On savait déjà que, pour être élus, certains politiciens n’hésitent pas à faire voter les morts, c’est-à-dire des personnes décédées, mais qui n’ont pas été rayées des listes électorales, exprès, et que les tricheurs comptabilisent comme ayant voté pour eux.
Eh bien Jérôme Cahuzac vient de faire encore mieux : lui, carrément, il a accusé un mort, à tort, à sa place, et en justice. Je m’explique.
Lundi 5 septembre 2016, il a comparu devant le Tribunal correctionnel de Paris, où il était poursuivi pour fraude fiscale.
Et quand le Président lui a demandé pourquoi il avait ouvert, en Suisse, le compte bancaire que, souvenez-vous, il a dissimulé au fisc,
Jérôme Cahuzac lui a répondu ceci : « C’était pour financer le retour en politique de Michel Rocard. »
Non, il sait se tenir : il n’est pas allé jusqu’à ajouter, récidiver avec son désormais célèbre « Je vous le jure droit dans les yeux ».
Néanmoins, c’est la vérité : il a bel et bien dit cela. À le croire, ça serait donc l’ex-Premier ministre, Michel Rocard, décédé le mois dernier, qui lui aurait demandé. Que dis-je « demandé » ? Qui l’aurait forcé à ouvrir ce compte bancaire.
Et d’ailleurs, les six cent mille euros qui s’y trouvaient, sur ce compte bancaire planqué en Suisse, Jérôme Cahuzac l’assure : ce n’était pas son argent à lui. Ni celui de sa femme, la femme de Jérôme Cahuzac, Madame X., qui est poursuivie avec lui.
Que nenni ! En tout cas, ce n’est pas lui, ni sa femme, qui a mis cet argent sur ce compte bancaire : c’est Michel Rocard.
Alors, évidemment, tous les ténors de la politique se sont faits à la fois l’écho et les gorges chaudes de cette vile affirmation.
Ah si ! Tous ont tenu à déclarer haut et fort, et solennellement, que c’est totalement scandaleux, que c’est absolument honteux
de se cacher derrière un mort, de l’accuser fallacieusement, de tenter de le faire payer, de le faire trinquer à sa place.
« Trinquer », oui. D’où le titre de cet édito : « Un Rocard sinon rien. »
Il s’agit de la reprise que Coluche a faite, en 1981, dans le sketch « La politique », justement, d’un slogan publicitaire d’une célèbre marque d’apéritif française, une marque que je vais citer ici, car vous savez ce que je pense, hein, des censeurs, et de leurs interdits à la con, dans lesquels ils enferment la liberté d’expression : ils peuvent tous aller se faire enculer !
« Un Ricard sinon rien » : c’était ça, le slogan en question.
Bon, c’est sûr, ce n’est pas très élégant, de la part de Jérôme Cahuzac, d’avoir accusé une personne de petite taille, et surtout décédée.
Un ex-copain à lui, en plus : c’est dégueulasse ! Il aurait été un système de défense d’un aloi moral bien meilleur, de dire, par exemple,
que celui qui lui a fait ouvrir ce fameux compte bancaire en Suisse, c’est un dénommé Paul Bismuth. Là, au moins, ça aurait fait rire.
Le problème, c’est que le nom est déjà pris. « Paul Bismuth », c’est comme Paul « Ricard » : c’est une marque déposée.
C’est l’ex, et hélas peut-être futur Président de la République, Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, qui en est le propriétaire.
Et notez à cet égard, que le procureur de la République de Paris, François Molins, ne l’a pas poursuivi pour autant.
Le nain de jardin cocaïnomane, tricheur, menteur, voleur et escroc que j’ai désigné ci-dessus par son état civil, sa véritable identité
(légalement, Nicolas Sarkozy n’a pas plus d’existence, c’est autant un faux nom que Paul Bismuth, ou Valéry Giscard sans d’Estaing),
Nicolas Sarkozy est pourtant 100 % coupable en flagrant délit, le moins grave (un an de prison ferme), d’usurpation d’identité
(à savoir dans l’hypothèse où il existe un citoyen dénommé Paul Bismuth), au pire (trois ans de prison ferme), de faux et usage de faux.
Toutefois, vous allez me dire, et comme d’habitude vous avez raison, que quelque part c’est normal, c’est logique, ça se comprend que François Molins ait décidé de ne pas poursuivre Nicolas Sarkozy, du moins pas pour l’instant, et en tout cas pas dans une affaire où c’est sûr à 100 % qu’il est coupable, que dès lors il va être condamné, et qu’en conséquence il ne pourra pas se représenter en 2017 : François Molins, c’est Nicolas Sarkozy qui l’a nommé procureur de la République de Paris.
Or, en le nommant procureur de la République « près », comme on doit dire, le Tribunal de grande instance de Paris, c’est 13 000 euros net par mois qu’il lui a donnés, Nicolas Sarkozy, à François Molins.
Et c’est à vie, ces 13 000 euros net par mois, étant donné que, comme les ministres, les hauts magistrats ont une retraite d’un montant quasiment équivalent au salaire qu’ils avaient quand ils étaient en exercice. Et en outre, c’est net d’impôt !
13 000 euros net par mois, plus un chauffeur, un cuisinier et un logement de fonctions de 250 m² en plein cœur de Paris.
Hé, ça serait vraiment le dernier des fils de pute, ou si vous préférez un enfoiré de première, un ingrat comme c’est pas permis,
François Molins, s’il poursuivait Nicolas Sarkozy, dans une affaire où c’est sûr à 100 % qu’il est coupable,
que dès lors c’est sûr à 100 % qu’il serait condamné, et qu’en conséquence il ne pourrait pas se représenter en 2017.
Voilà. Et c’est pour ça, en fait, que François Molins poursuit Nicolas Sarkozy, uniquement dans des affaires de merde, où c’est sûr à 100 % qu’il ne va pas être condamné, et qu’en conséquence il pourra, Nicolas Sarkozy, se représenter en 2017.
Et vous verrez : si Nicolas Sarkozy est élu en 2017, moi ça ne m’étonnerait pas qu’il nomme François Molins ministre de la Justice.
directeur adjoint de la publication d’E&R