nko
ce que tu décris, à un ou deux réglages près, ça s’appelle pas la monarchie par hasard ? l’ancien régime ?
A un ou deux réglages près, car il y a un réalisme qu’il ne faut pas oublier (au sens d’une fidélité au réel et d’un hommage rendu à la Vérité).
Par exemple, quand F. Cousin finit par quelque chose comme "le seul espace d’autonomie réelle c’est la masse d’ouvriers révoltés, qui n’est affiliée à aucun parti", on a quand même envie de sourire. "Oui Francis, jusqu’à ce qu’elle soit infiltrée... c’est à dire dans les 2 minutes qui suivent".
La masse est par définition un état liquide, tellement instable et inconsistant que de lui-même il retournerait au néant si, à un moment, un être, un individu, ne s’en emparait pour y mettre une tête, ne serait-ce que symboliquement, afin de la faire passer à l’état solide, organique (dirigé, élevé...).
Ni la foule, ni encore moins le sentiment qui la meut ne peut prétendre à une quelconque autonomie. A moins de voir cela comme un élément du chaos, ou comme une forme de parfaite adhérence au processus historique, mais ce processus est forcément entre la main des puissants, et non pas de la foule elle-même, qui ne se domine pas. Autant demander aux enfants de se choisir leurs parents, comme dirait De Maistre.
Le peuple, à l’état donné, prétend à la « substance », mais une substance non-dite, anonyme. Aussi réclamera-t-il toujours une transcendance, et la transcendance du collectif, c’est nécessairement l’individu. Ecce homo. La foule, être non parlant par essence, ne peut donc que tout attendre de Celui qui Dit, de Celui qui Nomme, au sens le plus noble (pas seulement politique). Et c’est une fois cette attente comblée qu’elle prend réellement substance, parce qu’une identification s’opère.
Ce processus est inévitable, il est donc Juste, et il faut l’aimer. Reste ensuite la question de la légitimité, question passionnante, mais à laquelle on ne peut (tenter de) répondre que si l’on a l’esprit éminemment religieux.
A l’échelle macro-politique (et sans doute même au-delà...) la France est sans substance depuis 1789.