Egalité et Réconciliation
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La recherche scientifique du magnésium perdu

Dans un élan d’optimisme spontané, nous adhérons à l’idée que la science et les progrès technologiques qui en découlent, profitent à l’ensemble de la population. Pourtant l’efficacité est loin d’être toujours au rendez-vous sur des sujets simples et pratiques. Ce que le grand public ne sait pas, c’est que la médecine de la preuve, qui s’appuie sur le prestige des essais en double aveugle, aboutit souvent à une impasse [1]. Beaucoup de ces essais coûteux se sont montrés incapables de servir la pratique médicale quotidienne. À tel point que l’on peut aujourd’hui légitimement se demander si, en définitive, nous n’aurions pas là une déclinaison de l’art d’enfoncer des portes ouvertes. Une récente étude publiée dans Nutrients [2] servira à la fois de petite révision naturopathique sur les vertus du magnésium – toujours utile dans l’optique d’une prise en charge autonome de sa santé – et d’illustration de la déconnexion de la recherche médicale des besoins concrets des malades et des médecins.

 

Un carrefour de bonne santé

Le magnésium est un oligo-élément vraiment essentiel, puisqu’il ne régule pas moins de 80 % des fonctions métaboliques connues. Il participe à des centaines de réactions enzymatiques qui garantissent le bon huilage des différents rouages de nos fonctions corporelles. Ainsi, le magnésium joue un rôle majeur dans le transport du calcium et du potassium, et la signalisation cellulaire, c’est-à-dire la communication des cellules entre elles pour coordonner leur action. Le magnésium intervient aussi dans le métabolisme énergétique permettant au corps de produire son énergie à l’échelle de la cellule. Il participe encore à la stabilité du génome, ainsi qu’au processus de réparation et de réplication de l’ADN. Alors que plus d’une personne sur deux ne couvre pas ses besoins journaliers en magnésium, maîtriser l’apport et l’absorption du magnésium est donc essentiel en santé humaine. Il fallait bien que la science s’empare de la question.

 

De l’étude des causes de sa raréfaction

À l’échelle agricole, l’évolution des modes de cultures a considérablement appauvri les sols en minéraux naturels, et en particulier en magnésium. L’utilisation d’engrais à base de phosphate est connue pour générer la production de complexes de phosphate de magnésium, insolubles dans l’eau, qui prive le sol à la fois de phosphore et de magnésium. La recherche du rendement maximum a eu également un effet néfaste sur la teneur en magnésium des fruits et surtout des légumes, qui en ont ainsi perdu 80 à 90 % en un siècle. Déjà dans les années 1930, le74e Congrès des États-Unis avait tiré la sonnette d’alarme en alertant sur la pénurie de magnésium et d’autres minéraux dans certains produits [3]. Les sources alimentaires, qui sont pourtant nombreuses, ne suffisent donc pas. Les aliments les plus riches en magnésium sont les légumes verts à feuilles (78 mg/portion), les fruits à coque (80 mg/portion) et les céréales complètes (46 mg/portion), mais la recherche montre qu’aucun de ces aliments ne représente un pourcentage suffisamment élevé, ni n’est consommé de manière suffisamment régulière, pour assurer un apport adéquat en magnésium.

Cette teneur réduite dans les matières premières alimentaires se complique ensuite par leur transformation industrielle, par l’abandon du cuisiné maison et l’extension de la junk-food. En effet, la carence s’aggrave avec l’augmentation de consommation d’aliments « usinés ». Les céréales blanches, c’est-à-dire raffinées, ainsi que la cuisson des légumes, pourrait entraîner jusqu’à 80 % de perte en magnésium. Les sodas, riches en acide phosphorique, ainsi que des taux élevés de phytates, de polyphénols et d’acide oxalique dans certains aliments contribuent au problème, en raison de leur pouvoir chélateur. La réduction des protéines dans la ration alimentaires aggrave encore le problème. L’eau du robinet contient une bonne dose de magnésium, mais le fluor gêne son absorption par production de complexes insolubles. Le recours à des systèmes de filtration – pour d’excellentes raisons – concourt malheureusement au même phénomène. La consommation de café et d’alcool augmentent de leur côté l’excrétion rénale du magnésium, tout comme les diurétiques [4]. Pour finir, certains médicaments ont un effet délétère sur l’absorption du magnésium, en particulier les antiacides en raison de l’augmentation du pH du tractus gastro-intestinal [5], les antibiotiques [6], ou les contraceptifs [7].

 

Considérations anatomiques

Pourtant, à la différence d’autres minéraux, le gros intestin dans son intégralité assure l’absorption du magnésium, dans des proportions différentes toutefois. Mais le mécanisme d’absorption est si complexe que l’article explique qu’« une grande confusion règne dans la littérature ».

Deux types de transports, actif et passif en assurent la fonction. La science sait particulièrement bien les décrire :

« Lorsque les concentrations intestinales de magnésium sont plus faibles, un mécanisme de transport transcellulaire et saturable prédomine et repose sur un transporteur actif, les TRPM6 et TRPM7 […] Les TRPM6 et TRPM7 sont très sensibles aux niveaux de magnésium intracellulaire, ce qui entraîne l’inhibition et la saturation du transport transcellulaire à des concentrations de magnésium plus élevées, l’absorption du magnésium étant alors dominée par le transport paracellulaire. » [8]

 

Absorption et stockage d’une grande complexité

À cela s’ajoutent des problèmes d’absorption et de solubilité, liés à la forme de magnésium utilisée (sel inorganique, sel organique, etc.). Une fois absorbé, le magnésium est distribué dans tout l’organisme pour être utilisé. La zone la plus importante de magnésium stocké reste les os. D’autres facteurs jouent un rôle dans l’homéostasie du magnésium, comme la fonction rénale, puisque 5 à 70 % du magnésium filtré peut être excrété dans les urines, en fonction de variables en constante évolution (alimentation, régulation hormonale, mobilisation à partir des os et des muscles, prises médicamenteuses). Il faut rajouter à cela la variable du sexe, puisque les œstrogènes améliorent l’utilisation du magnésium, en favorisant son absorption par les tissus mous et durs. C’est ce qui fait que les femmes jeunes retiennent mieux le magnésium que les hommes, surtout en période ovulatoire, ou quand elles prennent la pilule. L’indice de masse corporelle (IMC) peut également affecter le statut en magnésium, en particulier chez les femmes et les enfants. L’article nous apprend qu’il a été démontré que les patients considérés comme obèses (IMC ≥ 30) consomment moins de magnésium et ont un statut en magnésium réduit par rapport à des témoins non obèses du même âge.

 

Le verdict de la science

La science admet que tous ces paramètres sont trop difficiles à maîtriser, et qu’ils sont susceptibles par conséquent de fausser les études sur le magnésium humain. Bien que beaucoup d’études aient été menées, il n’a pas non plus été possible pour la recherche de trancher sur le compartiment du sang qui serait le mieux à même d’évaluer le déficit en magnésium : sang, urine, matières fécales, épithélium, ou salive. Ainsi, aucun biomarqueur de la carence en magnésium, commercialement viable et sans ambiguïté, n’a pu être identifié ni validé. La recherche scientifique de la maîtrise des taux de magnésium dans le corps a fait choux blanc.

L’article conclut que les études cliniques sur la supplémentation en magnésium chez l’homme sont difficiles à extrapoler et à interpréter. Selon une tournure souvent utilisée dans les publications scientifiques, la recherche sur le magnésium est décrite comme « loin d’être complète » et « les conclusions qui ont été tirées sont loin d’être claires ».

 

Que faire en pratique ?

Le déficit en magnésium est associé à de nombreuses maladies, notamment l’hypertension, les maladies coronariennes, le diabète, l’ostéoporose ou les troubles neurologiques. Si aucun test de laboratoire standardisé n’est capable de décrire avec précision l’état du magnésium, alors nous ferons sans ! C’est-à-dire que nous ferons comme nous avons toujours fait. Un patient qui s’alimente mal, en consommant par exemple trop de sodas, de café ou d’aliments transformés, qui utilise des médicaments néfastes pour le magnésium (diurétiques, antiacides, contraceptifs oraux, etc.), qui de surcroît est malade (cardiopathie ischémique, diabète ou ostéoporose), et qui se plaint de crampes dans les jambes, de troubles du sommeil ou fatigue chronique, est un bon candidat. Il doit tout à la fois changer son mode de vie, et prendre du magnésium.

Loin des essais randomisés coûteux, l’importance de se supplémenter avait été démontrée par le docteur André Gernez à la fin du siècle dernier. Le docteur Gernez – dont Wikipédia nous dit dès la première phrase qu’il est un charlatan [9] – avait pourtant étudié la relation entre la carence alimentaire en magnésium en raison de l’appauvrissement des sols, et les records de cancérisation dans les pays ou elle sévissait, comme la Belgique par exemple. On peut remarquer que l’article de Nutriens a fait l’impasse sur un autre facteur important corrélé au magnésium : l’alcoolisme. Notre charlatan français, sans études en double aveugle, avait mis en évidence le lien entre le manque de magnésium, l’alcoolisme et la pathologie cancéreuse.

« En France, les régions détenant le record de mortalité cancéreuse sont aussi celle qui détiennent le record de mortalité par cirrhose alcoolique. Le lien procède du fait que l’alcoolisme engendre deux facteurs favorisant essentiellement les cellules cancéreuses : l’hypomagnésinémie – c’est-à-dire la perte de fixation de magnésium – et l’alcalose. On comprend la relation qui lie les mortalités alcoolique et cancéreuse. » (Jean-Claude Meuriot & Jacques Lacaze [10])

 

Conclusion

Alors que la référence à la science est devenue aux yeux de tous une sorte de label de qualité, la réalité est moins reluisante. Les essais se perdent souvent dans un labyrinthe de questions de détails et de réponses inutiles, non pas à la connaissance en général, mais à celui en particulier qui cherche seulement à améliorer la santé de ses patients. L’appréciation d’une chose aussi complexe que la vie, au sein de laquelle l’équilibre de toutes les fonctions du corps humain reste fragile, n’est pas – il faut sans cesse le rappeler – réductible à une équation mathématique. La conclusion de cette longue étude sur le magnésium se termine par le conseil d’« augmenter les fourchettes » et de tenir compte des paramètres individuels. Soit, en d’autres termes, faire son travail de clinicien par l’interrogatoire et le suivi. Puisqu’on pouvait offrir cette sage conclusion pour beaucoup moins cher, la recherche scientifique du magnésium perdu revient, en somme, à tuer une mouche avec un canon…

– Béa Bach pour la Section Santé d’E&R –

Notes

[1] « The comparison of observational studies and rendomized, controlled studies » New England Journal of Medicine, 2000

[2] « Challenges in the Diagnosis of Magnesium Status », Nutrients sept 2018

[3] Senate Document 264, 74th Congress, 2nd Session, 5 June 1936

[4] Dørup I. Magnesium and potassium deficiency. Its diagnosis, occurrence and treatment in diuretic therapy and its consequences for growth, protein synthesis and growth factors. Acta Physiol. Scand. Suppl. 1994 ;618:1–55.

[5] William J.H., Danziger J. Magnesium Deficiency and Proton-Pump Inhibitor Use : A Clinical Review. J. Clin. Pharmacol. 2016 ;56:660–668. doi : 10.1002/jcph.672

[6] Polk R.E. Drug-drug interactions with ciprofloxacin and other fluoroquinolones. Am. J. Med. 1989 ;87:S76–S81. doi : 10.1016/0002-9343(89)90028-4

[7] Dante G., Vaiarelli A., Facchinetti F. Vitamin and mineral needs during the oral contraceptive therapy : A systematic review. Int. J. Reprod. Contracept. Obstet. Gynecol. 2016 ;3:1–10. doi : 10.5455/2320-1770.ijrcog20140301

[8] « Challenges in the Diagnosis of Magnesium Status », Nutrients sept 2018

[9] https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%...

[10] Pour une politique publique de prévention active des cancers, les propositions du docteur André Gernez, Jean-Claude Meuriot & Jacques Lacaze, Éditions de la Renaissance, 2012.

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17 Commentaires

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  • #3340367
    Le 24 mars 2024 à 18:35 par Jean
    La recherche scientifique du magnésium perdu

    Merci Béa !
    Je vais intensifier ma consommation de bananes écrasées avec de la poudre de cacao cru... C’est délicieux en plus !

     

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  • #3340412
    Le 24 mars 2024 à 20:05 par Gorce
    La recherche scientifique du magnésium perdu

    Une source de magnésium facile, c’est le sel de nigari. 10 EUR le kil. C’est du magnésium à 78 pour cent. Une pincée dans un fond de verre d’eau au dernier repas et en 3 jours vous dormez comme un bébé. Ne pas boire d’alcool.

     

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  • #3340419
    Le 24 mars 2024 à 20:12 par driir
    La recherche scientifique du magnésium perdu

    En vieillissant, j’ai eu de graves insomnies et j’ai commencé à prendre du magnésium en comprimés. Mes insomnies ont disparu et je dors désormais très bien. Je serais allé voir un médecin, il m’aurait sûrement donné des somnifères. Si vous avez le même problème, essayez ce remède simple !

     

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  • #3340427
    Le 24 mars 2024 à 20:24 par Place Octave
    La recherche scientifique du magnésium perdu

    Ce que dit le docteur Gernez en fin de vidéo concernant le dogmatisme, est vécu de nos jours par Jean-Pierre Petit (MHD, ZMachine, Janus..). Quoiqu’il en soit, la prospérité existe, elle est à l’Est !

     

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  • #3340436
    Le 24 mars 2024 à 20:34 par Goldan
    La recherche scientifique du magnésium perdu

    Personnellement j’utilise le Nigari, à petite dose dans pratiquement toutes mes préparations culinaires pour avoir ma dose journalière

     

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  • #3340590
    Le 25 mars 2024 à 06:30 par 212
    La recherche scientifique du magnésium perdu

    Le cacao ! Un vrai "superaliment". A consommer sans modération.

     

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  • #3340648
    Le 25 mars 2024 à 09:41 par Odyle
    La recherche scientifique du magnésium perdu

    Je conseille le magnesium transcutané de la marque Zechstein.
    Il m’a permis de résoudre mes crampes douloureuses la nuit et un intestin paresseux !
    Je l’utilise en massage sur le ventre.

     

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  • #3340652
    Le 25 mars 2024 à 09:53 par Artulo
    La recherche scientifique du magnésium perdu

    Merci Béa, vous êtes au top !
    Chlorure de magnésium (sel de nigari) pour tous, et même au potager ; c’est l’un des meilleurs remèdes existants, en préventif, palliatifs et en cas d’urgence.
    À toujours avoir sur soi, la résistance est aussi immunitaire ;)

     

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  • #3340705
    Le 25 mars 2024 à 12:11 par Rico
    La recherche scientifique du magnésium perdu

    Minéraux gratuits : jus frais d’orties.

    Supplément payant : Quinton isotonique

     

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  • #3341513
    Le 27 mars 2024 à 04:01 par pierrot
    La recherche scientifique du magnésium perdu

    L’article était trop long à lire , ce que je ne fait jamais j’ai envoyé le lien ma femme .
    Elle est dans la chimie et le médical , sont père était pharmacien.
    Ma femme s’occupe de mon pilulier en faite elle ma dit qu’elle me met du magnésium.
    Par contre le magnésium en mélange
    MAIS
    Le Magnésium et le Potassium sont deux minéraux qui jouent non-seulement un rôle important dans la contraction musculaire et dans la transmission de l’influx nerveux, ils sont aussi impliqués dans le fonctionnement de diverses voies métaboliques, dont celle permettant la production d’énergie cellulaire.

    Il suffit d’un déséquilibre pour tuer quelqu’un , l’euthanasie dans le médical s’est facile

     

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