Intéressant, mais très naif de la part de l’intervenant. On voudrait que son optimisme sur la résilience des inconscients pré-moderne fût vrai, mais c’est se méprendre sur l’attachement que le petit peuple affecte de lui accorder.
Les peuples hélas, dès qu’ils peuvent, dès que la modernité leur met sous les yeux un modèle plus jouisseur, l’abandonne.
40% des 18-25 ans maghrébins se déclarent agnostique/athée/sans pratique, ils ont la 4g dans la poche, netflix, insta, le rap, le culte de la jouissance individuelle qui déferle directement dans son oreille, alors que l’expérience collective du monde islamique avait su se maintenir que par la présence de barrière (économiques, legislatives-religieuses, linguistiques, technologiques) qui isolaient les peuples de la corruption directe par l’air de satan.
Rien dans cet "inconscient pré-moderne", qui n’est en réalité qu’une survivance de ordonnancement traditionnel de la société encore intégré aux comportement de masse car jamais bousculé jusqu’ici, n’est en mesure de supporter la concurrence du post-modernisme. Il n’a pas de réponses immédiates à opposer à la promesse de jouissance, que les peuples qui n’ont en général été vertueux que parce qu’ils n’avaient pas le choix, ont toujours désiré entendre.
Et de fait : si l’ordre traditionnel, l’inconscient pré-moderne était consolateur, la jeunesse maghrébine ne serait pas en train de tenter de fuir leurs pays natifs dans ces proportions : la mise en concurrence avec la modernité est impitoyable, et c’est pour ça que l’intervenant tâtonne au début, en espérant l’émergence d’une réponse autochtone un peu fantasmée, une "voix marocaine" capable de résister à la modernité.
De la même manière, il tâtonne sur ses compatriotes de 1er à 3e génération transplantés en occident : oui, "la plupart" conservent une sorte d’imagerie d’épinal qui les rattache à leur lieu de provenance, oui, c’est destructuré et ça prend une dimension fétichiste, mais non, mille fois non, la souffrance des transplantés n’est absolument pas liée à la tension entre leur imaginaire pré-moderne et la modernité de l’Occident qu’ils rejettent. Nos weshoracailles ne souffrent que parce qu’ils ne reçoivent pas autant de modernité que leur imaginaire de magrhébins déconstruit exigent : plus de consumérisme, de jouissance. Encore une fois, il construit tout sur un fantasme.
Ensuite, le gars parle de l’entrée dans le post-modernisme du Maroc mais ne cite pas une fois le nom des Azoulay.
Répondre à ce message