Bonjour Mr Soral
Je vous écris d’Algérie.
Il est manifeste que vous avez préféré observer une certaine neutralité concernant le traitement des événements qui secouent l’Algérie actuellement. Que ce soit pour des raisons éditoriales ou par prudence, votre posture reste respectable.
Du fond des événements, je vous écris, pour vous apporter un petit témoignage, assez personnel.
Les événements s’enchaînent à une vitesse vertigineuse, en 2 à 3 jours d’écriture de ce courrier, tant de choses ont déjà changé, ça m’a fait même hésiter à l’envoyer.
Ne vous sentez pas personnellement concernés par tous les « Vous » de mon courrier, à travers vous je m’adresse quelques parts aussi à vos compatriotes et dirigeants. Que vous jugiez utile de le publier ou pas, cela ne change rien à mon plaisir de vous avoir écrit.
La décennie noire algérienne et le printemps arabe aidant, nous avons longtemps considéré, même à contre cœur, que nos dirigeants sont contextuellement le moindre mal pour nous. Avec toute notre souffrance quotidienne, l’Algérie n’a jamais cédé aux chants des sirènes de la démocratisation par les bombes. Un choix assumé, un peu par sens de l’honneur (les Algériens disent : « Moi et mon frère contre le cousin, moi mon frère et mon cousin contre l’adversaire »), et un peu parce que même avec toutes les exactions en interne, à l’international l’Algérie ne nous a jamais donné de quoi être gênés (jusqu’à ces dernières années, avec l’image d’un président impotent, ne pouvant même pas recevoir ses hôtes, ou encore cette dernière tournée de la honte ou le régime est allé quémander des soutiens à l’étranger contre son propre peuple, alors que le peuple refuse catégoriquement l’internationalisation de la question algérienne).
Si vous voulez énerver un algérien, parlez-lui du printemps arabe ! Ils tiennent ça en horreur, et ils sont persuadés que leur mouvement n’en est pas un. Ils ne comprennent pas pourquoi les experts insistent tant à l’aligner avec les printemps arabes, alors qu’ils considèrent qu’il doit être plutôt analysé dans la suite historique des événements du 5 octobre 1988. Ils ne comprennent pas aussi le manque de curiosité des historiens et analystes quant à ce fameux Octobre 88, le fait que cette date soit restée unique dans le monde arabe de cette époque, et son étonnant alignement plutôt avec les soulèvements de l’Europe de l’Est à la fin des années quatre-vingt. Est-ce que nous avons tort ou raison ? Le temps nous le dira. Mais ne nous voilons pas la face, seul un idiot écarterait totalement les scénarios syrien et libyen. Le risque de tomber dans le chaos est sérieux. Et puis, même si ce n’est pas un printemps arabe, ça ne veut pas dire qu’il ne peut, ni ne va être manipulé. Il est quasi impossible que l’entourage géostratégique de l’Algérie laisse faire ces événements sans tentative d’ingérence ou manipulation, ou tentative de préservation d’intérêts.
En vain, j’essaie de m’expliquer ce basculement, les raisons de cette subite lame de fond en chacun de nous, en tant de monde à la fois cet après-midi du 22, après tant d’années de patience, de silence, et de résignation. Décidément, les souffles de la révolte sont impénétrables.
Nous sommes conscients des risques encourus, nous sommes tout de même sortis dire : NON.
Chaque soir je regarde mes gosses endormis, j’ai les larmes aux yeux, la boule au ventre, et les pensées contradictoires. D’un côté je me dis, mon Dieu, qu’adviendra-t-il de nous ! Quel monstre avons-nous déchaîné ! Mais si je ne fais rien, j’ai peur que mes gosses me jugent un jour, « pourquoi vous vous êtes tus ? » Comment avez-vous pu laisser ces gens piller le pays ?
Il faut aussi connaitre le caractère d’un Algérien, pour comprendre à quel point les images de notre président « bavant » devant les Merkel et autres nous sont insoutenables, et à quel point elles nous ont foutu la honte !!!
Face à cela, le silence en interne, la complicité en externe.
Pauvre peuple algérien, plus personne ne veut parler en son nom, il a été abandonné par tous, amis et ennemis.
D’abord, par l’opposition politique de pacotille, qui après avoir têté les mamelles du système durant des années, et face à des moments historiques, n’a même pas été capable d’oublier momentanément ses ridicules divergences, et s’unir autour d’un candidat commun face un président mourant.
Ensuite, les élites religieuses. Elles représentent le degré zéro de la conscience politique. La conscience religieuse algérienne d’aujourd’hui est incapable de formuler le moindre projet de société. Comme une boule de flipper, ses élites sursautent et font des rebonds entre différents extrêmes. Pour éviter le rebord des extrémismes terroristes ou takfiristes, elles tombent dans la léthargie des salafistes, qui ne font pas de mal en particulier, mais qui finissent par vivre parmi nous comme des étrangers. Reste le rebord de l’action politique des parties islamistes qui ont été les premiers à se gaver à mort des portefeuilles ministériels qui leurs ont été attribués.
Quant à nos élites intellectuelles, nos martyrs se retourneraient dans leurs tombes s’ils voyaient ce que sont devenus beaucoup d’intellectuels algériens aujourd’hui, qu’ils résident ici en Algérie ou en Europe. Ils ont abandonné les vraies aspirations du peuple pour aller livrer des batailles qui ne sont pas les nôtres. Ils ont troqué leur intégrité contre quelques instants de studios européens, et troqué leur identité contre une obédience de gauche, aussi étrangère à notre culture qu’ils ne le seront à jamais pour ceux qu’ils la leur ont enseignée. Nous assistons avec désolation à leur stérilité locale, et amusement à leurs pèlerinages en France ou ailleurs, où ils vont chercher une assistance idéologique, pour parer à leur carence chronique de créativité, de légitimité… et aux invendus. Quand je pense à eux, par Dieu, me vient systématiquement l’image de lignes de bovins mâchant animalement le fourrage qui leur a été servi, et le propriétaire leur tâtant le cul, pour de vrai par moment, pour voir s’ils ont été assez engraissés de gauchisme, de privilèges et autres aides financières, et de nominations à des prix qu’ils n’obtiendront de toutes manières jamais. Au fond d’eux, ils savent qu’ils ne sont là que pour faire diversion, divertissement, et diversité. Mon cœur est lourd de tant de trahisons !
Pourquoi sommes-nous sortis, je ne prétendrai pas parler au nom de tout un peuple. Je serai très personnel sur la réponse.
À quoi ça sert alors de lire des livres, de s’instruire, de s’informer ? Si ce n’est pas inscrit dans l’action globale d’améliorer son propre monde et celui de ses concitoyens ?
Beaucoup de gens posent la question de ce qui va nous arriver si le régime algérien actuel tombe ? La vraie question c’est de savoir ce qui va nous arriver s’il reste ? Ben, à ce rythme de corruption des poches et des consciences nous allons tôt ou tard disparaître en tant que peuple, que nation, qu’une certaine idée naïve mais sincère. Appelez ça si vous voulez « roman national », on est toujours un peu ce qu’on pense naïvement être. Un peuple qui ne se bat pas pour sa survie, est condamné à disparaître par la force des événements.
D’un côté, il y a la soumission face à un pouvoir corrompu, et de l’autre, il y a le désarroi, la peur de faire basculer le pays dans le chaos. Nous croyons en ces marches pacifiques, même si dire masses populaires c’est dire manipulation. Sans péril point de gloire. Si un peuple n’écrit pas son histoire, tôt ou tard d’autres viendront l’écrire à sa place.
Nous sommes conscients aussi du traitement réservé par les médias européens à ces événements. Les premiers jours, il y a eu une certaine hésitation, il faut dire qu’ils ont été pris de court, ils n’avaient pas encore reçu les consignes d’en haut, leur dictant ce qu’ils doivent en penser. Ouf, désormais c’est fait, ils en disent beaucoup de bien… ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle pour nous, par ce qu’on en déduit qu’il y a un scénario en préparation pour les Algériens, on saura dans les mois à venir à quelle sauce on sera mangés.
Pour vous expliquer un peu la crédibilité de vos médias dans le reste du monde, la règle est simple : plus un média européen dit du mal de quelqu’un plus cette personne est honnête, et inversement, s’ils disent du bien de toi, soit t’es un vaut-rien, soit gare à tes fesses !
Quant à BHL et consorts, vu l’amour que lui portent les Algériens, le mot d’ordre est donné, s’il soutient officiellement les manifs, on remballe tout et on rentre, avec en prime deux mandats d’affilés offerts par le peuple à Bouteflika.
Pour ce qui reste de vos journalistes dans ce qui reste de leur métier, ben ils cèdent machinalement à leurs manies européennes, comme cette recherche ridicule de la photo qui résumerait tout un peuple… Cette belle jeune fille sur la pointe inférieure (dont je n’ai rien contre au passage)… Des pépites d’or dans des amas de terre qu’on rejetterait dans les fleuves de l’in-importance. On se rend compte que c’est leur image qu’ils cherchent dans les reflets de ces pépites. Les Européens ont toujours besoin de récupérer, recuisiner, réassaisonner tout à leur sauce. Ils peuvent éliminer un peuple entier pour juste récupérer un mot, un regard, une photo, dont l’unique objectif n’est jamais l’autre mais bien eux-mêmes, et on se rend compte que c’est bien de ça qu’il s’agissait dès le départ, juste pour dire que Eux ont toujours raison.
NOUS AVONS ÉTÉ RÉVOLTÉS face aux dernières déclarations de Macron, et le chèque en blanc signé aux dirigeants algériens pour contrer les aspirations pacifiques du peuple. Des déclarations si précipitées, qu’à peine faites, déjà obsolètes, par la vitesse d’évolution de la situation.
Nous sommes conscients de la petite place que nos dirigeants nous ont fait occuper dans ce monde. Un peuple qui ne fabrique pas ses armes est condamné à quémander sa sécurité, ou du moins la négocier avec les puissants de ce monde. Les dirigeants algériens s’en sortent à bon compte avec une équation simple : acheter les armes aux Russes, donner les projets de construction aux Chinois, vendre le pétrole aux Américains et céder le gaz aux Européens. Cet équilibre qui a été initialement étudié pour garantir la sécurité du pays a fini par être le garant de leur propre sécurité, et leur pérennité au sommet de l’État. Et à ce jeu de vente, la part belle est réservée à leur plus grand protecteur, ils ont fini par vendre leurs âmes à la France. Fascinant, le fait que de tous les présidents du monde, Macron soit le premier à venir au secours du régime algérien. Pauvre Maduro, t’as pas eu cette chance.
C’est vous dire à quel point nos dirigeants actuels veillent sur les intérêts de la France en Algérie.
Imaginez ce que peut ressentir un Algérien quand il entend un diplomate américain déclarer en off (face à une question sur le manque d’engagement des hommes d’affaires américains en Algérie) que : il est traditionnellement entendu dans les coulisses de la diplomatie que pour tout ce qui concerne les investissements en Algérie, il faut d’abord passer par des consultations avec Paris. Mmh Douleur ! Le jeu diplomatique de la France est une évidence pour tout Algérien ; c’est à la fois tout faire pour que l’Algérie ne tombe pas dans le chaos, et tout faire pour qu’elle ne se développe pas. Nos dirigeants actuels ne sont que les sous-traitants de cet équilibrisme subtil.
De manière générale, beaucoup de dirigeants actuels du tiers-monde ne sont acceptés par les États occidentaux que dans cette optique. Il faut que ces pays restent des « marchés ». Quant aux pays africains subsahariens, ils sont tellement pauvres qu’ils ne peuvent même pas être considérés comme des marchés, tu ne peux pas leurs vendre un clou, ils sont considérés tout juste comme des dépôts de ressources naturelles, où, les États occidentaux et désormais les BRIC peuvent se servir à petits frais ; maintien des dictatures en place, élimination systématique de toute force émancipatrice, et la petite monnaie qui reste sert à leurs fournir les armes nécessaires pour continuer à s’entretuer. Mais ça c’est un autre sujet.
Loin de moi l’idée de vous heurter avec ces propos, c’est juste pour illustrer le fait que dans ce jeu des nations, beaucoup de peuples payent le prix fort de la diplomatie des plus puissants. Et je précise que je parle surtout de vos dirigeants, et puis nous restons conscients que cela profite de moins en moins aux couches populaires européennes, ces dernières années.
Aussi, n’allez pas croire que j’insinue que vous avez quelque chose à voir avec les événements actuels, ou que les manifestants algériens aient porté une quelconque revendication dirigée contre le France en tant que peuple. Je n’ai rien vu ni entendu de cela, si ce n’est les commentaires sur la dernière déclaration de votre président Macron, et les délires de MLP sur les visas, qui au passage, a fait pâle figure avec son analyse sur l’octroi ou pas des visas aux Algériens, face à des événements majeurs dans la Méditerranée des prochaines années. Son discours est d’un niveau politique et intellectuel tellement bas que son parti devrait lui changer de conseillers, ou la changer elle-même.
En résumé, si je dis cela, c’est juste pour vous introduire la suite, et expliquer les ondes de propagation possibles les prochaines années. Le peuple algérien a largement dépassé le point de non-retour, j’en rigole quand j’entend vos experts parler de quelques milliers… Quelques millions OUI, sur le territoire national. Un peuple entier est dans la rue.
Une partie historique va se jouer en Algérie les prochaines années, sur les fronts internes et externes. Que ce mouvement débouche sur le chaos ou sur une démocratisation majeure de la rive sud de la Méditerranée, la douce vague du tsunami va inéluctablement vous atteindre.
Sur le front interne, il ne faut pas être naïf, il faudra pragmatiquement retrouver un nouvel équilibre entre (ce qui reste) de : L’État profond, l’armée, les renseignements, les loubards de l’organisation patronale, et les nouveaux représentants (cette fois légitimes) du peuple. Pour comprendre cela il faut s’y connaitre un peu en questions algériennes, ce courrier ne suffira pas.
Sur le front externe, la partie sera cynique. D’un coté, si l’Algérie tombe, il ne s’agira pas seulement d’immigration… heeein Marine, nous pourrons lire nos prières communes sur toute la Méditerranée. Nous comptons sur vos dirigeants pour bien comprendre cela lors de leurs ingérences. Nous compterons aussi sur cette compréhension mutuelle des risques pour les futures négociations avec eux.
D’un autre côté, si l’Algérie voit ne serait-ce qu’un début de lueur d’une promesse démocratique. Cela donnera des idées à beaucoup d’autres peuples en Afrique du nord ou subsaharienne… Je vous laisse figurer la suite du scénario et les craintes de vos dirigeants…
Après ce tour, je vous livre mes impressions face à ce qui se passe autour moi et des tonnes de discussions avec les gens sur le sujet. Loin du positivisme journalistique, et des commentaires pompeux des internautes et autres Conneries & co, ce qui se passe actuellement en Algérie est une révolution, dans le sens le plus objectif du terme, pour diverses raisons, la plus significative à mon sens reste l’obsolescence des analyses. Que les pseudo-experts m’expliquent pourquoi j’ai lu tout sur l’Algérie ces dernières années, sauf le scénario actuel !
Même avec des événements en cours, point de jaloux, tout le monde est encore dans la supposition. À moins que les hommes de l’ombre soient si forts dans l’élaboration des scénarios qui mènent les brebis à l’abattoir.
La seconde raison c’est la disqualification de tous les référents culturels habituels des Algériens, orientaux ou occidentaux. Je suis largué, je ne reconnais plus les gens autour de moi, je découvre de nouveaux chants, de nouveaux jeux de mots sur les pancartes, les gens sont soufflés par une sorte de messianisme, une volonté inconsciente de réalisation d’un moi idéalisé, individuel et collectif, exclusivement algérien. Toutes ces images de jeunes nettoyant les rues après les marches sont réelles et sincères, ces marches pacifiques, mixtes, familiales avec bébés, sans un mot ni regard déplacé, le silence devant les hôpitaux, la distribution d’eau potable, les groupes de premiers secours volontaires, et j’en passe…
Une autre raison, leur volume et leur pacifisme, historiquement inédits. 12 millions de manifestants sur le territoire national, selon les estimations les plus sages, 17 millions allègrement. Je vous parle de la quasi moitié de la population algérienne, 80 % du corps électoral, dans la rue, au même moment, sans un carreau cassé. Les quelques heurts survenus par moments aux abords des bâtiments officiels ne sont que l’expression du caractère résigné, sérieux, et inconciliable des manifestants, malgré les sourires affichés et l’humour sur les pancartes.
Le point le plus positif ces dernières années c’est la prise de conscience des gens par rapport à la notion de « l’État profond », d’abords en voyant que la valse des ministres, chefs de gouvernement et même des présidents ne change rien aux choses, et puis des décisions majeures ont continué à être prises malgré un président absent, cela s’est accentué récemment avec les lettres attribuées au président. L’un des slogans dit « Yetnehaou gaa », Qu’ils partent tous, les gens scandent ce slogan sans précisions nominatives, ils savent qu’ils sont face à des groupes non identifiés mais dont ils ressentent la présence et la puissance.
Pour des raisons d’équilibres géostratégiques, macro-économiques, et je dirais même civilisationnels, la relation de la France avec l’Algérie, décrite plus haut, n’est qu’un fractal du regard de l’Occident envers le Maghreb. Il est hors de question que l’Occident y laisser émerger des États démocratiques, et hors de question que le Maghreb sombre dans le chaos (au moins actuellement).
Y aura-t-il tentative de déstabilisation de l’Algérie ? Telle est la grande question !
Prenez les crises libyenne et syrienne, et réinitialisez… Terrorisme en Europe en milieu urbain, gigantesque crise des réfugiés, perte des investissements locaux, guerres d’intérêts et protection des zones d’influence, pétrole, prises d’otages, trafic d’armes… Multipliez fois dix… Rajoutez le coefficient de propagation au Maroc !
Il est quasi impossible que l’Europe s’en sorte avec le scénario de déstabilisation sans y laisser un bras, à moins qu’elle ne soit elle-même visée plus loin comme dernier palier, ne souriez pas trop hâtivement à mes propos.
Les puissants de ce monde font désormais face à la ringardisation de nos dirigeants, leur sous-traitance a perdu de sa superbe, et son énergie d’antan à repousser les peuples. Vous êtes face au vieillissement de vos sociétés, nous sommes face au vieillissement de nos dirigeants. Les puissants de ce monde toléreront peut-être, du moins momentanément, l’émergence au Maghreb d’États semi-démocratiques, relativement compatibles avec la PEV, avec une redistribution, un brin améliorée, des richesses et des droits, le temps de reprendre la main sur les moyens de pression, ou le cas échéant, essayer de réinstaller certains régimes dans l’espoir de les ré-affilier à nouveau.
Au milieu de tout ce vacarme, j’aime penser que chaque peuple a son chemin propre et imprévisible vers son idéal collectif, et capitalise ses expériences sur ce chemin. Je trouve que l’Algérie indépendante est meilleure que l’Algérie colonisée. L’Algérie post-1988 est meilleure que l’Algérie du Parti unique. L’Algérie qui a combattu le terrorisme et meilleure que l’Algérie du FIS. L’Algérie après ces manifestations sera meilleure que celle de Bouteflika. Qu’elles aboutissent ou pas, ces manifestions ne seront qu’une séquence dans une longue traversée, à la recherche de son idéal.
Je voulais à la fin vous apporter mon témoignage sur l’élan de sympathie réel de beaucoup… beaucoup… de monde ici en Algérie envers les Gilets jaunes, ces authentiques gens du peuple français.
C’est un élan sincère transcendant toutes barrières historiques, culturelles, et idéologiques. N’est resté de tout cela que le ressenti de leurs aspirations sincères et légitimes à un monde plus juste.
Mes amitiés.
Un manifestant algérien.