Nigel Farage, membre fondateur du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) et député européen qui a mené la bataille du Brexit, se trouvait à Prague, le 21 septembre 2017, pour soutenir Petr Mach, président du Parti des citoyens libres et candidat aux législatives tchèques du 20 octobre prochain. Lapravda.ch était présente à la conférence de presse animée par les deux hommes et a profité de l’occasion pour poser une question au tribun britannique.
Voici la traduction en français de cet échange :
Alimuddin Usmani : Le Commissaire européen pour la migration, Mr. Dimitris Avramopoulos, a demandé aux gouvernements de l’UE de réinstaller des migrants, directement depuis la Libye et d’autres pays africains. Avez-vous un commentaire à faire à ce propos ?
Nigel Farage : Très certainement. Il est intéressant que vous utilisiez le mot « migrants ». Il y a deux ans, on nous disait que c’étaient tous des réfugiés, des pauvres gens qui mourraient de faim et craignaient pour leur vie en raison de leur religion, leur appartenance raciale ou de quelque chose de ce genre. La vérité c’est qu’au moins 70% d’entre-eux n’auraient jamais dû recevoir le statut de réfugié. Je dirais qu’un pays comme le vôtre, la République tchèque, est sommé de payer les énormes erreurs historiques de Mme Merkel. Je ne vois pas pourquoi vous devriez le faire. Après tout, si la République tchèque, ou tout autre pays, ne peut pas décider elle-même de sa politique migratoire, elle n’est pas une nation souveraine. Dans bien des cas, notamment avec la Hongrie, la Pologne, la République tchèque ou la Slovaquie, des pays résistent par rapport à cette question. Et ils ont absolument raison de le faire.
Bien entendu, ils vont vous menacer, vous intimider, et vous imposer des sanctions. Je ne peux pas parler à la place de votre gouvernement mais je suis à peu près certain que le gouvernement hongrois ne va pas s’incliner face à ces intimidations. Une fois encore, toutes ces questions et tous ces problèmes soulèvent des questions fondamentales : À quoi sert l’Union européenne en réalité ? Qui représente-t-elle ? Est-elle vraiment là pour représenter les intérêts des États membres et de ses citoyens ou bien est-elle plutôt là pour se représenter elle-même ? Est-elle là pour assurer de bons salaires à ses fonctionnaires ? Limiter leurs impôts à 16% ? Leur permettre d’aller à d’excellentes réceptions ? Leur assurer de fabuleuses retraites ? D’avoir un très bon niveau de vie ? Je commence à croire que ce sont ces choses qui ont pris le dessus.
Voici un bon exemple pour illustrer ceci : nous avons voté en faveur du Brexit mais aucun d’entre-nous n’est protectionniste ou étroit d’esprit. C’est même le contraire. Nous voyons le Brexit comme une opportunité pour s’ouvrir à d’autres parties du monde. Il nous paraît évident que pour un pays comme le vôtre, qui est intégré dans un des marchés les plus importants du monde, qui nous vend plus de produits que nous ne lui en vendons, il est dans l’intérêt des entreprises et des travailleurs tchèques de trouver un bon arrangement. Pourtant, Messieurs Juncker, Barnier et Verhofstadt, ne veulent pas d’un simple accord commercial, ou du moins font de leur mieux pour y mettre un terme. Les questions fondamentales sont donc : à quoi sert l’Union européenne ? Qu’est-ce que Bruxelles est en train de faire ? Est-ce que l’UE représente vos intérêts de manière accrue ? La réponse est non.
Suite à cette conférence de presse, Nigel Farage s’est également adressé à plusieurs centaines de personnes lors d’une discussion publique. Tout en dénonçant la politique d’immigration de Bruxelles, Nigel Farage a également tendu la main aux musulmans et a mis en garde contre le risque de guerre civile. Voici un extrait :
« J’étais préoccupé par l’islamisme, l’extrémisme et le terrorisme, comme tout le monde peut l’être. Mais j’ai dit à Juncker et à d’autres au Parlement européen, en 2015, que notre prétendue compassion ne doit pas affecter notre manière de vivre. Je pense qu’il y a des nouveaux partis en Europe qui condamnent des religions dans leur totalité. De manière implicite, ils condamnent également tous ceux qui suivent ces religions. Nous avons commis l’erreur d’une intégration insuffisante. 20 000 personnes sont liées d’une manière ou d’une autre au terrorisme dans notre pays. C’est un problème sérieux et je ne souhaite pas le sous-estimer. Cependant, la plupart des musulmans qui vivent en Grande-Bretagne vivent de manière normale avec leurs voisins, leurs enfants vont à l’école. Si ces personnes devaient être entraînées dans une guerre contre leur religion, nous serions alors perdants. Nous avons besoin d’avoir à nos côtés les musulmans modérés pour qu’ils condamnent les extrémistes. Nous devons agir de manière résolue et ferme, c’est essentiel. Mais pour que nous puissions gagner les grandes batailles, nous devons également être sages et intelligents. »