Monsieur Cukierman,
Vous avez récemment pondu un billet sous forme de rêverie, lequel fut illico publié par le journal Le Monde, dans la rubrique « Idées » [1]. Vous nous y livrez votre cauchemar :
« Il est 20 heures ce 14 mai 2017. Le visage de Marine Le Pen se dessine lentement sur les écrans de télévision de millions de Français, au soir du second tour de l’élection présidentielle.
Elle devient le 8e président de la Ve République. C’est un séisme politique. »
Fait intéressant, vous envisagez deux versions de ce scenario anxiogène :
Marine Le Pen prend le pouvoir en renonçant à sa ligne économique, ce qui semble vous convenir :
« Nous conservons l’euro et notre pays poursuit cahin-caha sa trajectoire économique, avec des secousses mais sans cataclysme. »
« Marine Le Pen applique ses promesses à l’encontre de l’Europe et du reste du monde » et là, vous annoncez avec certitude :
« Le nouveau franc s’effondre, le déficit extérieur plonge, nos exportations chutent, nos entreprises ferment, le chômage explose, la violence prospère. »
D’aucuns pourraient s’interroger sur cette certitude quant aux conséquences qui adviendraient si Marine Le Pen tenait ses engagements économiques, mais ils sont de moins en moins nombreux ceux qui ne voient pas combien cette prospective n’est que le masque d’une menace.
Parvenu à ce stade de la démonstration, le lecteur avisé aura compris que les maîtres de la haute finance internationale que vous servez ont déjà prévu de tirer à boulets rouges sur la France au cas où elle s’affranchirait de la tutelle impériale de l’Union Européenne. Comme vous le résumez si bien :
« (...) au mieux le FN se renierait économiquement, (...) au pire il tiendrait parole. »
Par contre, si un Front National châtré ayant renoncé sous la pression à son programme d’indépendance nationale vous semble un moindre mal, il est toujours plus sûr de tuer un taureau que de le monter :
« Mais, dans tous les cas, moi qui ai été un enfant caché pendant la Seconde Guerre mondiale, je frémis de voir notre pays sombrer dans un régime où le populisme refuse les opinions minoritaires, rejette ce qui s’écarte de ses normes, redéfinit à sa sauce les droits et les libertés. Un régime où la critique est une trahison, où l’autorité est dévoyée au profit des affidés du pouvoir, où les principes républicains s’effacent devant les partis pris idéologiques, où l’on prétend que les difficultés disparaîtront quand les boucs émissaires auront été expulsés hors de nos frontières. »
Monsieur le président du CRIF, je ne me suis pas caché pendant la guerre mais j’ai vu mon pays sombrer dans un régime où le sionisme refuse l’opinion majoritaire, rejette ce qui incarne la norme, redéfinit à sa sauce le droit et la liberté. Un régime où la critique est une tartufferie sous contrôle, où l’autorité est dévoyée au profit des infiltrés du pouvoir, où les principes républicains s’effacent devant le parti pris israélien, où l’on prétend que les difficultés disparaîtront quand les patriotes auront été expulsés hors de leurs frontières. Alors comprenez bien que les noires perspectives que vous tracez ne font frémir que ceux qui ont beaucoup à perdre à ce que la France reprenne sa liberté. Et ils ne sont pas nombreux en dehors des cénacles du pouvoir illégitime qui saigne le pays.
À la majorité (ainsi les techniciens pastoraux nomment-ils le peuple), que vous méprisez tant, vous adressez un conseil :
« Surtout, le troc de l’espérance de la sécurité contre la liberté est toujours un échange perdant. »
Puisque vous démontrez plus haut que choisir la liberté exposerait le peuple de France à l’insécurité, nous suivrons donc votre recommandation avec bravoure. Face au cauchemar d’une possible victoire du Front national aux élections présidentielles de 2017, vous préconisez un réveil des consciences... Lequel ?
« Se réveiller, c’est regarder notre société telle qu’elle est, avec ses identités, ses divisions, ses “territoires perdus” qui sont de plus en plus vastes et menaçants. Ne laissons plus le FN poser ses mots – ses maux – sur la réalité (...). »
Passons sur la chutzpah exemplaire dont vous faites preuve en insinuant au moyen d’une lacanerie de cour d’école que le parti de Madame Le Pen serait à l’origine des maux de notre société... Il y a plus important. Pour ceux qui ne seraient pas rompus aux messages sibyllins que distillent vos propos, traduisons : se réveiller, c’est combattre l’Islam.
Oui, l’Islam. Car toujours plus nombreux sont ceux qui commencent à voir que l’islamisme n’est qu’un golem conçu pour le détruire... Pourtant, le parti nationaliste français remplit son rôle en jouant la partition antimusulmane que vous applaudissez, non ? Certes, mais pour le CRIF, c’est faire le travail à moitié.
Vous rêvez, Monsieur Cukierman, d’un parti islamophobe et mondialiste, soumis à l’Union européenne et aux « marchés », nom pudique dont on affuble les prédateurs financiers, ces grands oiseaux de proie sous les ailes desquels vous vociférez au nom d’un peuple que vous voyez comme du bétail.
Trop patriote, le Front national ?
« Le fonds de commerce du FN reste l’idéologie de la xénophobie sociale et économique. »
Il y a de quoi frémir en vous lisant : des étrangers auraient-ils investi le champ social et économique de notre beau pays ? À moins que vous ne fassiez allusion à l’infiltration perse des hautes sphères du pouvoir en France ? Peut-être vous faudra-t-il un jour nous expliquer ce que signifie l’expression « xénophobie économique »...
En avril 2002, vous espériez que « la victoire de Le Pen (...) servirait à réduire l’antisémitisme musulman et le comportement anti-israélien, parce que son score est un message aux musulmans leur indiquant de se tenir tranquilles [2] ». Je constate que vous n’avez pas cessé de considérer ce parti comme un épouvantail dont la seule fonction salutaire serait d’effrayer les musulmans de France. En effet, la manœuvre a fait ses preuves depuis les années Mitterrand, quand vos petites ouailles mahométanes couraient dans les bras de leurs « potes » de la Rose, inconscients de se faire enlacer par des épines.
Les temps ont changé. Cette stratégie a connu sa dernière heure de gloire avec la farce batave que vous nous avez concoctée en 2012. Vous craignez une perte de contrôle du parti de la nation par votre confrérie au cas où il serait en mesure de diriger la France, je vous comprends, Monsieur Cukierman.
Mais sachez que pour de nombreux patriotes dont je suis, votre crainte est notre espoir.
En guise de conclusion, je vous renvoie donc la vôtre :
« Il est des réveils brutaux, mais salutaires. J’aime mon pays. Même si la vie est devenue plus difficile, il fait bon vivre en France, le pays de la liberté. Nous avons la responsabilité collective de tout faire pour qu’il continue d’en être ainsi. »
Max Lévy
À lire également, sur E&R : Qui est Roger Cukierman ? (par la revue Faits & Documents)