Miloš Zeman vient d’être réélu président de la République tchèque ce samedi 27 janvier. Le chef de l’État a battu Jiří Drahoš en recueillant 51,36% des suffrages lors du second tour.
Les attaques de ses adversaires, qui ont souligné tout au long de la campagne son état de santé précaire, sa sympathie pour la Russie de Vladimir Poutine ou bien ses propos qui s’affranchissent du politiquement correct, n’auront pas porté leurs fruits. Même les Femen avaient tenté de perturber et d’influencer le vote.
« Ce vendredi 12 janvier, les Tchèques étaient appelés aux urnes pour élire le président de la République. Le président actuel, Miloš Zeman, candidat à sa réélection, se rendait dans un bureau électoral, peu après 15 heures, lorsqu’une militante Femen, dissimulée parmi les journalistes présents, s’est ruée sur lui en se dénudant. Elle portait l’inscription suivante sur sa poitrine : “Zeman est la pute de Poutine”. » (Source : lapravda.ch du 12 janvier 2018)
Si les électeurs des grandes villes et les diplômés semblent avoir voté massivement pour son adversaire, un novice en politique issu du monde académique, les petites gens des campagnes semblent avoir, eux, plébiscité Miloš Zeman. Nous avons posé trois questions sur ces résultats à Joseph Navrátil qui se trouve sur place en République tchèque.
Joseph Navrátil, vous résidez dans la Moravie rurale. Pouvez-vous confirmer que les gens qui vous entourent ont voté massivement pour Miloš Zeman ?
Oui, tout à fait, la quasi-totalité de mon entourage et de mes collègues ont voté pour Miloš Zeman.
Comment expliquez-vous ce vote dans les campagnes ?
Les gens de ma région craignent l’immigration et par-dessus tout l’islamisation de la République tchèque, telle qu’ils la perçoivent par exemple en France ou en Grande-Bretagne. Aujourd’hui, de nombreux Tchèques ne voient plus l’Occident comme un exemple car ils pensent que le multi-culturalisme y a échoué (ils citent souvent le terrorisme pour illustrer leur point de vue). Zeman, est certes social-démocrate, mais il l’est « à la sauce tchèque » et, comme la plupart des gens ici, il est hostile à l’immigration. Malgré le fait que Drahoš se soit prononcé contre l’acceptation des quotas de migrants imposés par l’UE, les gens ici le voyaient comme le candidat du progressisme et de l’ouverture.
Jiří Drahoš était également en faveur d’un renforcement avec l’Otan. Diriez-vous que le vote pour Zeman exprime également une volonté souverainiste ?
Personnellement, je n’entends pas beaucoup les gens critiquer l’Otan ou la politique US. Surtout en ce qui concerne la jeune génération. Les personnes de plus de 40 ans sont parfois critiques envers les agissements des USA et de l’Alliance atlantique. De manière générale, ils ont un meilleur sens critique. Les moins de 40 ans, par contre, semblent hypnotisés par les USA et n’émettent donc aucune critique vis-à-vis de ce pays ou de l’alliance militaire qu’il dirige de facto. Pour cette raison, je ne pense pas que les postures de Drahoš et de Zeman à l’égard de l’Otan aient eu un poids significatif dans ces élections. Pour terminer, la question de la souveraineté est plutôt abordée en République tchèque lors des débats sur l’UE.
Propos recueillis par Alimuddin Usmani