L’immortalité joyeuse
Mouammar Kadhafi a, paraît-il, émis l’idée que le destin d’un homme dépend de la façon dont il se représente la mort [1]. Peut-être en va-t-il de même du destin d’une civilisation.
Aucun livre ne formule avec plus d’assurance la conception de la mort qui prédestine notre civilisation matérialiste et marchande, que le nouveau volume de Yuval Noah Harari, Homo Deus : Une brève histoire de l’avenir, qui fait suite à son précédent livre Sapiens : Une brève histoire de l’humanité, traduit en plus de 40 langues et vendu à plus de 5 millions d’exemplaires.
Ce gay Israélien, médiéviste de formation, a produit le parfait catéchisme du transhumanisme, cette nouvelle religion scientiste qui proclame la capacité de l’homme de faire évoluer sa propre espèce par la technologie et devenir immortel : soit, selon l’expression de Harari, « la transformation de l’homme en dieu », the upgrading of men into gods en version original (le traducteur français a opté pour « transformation », alors que la traduction admise de upgraded man est « l’homme augmenté »).
Cette transformation/augmentation se fera selon trois voies, selon Harari : l’ingénierie biologique, l’ingénierie cyborg, et l’ingénierie des êtres non-biologiques.
« Les bio-ingénieurs vont [...] se saisir du vieux corps de Sapiens et en réécrire délibérément le code génétique, recâbler ses circuits cérébraux, modifier son équilibre biochimique, voire lui faire pousser des membres nouveaux. Ce faisant, ils vont créer des déités, qui pourraient bien être aussi différentes de nous, Sapiens, que nous le sommes d’Homo erectus. Le génie cyborg ira plus loin, et fusionnera le corps organique avec des appareils non organiques, tels que des mains bioniques, des yeux artificiels ou des millions de nanorobots qui navigueront dans nos vaisseaux sanguins, diagnostiqueront les problèmes et répareront les dommages. [...] Une approche plus audacieuse consiste à se passer carrément de parties organiques en espérant fabriquer des êtres entièrement non organiques. Les réseaux neuronaux seront remplacés par un logiciel intelligent qui pourrait surfer dans les mondes virtuel et non virtuel en échappant aux limites de la chimie organique. Après quatre milliards d’années d’errance dans le royaume des composés organiques, la vie fera irruption dans l’immensité du champ inorganique et prendra des formes qu’on ne saurait envisager même dans nos rêves les plus fous. Après tout, nos rêves les plus fous sont aussi le produit de la chimie organique. »
Harari est platement verbeux, n’a aucune culture philosophique (il ne semble pas avoir entendu parler du « surhomme » de Nietzsche, un comble pour un transhumaniste), et ne maîtrise pas les complexités de la science qu’il vulgarise. Mais c’est probablement ce qui explique le succès mondial que lui a fabriqué la machine médiatique. Un manuel d’endoctrinement doit être immédiatement compréhensible par toute personne de niveau Bac moins 1, et ne doit pas laisser place au doute : il n’est pas fait pour soulever des questions, mais pour asséner des réponses sans nuances, injecter des idées reçues, avec l’autorité du sage reconnu par ses pairs.
Que pourrait-on attendre, du reste, d’un homme qui se conçoit lui-même comme constitué d’algorithmes ? Le mot « algorithme », défini comme « un ensemble méthodique que l’on peut utiliser pour faire des calculs, résoudre des problèmes et prendre des décisions », revient 250 fois dans le livre de Harari, car il le tient pour « le concept le plus important dans notre monde ». L’esprit humain n’est selon lui qu’un assemblage d’algorithmes, tout comme celui « des cochons, des babouins, des loutres et des poulets » (notre auteur raffole de ces listes, où s’exprime tout son talent). Les émotions, par exemple, ne sont que « des algorithmes biochimiques qui sont vitaux pour la survie et la reproduction de tous les mammifères ».
Du droit-de-l’hommisme au transhumanisme
Ainsi commence l’argumentation de l’algorithme Harari :
« La Déclaration universelle des droits de l’homme […] déclare catégoriquement que le “droit à la vie” est la valeur la plus fondamentale de l’humanité. Puisque la mort viole clairement ce droit, la mort est un crime contre l’humanité. Nous devons mener contre elle une guerre totale. […] La Déclaration universelle des droits de l’homme ne dit pas que les hommes ont le "droit de vivre jusqu’à quatre-vingt-dix ans", mais que tout être humain a droit à la vie, point barre. Ce droit n’est limité par aucune date d’expiration. »
Le combat contre la mort serait donc, selon cette argument algorithmique, la mission que se serait assignée, sans s’en douter, l’homme moderne.
Les religions, qui ont fait leur temps, concevaient la mort comme un moment essentiel de la vie, l’ultime rendez-vous qui donne sens à toute l’existence. Mais la mort est aujourd’hui une question médicale, et non plus religieuse ; c’est un problème technique, qui appelle une solution technique.
« Les humains meurent toujours des suites d’un pépin technique. Le cœur cesse de pomper le sang. Des dépôts de graisse bouchent l’artère principale. Des cellules cancéreuses se répandent dans le foie. Les germes se multiplient dans les poumons. Et qu’est-ce qui est responsable de tous ces problèmes techniques ? D’autres problèmes techniques. […] Rien de métaphysique dans tout cela. Uniquement des problèmes techniques. / Et tout problème technique a une solution technique. […] Nous pouvons tuer les cellules cancéreuses par la chimiothérapie ou des nanorobots. Nous pouvons exterminer les germes de nos poumons par des antibiotiques. Si le cœur s’arrête, nous pouvons le ranimer par des médicaments ou des électrochocs – et si ça ne marche pas, on peut implanter un nouveau cœur. »
Parce que la médecine parvient à guérir une à une toutes les maladies, elle finira par parvenir à retarder la mort indéfiniment. Harari se fait donc le porte-parole des savants qui « assurent que le projet phare de la science moderne est de vaincre la mort et d’offrir aux humains l’éternelle jeunesse ». Et il applaudit les sponsors de cette recherche prometteuse que sont Peter Thiel, cofondateur de Paypal, ou Ray Kurzweil, directeur de l’ingénierie chez Google et fondateur de sa filiale Calico dédiée à « résoudre le problème de la mort ».
Pourquoi donc un tel projet ?
« Si vous faites entrer en ligne de compte notre croyance en la sainteté de la vie humaine, qui vous y ajoutiez la dynamique de l’establishment scientifique et couronniez le tout par les besoins de l’économie capitaliste, une guerre implacable contre la mort paraît inévitable. […] Peux-on imaginer défi scientifique plus excitant que de duper la mort, ou marché plus prometteur que celui de la jeunesse éternelle ? »
Le second défi majeur qui occupera les marchands de rêve de demain, pour les mêmes raisons, sera la quête de la félicité (bliss). Le bonheur n’étant rien d’autre qu’une sensation produite dans le cerveau par des substances chimiques comme la sérotonine, la dopamine et l’ocytocine, la quête de la félicité est, elle aussi, une quête scientifique, neurochimique. Toutes les drogues déjà sur le marché n’en sont que les balbutiements.
Du darwinisme au transhumanisme
On l’aura deviné, le postulat de base de Harari est un darwinisme dogmatique et simplet, qui ignore – ou feint d’ignorer – l’état de crise permanente dans laquelle se trouve la science darwinienne, traversée par un nombre grandissant de contradictions (la dernière en date étant la découverte des phénomènes « épigénétiques », qui sont des caractères acquis génétiquement transmissibles, soit l’hérésie par excellence). Par une grossière malhonnêteté coutumière des militants de l’athéisme philosophique, Harari confond également – ou feint de confondre – évolution et darwinisme, lorsqu’il assène par exemple :
« Si vous comprenez vraiment la théorie de l’évolution, vous comprenez qu’il n’y a pas d’âme »
ou :
« De même que l’évolution est incompatible avec l’existence d’âmes éternelles, de même elle ne peut admettre l’idée de libre-arbitre. »
Il existe, bien évidemment, d’autres façons d’envisager l’évolution que le darwinisme, compatibles avec un « dessein divin » (Intelligent design) et avec l’immortalité de l’âme. Mais c’est une stratégie efficace que de faire croire aux consommateurs d’idées reçues qu’ils n’ont le choix qu’entre la Bible et Darwin.
À cela près, Harari a raison : le darwinisme bien compris ne laisse aucune place au libre-arbitre. Il postule qu’il n’y a rien d’autre dans l’univers que le déterminisme et le hasard (randomness). Comme le reste du règne animal (« rats, chiens, dauphins ou chimpanzés »), l’homme est le produit d’une très longue série d’accidents génétiques totalement fortuits, triés par la sélection naturelle, c’est-à-dire par la survie des plus aptes à survivre.
Et cependant, il y a soixante-dix mille ans, se serait produit chez les grands singes, de façon purement accidentelle bien entendu, la « révolution cognitive », une mutation génétique ayant permis à un hominidé de se doter d’un langage et de nouvelles capacités algorithmiques. Le temps de s’habituer à ses nouvelles facultés, et voilà notre homo sapiens devenu maître de son destin et, quelques millénaires plus tard, prêt à opérer sa mutation en dieu immortel. Ce récit mythique, dont Harari n’est que le énième prophète, se présente sous la forme d’une révélation en deux temps : d’abord, la mauvaise nouvelle de la mort de Dieu et la fin de toutes les illusions, le désespoir métaphysique : « L’ancienne alliance est rompue ; l’homme sait enfin qu’il est seul dans l’immensité indifférente de l’Univers dont il a émergé par hasard », décrétait déjà Jacques Monod (Le hasard et la nécessité, 1970). Harari enfonce le clou : il n’y a pas de « grand plan cosmique ».
« Nous ne sommes pas des acteurs dans un film grandiose. La vie n’a pas de scénario, pas d’auteur, pas de metteur en scène, pas de producteur – et pas de sens. »
Nous nous agitons misérablement pendant un court instant sur une parcelle insignifiante de l’univers, puis nous disparaissons à tout jamais. Après cette proclamation de notre damnation à l’insignifiance, vient la bonne nouvelle, l’annonce de la rédemption, l’alliance nouvelle de l’homme avec lui-même, la prophétie de son auto-divinisation par le miracle de la haute-technologie.
« Un jour notre connaissance sera si étendue et notre technologie si avancée que nous pourrons distiller l’élixir de l’éternelle jeunesse, l’élixir du vrai bonheur, et n’importe quelle autre drogue que nous pourrons désirer – et aucun dieu ne nous arrêtera. »
« Après avoir réduit la mortalité liée à la faim, à la maladie et à la violence, nous allons maintenant chercher à triompher de la vieillesse et de la mort elle-même. Après avoir sauvé les gens de la misère profonde, nous allons chercher à les rendre vraiment heureux. Et ayant sorti l’humanité de la brutalité des luttes pour la survie, nous allons chercher à hisser les hommes au rang de dieux, à transformer Homo sapiens en Homo deus. »
Le lien entre ces deux dogmes est d’une insolente simplicité : à partir du déterminisme apparaît l’auto-détermination, et ce, par une série de purs hasards, c’est-à-dire d’erreurs aléatoires dans la réplication du code génétique. En fin de course, le hasard et la nécessité auront transformé l’homme-singe, entièrement soumis à ses pulsions, dénué d’âme et de libre-arbitre, en homme-dieu, maître absolu de son destin.
Il s’agit moins d’un discours rationnel que d’un schéma mythique, auquel on adhère non par examen logique, mais par conformisme et soumission à l’autorité ; d’où l’importance de l’enseigner dès la maternelle. C’est un mythe à la fois généalogique et eschatologique, qui englobe sous forme diptyque l’origine et le destin de l’humanité : « Nous étions des singes, nous serons des dieux. »
Ce mythe à deux faces (comme les deux livres de Harari) plonge l’esprit dans une étrange schizophrénie, comme par une sorte de « double lien » (double bind) métaphysique : d’un côté, l’homme réduit à ses déterminismes biologiques, une bête mue par des pulsions (comme l’affirme par exemple le très darwinien Freud) ; de l’autre, le fantasme prométhéen de la toute-puissance humaine, l’homme autocréé parce qu’incréé. Seul un forcené devrait normalement pouvoir faire coexister dans son esprit deux pensées aussi contradictoires, mais c’est pourtant ce dont une grande partie de l’humanité se laisser convaincre depuis un siècle, sans grande résistance.
Il y a un siècle déjà, le penseur britannique Bernard Shaw, partisan de la théorie de « l’évolution créatrice », sonnait l’alarme : dans ses applications politiques, le darwinisme « a produit une catastrophe européenne d’une magnitude si consternante, et d’une étendue si imprévisible, qu’alors que j’écris ces lignes en 1920, il est loin d’être certain que notre civilisation y survivra. » (Réflexions sur le darwinisme).
Mais Shaw était lui-même loin d’imaginer que le darwinisme philosophique produirait, entre la Silicon Valley et Tel-Aviv, une nouvelle forme de religion agressivement missionnaire, avec ses prophètes allumés comme Anthony Levandowski, l’ingénieur transfuge de Google qui vient de fonder une organisation religieuse baptisée Way of the Future consacrée à l’adoration du dieu en devenir, l’Intelligence artificielle.
Que dit vraiment le darwinisme ?
Pourtant, si l’on fait l’effort de se mettre dans la tête de ces gens fort intelligents (algorithmiquement parlant) qui accordent foi à l’utopie transhumaniste, leur croyance n’est pas si illogique. Car quiconque est fermement persuadé que le hasard seul a été capable de transformer pas à pas la bactérie en être humain, a toutes les raisons d’espérer que l’homme saura faire mieux que le hasard et produire une nouvelle espèce.
On croit communément que le darwinisme attribue l’évolution à la sélection naturelle, et non au hasard. Mais c’est une erreur, délibérément entretenue par les vulgarisateurs et éducateurs pour masquer la scandaleuse imbécillité de la théorie.
Selon Darwin, la « sélection naturelle » n’est pas créatrice en soi ; elle n’agit que négativement en éliminant les individus les moins aptes :
« Elle implique seulement la conservation des variations accidentellement produites, quand elles sont avantageuses à l’individu dans les conditions d’existence où il se trouve placé ». [2]
L’idée est simple et aisément illustrée : lorsque la nourriture des biches brouteuses de feuilles vient à manquer, celles qui meurent les premières sont les biches au cou le plus court. Ce processus de sélection, répété sur une très longue échelle, produit des girafes, à condition toutefois qu’un nombre indéfini d’accidents génétiques produise à chaque fois, chez certains spécimen, un rallongement exceptionnel du cou chez certains spécimens, qui doivent à chaque fois donner naissance à des biches ayant le même avantage. Par ce mécanisme simple, Darwin explique comment, par une accumulation sur quelques millions d’années de « variations accidentellement produites », la bactérie est devenue homo sapiens, en passant par le poisson et le singe.
Seules, donc, les « variations accidentellement produites » produisent l’évolution, la sélection naturelle ne fait que les trier. Ces variations sont accidentelles, fortuites, aléatoires. C’est donc le hasard qui a créé l’homme, car une somme de hasards, aussi longue soit-elle, reste un hasard, et même un hasard plus improbable encore que chacun de ses termes. C’est mathématique.
Cependant, Darwin avait bien conscience que le hasard n’est pas une notion scientifique :
« Je me suis jusqu’à présent exprimé comme si les variations […] étaient dues au hasard. Ce terme, qui, cela va sans dire, est incorrect, sert simplement à indiquer notre ignorance complète de la cause de chaque variation particulière. »
Il parlait aussi des « variations qui nous apparaissent, dans notre ignorance, surgir spontanément », et il n’excluait pas que ces variations puissent être autre chose que des « accidents ». Par exemple, contrairement à l’idée reçue, il ne rejetait pas totalement la possibilité de transmission des caractères acquis, qu’avait avancée bien avant lui le Français Jean-Baptiste de Lamarck. Comme c’est souvent le cas, le maître était moins dogmatique que ses disciples.
Ce n’est que dans les années 1930, avec les découvertes génétiques, qu’on s’avisa que les variations accidentelles supposées par Darwin étaient des erreurs dans la reproduction de l’ADN, et l’on se mit à parler de « mutation génétique ». L’expérience prouve, cependant, que les gènes sont des réplicateurs et donc des stabilisateurs et que leurs mutations accidentelles ne produisent que des dégénérescences, généralement stériles, et en aucun cas connu un quelconque « avantage sélectif » qui permettrait au gène mutant de l’emporter. Autrement dit, la sélection naturelle tend à préserver le patrimoine génétique en éliminant les individus qui dévient trop du standard. Elle possède une marge de manœuvre et peut éventuellement produire une certaine adaptation aux changements d’environnement, dans les limites d’une espèce donnée, mais, d’une manière générale, elle empêche l’évolution au lieu de l’encourager.
Il est vrai qu’une « sélection artificielle » permet à la longue d’ « améliorer » une espèce animale domestique du point de vue d’un critère particulier (rendement en lait ou en viande, par exemple) et, au sein de l’espèce, créer une nouvelle « race ». Mais non pas une nouvelle espèce ; même la génétique moderne ne permet pas d’envisager de franchir ce pas.
Les découvertes génétiques et le bon sens auraient donc dû causer l’extinction du darwinisme parmi les théories crédibles de l’évolution. S’il n’en fut rien, si au contraire on bricola une nouvelle forme de darwinisme spéculatif sous le nom de « théorie synthétique de l’évolution », c’est parce que le darwinisme était déjà, à cette époque, devenu le dogme d’une théologie de la mort de Dieu à laquelle adhérait la science orthodoxe. Il existe de fait une stricte sélection darwinienne au sein des universités, qui élimine impitoyablement tout scientifique non darwinien [3].
Sur Darwin repose entièrement l’idée que l’homme est apparu de façon purement accidentelle à partir des premières bactéries, sans l’intervention d’aucun Créateur, par la simple combinaison du « hasard et de la nécessité ». Le darwinisme est le cœur de la théologie nihiliste. Il synthétise l’idée que l’homme moderne est censé avoir de lui-même de par sa culture scolaire. C’est à la fois une doctrine sur l’essence de l’homme et un mythe de la création de l’homme.
Le darwinisme s’est très vite imposé comme le cadre indépassable de toutes les « sciences humaines ». Sigmund Freud, par exemple, doit son succès au fait d’avoir refondé la psychologie sur un postulat darwinien. Puisque, selon la logique darwinienne, la procréation détermine l’avantage sélectif, c’est logiquement dans la pulsion sexuelle que Freud a trouvé la clé du psychisme humain. Le freudisme est le frère cadet du darwinisme, et tous deux vont de pair dans le paradigme matérialiste.
Sans être explicitement freudien, Harari l’est implicitement dans la mesure où sa conception du bonheur (« Il est une seule chose, et une chose seulement, qui rende les gens heureux : les sensations agréables ») est fidèle à l’idée de Freud que « c’est simplement le principe du plaisir […] qui gouverne dès l’origine les opérations de l’appareil psychique » (Malaise dans la civilisation, 1929).
Le transhumanisme est lui aussi dans la continuité logique du darwinisme, et n’est pas plus absurde. La divinisation de l’homme est une tentative – la seule possible – de sortir du désespoir darwinien tout en restant dans le darwinisme. Tentative bien évidemment vouée à l’échec. Il est inévitable qu’un jour ou l’autre, le bon sens ramène l’humanité vers l’humilité devant le grand et merveilleux mystère de la vie.