La victoire de François Fillon aux primaires de la Droite fait revenir sur les devant de la scène le courant libéral-conservateur qui avait totalement été éclipsé par le sarkozysme triomphant. On croyait cette droite moribonde. Mais comme la mauvaise herbe, elle prospère avec l’égoïsme et la bêtise de la bourgeoisie.
Si les gens de gauche veulent toujours être dans le camp du Bien, les gens de droite, eux, veulent se trouver dans celui des gagnants. Pendant longtemps, leurs aspirations conservatrices ont surtout été liées au maintien de leurs positions sociales dans le cadre de la domination capitaliste. Leur souci de l’Ordre en faisait les zélateurs de la « lutte contre la subversion » et on pouvait toujours compter sur eux pour « sauver la civilisation à la dernière minute ». L’anticommunisme style guerre froide ménageait une place et un rôle aux « droitards ». Leur aveuglement était total sur la nature même du système dont ils n’étaient que les valets. Pour un « droitard », toute référence au socialisme est synonyme d’éloge de la Corée du Nord. Cette droite qui qui préfère Margaret Thatcher à Bobby Sands suit le chemin de cette gauche qui préfère Stéphane Hessel à Hugo Chàvez pour reprendre la fine analyse de Robert de Herte. Elle trahit les valeurs traditionnelles qu’elle dit vouloir préserver au nom de son ralliement au libéralisme. Elle a pour elle sa bonne conscience car elle pense sincèrement que le capitalisme est la seule alternative.
C’est justement le paradoxe de la droite : affirmer de hautes convictions morales et patriotiques et participer en même temps à leurs destruction. Le libéralisme l’a complètement gangrénée intellectuellement, elle ne comprend pas que ce système a détruit les fondements de notre société.
En associant la Bible aux pages saumon du Figaro, elle croit avoir une dimension spirituelle. Mais sa pratique religieuse n’est qu’un marqueur social au final très éloigné des principes de simplicité, de sobriété et de pauvreté de la foi catholique. Elle n’est religieuse que par snobisme et puritanisme sociétal. Cette droite bourgeoise est un repoussoir qu’il faut sans cesse dénoncer pour libérer la foi de son emprise.
La revanche de l’égoïsme des classes supérieures
Longtemps, la droite conservatrice n’avait pas compris que le turbo-capitalisme n’avait plus besoin d’elle et que l’illusion sarkozyste l’avait roulée dans la farine. La faillite des années Hollande l’a radicalisée. La mobilisation de la Manif pour Tous fut l’occasion pour ses rejetons de « combattre dans la rue la dictature socialiste ». Elle a fait du combat pour les valeurs morales sa bannière, mais a surtout compris où était son intérêt économique.
La hausse des impôts et les incertitudes économiques ont regroupé sous sa bannière les hauts revenus et les retraités à fortes rentes qui veulent assurer un avenir à leurs investissements. La droite libérale-conservatrice caresse les classes supérieures dans le sens du poil au niveau fiscal et patrimonial. Elle leurs promet de saigner la fonction publique et de faire fuir les « partageux ». Elle veut revenir aux affaires avec un programme clair. Son modèle étant la politique économique de Margaret Thatcher, elle veut remplacer la « société » par « les bénéfices » avec les conséquences que les classes populaires britanniques paient encore aujourd’hui.
Nous laissons à ceux qui veulent défendre le « Vieux Monde » contre ce qui le menace se réjouir de la victoire idéologique du courant libéral-conservateur. Nous ne serons pas les idiots utiles de l’« union des droites ». Nous savons que ce qui pousse cette droite libérale-conservatrice est de la même nature que ce qui fait se mouvoir la gauche libérale-sécuritaire de Valls/Macron. Nous ne voulons pas participer à cette mascarade électorale, nous préférons renverser la table de jeu et appeler ceux qui ne veulent pas être dupes à s’organiser dans une contre-campagne électorale.