Alors qu’il y a maintenant près de 10 ans commençait la crise des subprimes aux Etats-Unis [1], une nouvelle crise financière menace : celle des prêts qui ont été accordés aux étudiants.
L’encours de ces prêts est aujourd’hui phénoménal. Le volume de la dette accumulé a dépassé les 1400 milliards de dollars aujourd’hui, dont 1000 milliards ont été empruntés aux banques privées et environ 400 milliards ont été empruntés aux services de l’État fédéral. Cette dette a dépassé de fait le montant de la dette liée aux cartes de crédit ou aux prêts liés à l’automobile.
Cette dette concerne donc aujourd’hui plus de 44,2 millions d’Américains, dont plus de 7,4 millions sont dans l’incapacité de rembourser. C’est 17% des anciens étudiants qui sont donc concernés, et cela correspond à 11% du total des dettes. Ces chiffres sont effectivement de l’ampleur des subprimes. C’est la raison pour laquelle j’ai consacré à ce problème une chronique sur Radio-Sputnik avec Pascal Gauchon, directeur de la revue Conflits et Philippe Béchade, président des Éconoclastes, que l’on peut écouter à cette adresse.
À l’origine de la bulle des prêts étudiants
C’est donc devenu le cauchemar des familles américaines. Il faut savoir qu’aux États-Unis, financer les études universitaires de ses enfants a toujours été très cher. Les grandes universités, et même ce que l’on appelle les « collèges », qui correspondent en réalité à notre premier cycle universitaire, sont payants. Il faut très souvent épargner longtemps à l’avance pour pouvoir offrir à ses enfants la possibilité de faire des études supérieures.
Jusqu’à la fin des années 1980, le système libéral américain, qui reposait sur des établissements largement financés par les frais de scolarité, auxquels s’ajoutaient des bourses de l’État, s’est cependant révélé efficace. Ce système, il faut le dire, s’appuyait sur des subventions publiques importantes, qui rétablissaient une forme d’égalité entre les enfants de la bourgeoisie et les enfants de la classe ouvrière. Les programmes d’aides publiques qui ont été mis en place après la Seconde Guerre mondiale ou la guerre de Corée ont joué un rôle important dans cette relative égalité des conditions d’accès aux études. Ce système a été progressivement copié par la plupart des pays développés avec plus ou moins d’ampleur.
L’envolée des frais de scolarité depuis plus de vingt ans (une hausse d’environ 5% par an alors que l’inflation a rarement dépassé les 2% par an) a transformé ce qui devait être un cercle vertueux en un piège qui aujourd’hui se referme sur les étudiants.