.
Un désastre programmé
En pratique, le CNED envoie les cours rédigés, réceptionne les copies des élèves, les corrige et les renvoie. Pour cela, il faut des enseignants prévenus assez tôt, en cas de changement des programmes, pour réécrire tout ou partie des anciens cours, les expédier à l’organisme qui les édite afin que les élèves les reçoivent dès le début de l’année scolaire, comme un manuel classique.
Mais, pour rédiger des cours conformes à des programmes qui, par la volonté de Mme Vallaud-Belkacem, changent dans toutes les matières et à tous les niveaux simultanément, afin de créer, dit le ministère, une situation irréversible, il faut des enseignants plus nombreux, qui ne peuvent être recrutés qu’avec des crédits adéquats.
Ces crédits n’ont été octroyés qu’en novembre 2015. Comme le rapporte le Snalc, premier syndicat à s’être penché sur le sort de ces 23 000 collégiens livrés aux fantaisies du ministère, « le retard de production est à l’heure actuelle extrêmement inquiétant et les conditions de travail deviennent insupportables ».