Les lois que l’on nous prépare au nom de la lutte contre le terrorisme (« la radicalisation violente ») sont des lois liberticides. De quoi s’agit-il ? Empêcher aux gens, français ou étrangers, de quitter la France ? Réprimer « la propagande qui glorifie les actes de terrorisme » ? Alléger les contraintes de la procédure ? Brider, enfin, l’expression par Internet. Ce projet de loi liberticide sent la guerre civile.
Veut-on lutter contre ceux qui partent en Syrie ou en Irak pour mener le jihad ? Mais voici des années maintenant, depuis 2011 exactement, que la France fournit, en sous-main, des contingents de désespérés à l’entreprise visant à bouleverser l’équilibre politique qui tenait en Syrie. On dit même qu’elle les paie, qu’elle les arme, qu’elle les entraîne, qu’elle les soigne. En tous cas ouvertement et même officiellement elle les a encouragés (« le Front Al-Nosra fait du bon boulot », dixit Laurent Fabius), leurs a promis des armes, après les avoir manipulés et galvanisés en leur faisant croire que « Bachar » massacrait les populations musulmanes sunnites, violant les vierges et ouvrant le ventre des femmes enceintes pour tuer leurs fœtus. On a même l’an dernier failli déclencher une guerre, sous prétexte de bombarder la Syrie « de Bachar », ce qui, faisant complètement sauter le dernier verrou, aurait jeté toute la Syrie désarmée aux mains des hordes sanguinaires.
Condamnés en France à choisir entre le RSA et les petits trafics, désespérés par une société à la dérive qu’à bon droit ils honnissent parce qu’elle les aliène, bon nombre sont donc partis pour la Syrie. On les a estimés à 70, puis 100, puis 700, on ne sait, ou on ne le dit pas. J’ai personnellement entendu plus d’une confession de jeune me disant qu’il partait. Parfois il s’agissait de pieux musulmans, d’autres fois de moins pieux, toxicomanes et délinquants. Le jihad est devenu leur mythe.
Pourquoi soudain cette alarme depuis l’instauration d’un émirat en Irak ? Après tout, ériger un État, faire la police, rendre la justice, permettre aux gens de vivre en paix, c’est toujours mieux que les attentats et le chaos. Certes, dans les écoles, on sépare les filles et les garçons, les institutrices et les instituteurs. Les femmes ne rendent plus la justice et il n’y a plus de femme avocate. Celles-ci sont assignées au rôle de maîtresses de maison.
Mais enfin tout cela était connu. On savait par exemple qu’en Syrie la société d’avant les événements était une société multiconfessionnelle, plutôt laïque même, où les femmes avaient tendance à vivre à l’Occidentale. On savait que les takfiristes promouvaient autre chose. La France, alors, ne s’est pas empressée de légiférer pour interdire les départs. Pourquoi soudain elle le fait ? Mais peut-être que les « jihadistes » français reviennent ? Ce qui était prévisible. Et peut-être qu’il est déjà trop tard. On dirait des incendiaires, lorsque le vent se retourne dans leur direction.
Par ailleurs cette précipitation législative est suspecte. Notre « arsenal » juridique est bien suffisant pour lutter efficacement contre « le terrorisme ». Ce qui est grave, c’est de savoir ce que l’on vise par « terroristes », et qui va décider ce qui est terroriste et ce qui ne l’est pas. Le gouvernement donne des signe de ce qu’il entend poursuivre la répression d’intellectuels et d’artistes qui sont pourtant opposés aux « jihadistes », et qui étaient jusqu’ici plutôt mal vus pour soutenir le pouvoir légitime en Syrie. Pourtant ils ne tuent personne ni n’appellent à tuer personne. Mais ils n’ont pas l’heur de plaire au pouvoir en place. Soral, Dieudonné sont visés. Dans leur entourage, Kemi Seba est déjà emprisonné, depuis quelques jours, sans motif sérieux.
Comme toutes les lois liberticides, ces lois ne vont pas concerner tout le monde. Elles vont simplement faire peser une menace sur tous ceux qui n’ont pas ou qui n’ont plus le soutien bien placé qui leur permettrait de continuer à exprimer une ligne politique dissidente de celle que l’on nous impose.
Mais tous les partis parlementaires, et même un autre, qui se dit le premier parti de France, sont d’accord pour étouffer les voix dissidentes. L’histoire montre que ce genre d’entreprise se retourne toujours contre ses promoteurs. De Maistre le disait, en prêtant voix à la Providence : « J’accepte ton approbation, mais tu feras nombre. »