En ce qui me concerne, au lycée ou en fac je n’ai jamais répondu à un mouvement de grève. Pas par conviction politique, mais pour ne pas verser dans le suivisme moutonnier de « leaders » étudiants qui me mettaient mal à l’aise.
C’était une méfiance "physique" au départ. Ces gus venus de l’extérieur réciter leurs discours avaient quelque chose de repoussant que je n’arrivais pas à définir. Le camp des « gauchistes » - les plus nombreux et visibles - était celui des zombies embrigadés et autres boutonneux…cheveux longs et gras, parka et Kickers, pulls en laine bouillie, écharpe et patchouli… Bref, la version infantile de nos certains de nos profs en veste de velours. Je veux dire, ces mecs prônent la "révolution" mais le jour où ça arrive t’as pas trop envie de les avoir dans ton équipe !
Les « Loden-Lacoste » de droite – assez rares et/ou discrets dans mon lycée public de banlieue - m’apparaissaient eux, comme des fils de bourges propres sur eux, un peu vieux avant l’âge au vu de leurs fringues, mais pour la plupart des types bien quand tu les connaissais un peu...
Bref, le lycée c’était les mocassins à glands contre les bédaveurs pas finis.
Quand j’étais en Terminale lors d’une bagarre dans un « bal des pompiers » où je fus pris à partie par des racailles (j’ai défendu ma copine de l’époque), le seul de mes « copains » présents à intervenir pour me défendre, fut un Loden-Lacoste de ma classe (un grand type costaud dont le père était élu local RPR d’après mes souvenirs).
Moi j’ai toujours fonctionné à l’instinct et longtemps j’ai été incapable de "conceptualiser" cette impression de malaise envers "les gauchistes"... plus tard j’ai méprisé les politiciens « de gauche » qui je devinais déjà comme des hypocrites qui ne peuvent cacher un petit côté « peinture sur merde ». Par indolence intellectuelle, j’ai toutefois longtemps pensé que voter à gauche ou prendre une carte de cégétiste pouvait servir à freiner les dérives des ultra-libéraux, des sociétés Goliath, de la finance folle et parasitaire. Je me suis aperçu après que ce schéma était complètement faux.
C’est quand j’ai vraiment commencé à lire, que j’ai compris des choses. A lire surtout les livres qui étaient plus ou moins interdits ou diabolisés, ou considérés comme "sulfureux"... Comme quoi la propagande et la censure peuvent avoir l’effet inverse que celui recherché...
Répondre à ce message