Saïda Keller-Messahli est née le 25 juillet 1957 dans un petit village tunisien près de Bizerte. Veuve et mère de deux enfants, elle est la fondatrice et présidente du Forum pour un islam progressiste. Présentée par les médias dominants en Suisse comme « une militante infatigable d’une vision tolérante et ouverte de l’islam » ou bien comme une femme qui « se bat pour un islam à visage humain », elle est régulièrement invitée pour fournir sa vision très réformée et très particulière de l’islam. Qui est-elle vraiment ? Quelle est sa légitimité pour parler au nom des musulmans ? Enquête.
Son premier contact avec la Suisse date de 1964. À l’âge de 7 ans elle est en effet envoyée par Terre des hommes, en Suisse, à Grindelwald, dans une famille d’accueil où elle va rester cinq ans. Elle a donc un contact très précoce avec les organisations qui se réclament de l’idéologie des droits de l’homme. Une idéologie qui la suivra tout au long de son parcours qui a le mérite de la constance, puisqu’elle a reçu, tout récemment, le Prix suisse des Droits de l’Homme 2016.
L’idéologie des droits de l’homme est le marqueur de tous les réseaux mondialistes à l’instar de celui du milliardaire américain George Soros, qui, sous couvert de philanthropie, exerce son influence pour déstabiliser les parties du monde qui ne se soumettent pas à l’idéologie qu’il défend. Fait intéressant, l‘ambassade américaine en Suisse n’hésite pas à mettre en avant Saïda Keller-Messahli sur son site internet, dans le cadre d’un événement qui fait la promotion de la gouvernance des femmes.
Saïda Keller-Messahli semble à l’évidence chargée d’une mission. Elle est régulièrement invitée par de grands médias pour distiller ses idées. Elle ne propose pas moins de réécrire le Coran à cause de certains passages (à partir de 8 minutes 51). Outre le fait que cette proposition révèle une arrogance sans borne, on peut imaginer le tollé que susciterait l’invitation constante par les médias d’un réformateur juif qui proposerait de réécrire le Talmud ou l’Ancien Testament, qui contiennent pourtant également des passages problématiques.
Parmi les personnes qui semblent vouloir promouvoir Saïda Keller-Messahli, on trouve notamment Mireille Vallette qui l’a interviewée pour son blog en 2014. Cette féministe qui fait son fond de commerce sur l’islam en le critiquant parfois de manière un peu hystérique, avec une voix de crécelle. Saïda Keller-Messahli est donc autant encensée par des gens à la marge que par le système médiatique qui la sollicite régulièrement.
Quel est finalement son projet ? Qu’est-ce qui se cache derrière son projet réformiste ?
L’essayiste franco-suisse Alain Soral avait dénoncé le projet réformateur de Tariq Ramadan. Même si le profil de Tariq Ramadan est assez différent de celui de Saïda Keller-Messahli (Ramadan jouant le rôle de défenseur des valeurs islamiques et Keller-Messahli celui de pourfendeuse de celles-ci), on peut se demander s’ils ne font pas tous les deux partie d’un petit théâtre médiatique servant les intérêts de ceux qui ont pour but ultime de déstructurer la religion musulmane. La question mérite en tous les cas d’être posée.
Voici un extrait de l’analyse d’Alain Soral [la partie du discours concernant la fonction objective de Tariq Ramadan couvre les 15 premières minutes, NDLR] :
« Ramadan est un réformateur de l’islam. Nous savons qu’il est dans le projet de domination mondiale de faire, ce qui est pour nous les catholiques, un Vatican II de l’islam. En fait, l’Empire mondialiste, qui se soldera par un Grand Israël avec pour capitale mondiale Jérusalem, devra tout de même gérer un monde musulman. Celui-ci sera géré par la mise en place d’un petit califat, entièrement sous contrôle américano-sioniste bancaire. Ce petit califat ne pourra exister que s’il y un aggiornamento, c’est-à-dire un Vatican II de l’islam. Je pense que Tariq Ramadan est l’homme qui a été choisi pour pondre ce Vatican II de l’islam qui va correspondre à, ce qui a été pour nous, la soumission intégrale du catholicisme et de ce qu’il représente aux valeurs maçonniques et à l’universalisme maçonnique qui est le substrat de l’Empire mondialiste. C’est pour nous la trahison totale des Évangiles et de ce que pourquoi le Christ est venu. Car le Christ est venu pour dénoncer le Sanhédrin et les Lévites comme traîtres à l’alliance et comme élites qui avaient retourné une promesse divine en inversion satanique. C’est clairement dit dans les actes des Apôtres et dans les Évangiles. Je pense que le rôle de Ramadan, j’extrapole, est finalement de préparer, par son travail théologico-modernisto-amphigourique, ce Vatican II de l’islam. Ce travail a finalement plus à voir avec le baratin talmudique qu’avec la saine exégèse islamique. Je ne ressens pas ce type comme un religieux mais totalement comme un politique. Il a bien pris de Bernard-Henri Lévy toute cette dialectique, où les trois-quarts des concepts viennent de l’universalisme anglo-saxon et de la maçonnerie. Il y a très peu d’islam dans son baratin. Payé par le Qatar et l’Angleterre, ce qui est assez logique, il va produire le corpus idéologique d’où sortira le Vatican II, l’aggiornamento islamique qui sera finalement cet islam moderne mondialisto-compatible sous domination américano-sioniste et dont il pourra effectivement tirer les marrons du feu. Je pense qu’il est dans cette logique, sa progression et son évolution désignent tout ça de manière évidente et explicite. »
Cette description, qui pourrait s’appliquer à Saïda Keller-Messahli, est effectivement troublante si on analyse son parcours et le discours qu’elle distille sur les plateaux de télévision. On peut spéculer sur le niveau de conscience de Saïda Keller-Messahli, si elle représente ou non une idiote utile du système. Ce qui est à peu près certain, c’est que la promotion médiatique de celle-ci n’est pas entièrement le fruit du hasard et correspond à un agenda bien précis. La mise en avant d’une figure musulmane qui se réclamerait avant tout des valeurs patriotiques serait bien plus efficace dans l’apaisement des tensions naissantes entre musulmans et non-musulmans. La promotion de Saïda Keller-Messahli contribue au contraire à exacerber les tensions et à déstabiliser le fragile équilibre helvétique.