La nouvelle fait l’effet d’une bombe. L’Italie envisage de fournir 200 000 visas temporaires aux migrants qui ont rejoint récemment ses côtes.
C’est ce qu’ont laissé entendre au quotidien britannique The Times, Mario Giro, vice-ministre italien des Affaires étrangères et le sénateur du Parti démocrate Luigi Manconi.
Les politiciens italiens estiment qu’ils peuvent utiliser la Directive européenne 2001/55 qui leur permet de fournir des visas européens à un grand nombre de personnes. Les migrants, africains pour la plupart, pourraient ainsi continuer leur voyage en direction du Nord de l’Europe sans encombre.
Mattia Toaldo, analyste au Conseil européen pour les relations internationales, a décrit l’idée comme une « option nucléaire ».
D’après lui :
« Si les migrants continuent à affluer et que l’Italie décide de leur donner des papiers pour quitter le pays et traverser les frontières, cela serait une option nucléaire. »
« Les Italiens ont perdu tout espoir de recevoir de l’aide de l’UE et pourraient dire : “Si vous ne voulez pas en faire un défi commun, nous allons le faire” », souligne l’analyste.
Il n’y a pas qu’en Italie que la colère monte. Une colère qui n’est pas dirigée vers les malheureux qu’on refourgue par navires de déportation entiers, mais vers les organisateurs de ce chaos.
Dans tous les pays européens se lève un vent de résistance. Cette réaction saine est manifeste en République tchèque.
Alimuddin Usmani a traduit la lettre de l’économiste tchèque qui suit en français.
Jiří Weigl : « Nous ne pouvons pas résoudre les problèmes de la planète en déplaçant des millions de personnes »
Jiří Weigl est un économiste tchèque, né en 1958, qui a co-écrit un livre, avec l’ancien président tchèque Václav Klaus. L’ouvrage est intitulé Migration des peuples, bref manuel pour comprendre la crise migratoire actuelle et il est édité en français par L’Harmattan.
La République tchèque a annoncé en juin dernier qu’elle n’accepterait plus aucun quota de migrants de Grèce ou d’Italie. Une attitude qui ne plaît pas à Bruxelles qui a ouvert une procédure d’infraction contre la Pologne, la Hongrie et la République tchèque pour les mettre au pas. La position de Prague paraît intransigeante aux yeux de certains, néanmoins l’économiste tchèque met en garde contre une posture de façade et évoque une sortie nécessaire de l’UE au cas où la République tchèque ne pourrait pas prévaloir dans ce bras de fer.
Une chose essentielle
La République tchèque a l’intention de se défendre face aux exigences de l’UE sur les répartitions de migrants en soulignant que l’Italie et la Grèce ont une attitude laxiste et en répétant un argument auquel font allusion en permanence les politiciens tchèques et qui indique que les quotas de répartitions de migrants ne fonctionnent pas.
Si c’est, en effet, le cas jusqu’à présent, cela ne doit pas constituer la raison principale de notre refus d’assurer la colonisation de notre propre pays par des Africains et des peuples orientaux, sous l’égide de l’UE. Est-ce que cela signifie que si les quotas obligatoires fonctionnaient, à savoir que les autres pays les respectaient, les Italiens et les Grecs coopéraient et que les migrants acceptaient d’être relocalisés chez nous et restaient sur notre territoire, tout serait en ordre et nous participerions de notre plein gré au projet ?
Si c’est le cas, alors nos politiciens doivent le dire avant tout à la société tchèque. Avant les élections, il serait bon de savoir qui pense quoi et qu’est-ce qu’il a l’intention de faire en réalité. Nos partenaires dans l’UE ont l’intention de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que les quotas fonctionnent, ils ne s’en cachent pas.