Peu avant les vacances de fin d’année, j’ai participé à une formation sur l’étude de la langue, c’est-à-dire, pour parler vulgairement, sur la grammaire.
Car, soi-disant, la réforme apporte des modifications importantes dans la terminologie à enseigner aux élèves. Nos inspecteurs nous avaient d’ailleurs envoyé au mois d’octobre un document complet et détaillé sur le sujet, pour nous aider à comprendre les nouveaux programmes de grammaire. Effort louable qui n’a pas été fait dans toutes les académies, loin de là.
Bref, ce document devait nous aider à comprendre les changements en grammaire, et donc à les appliquer en classe. Je vais entrer un peu dans les détails, pas trop non plus. Je me doute que vos cours de grammaire sont pour certains fort loin, alors que les excès des fêtes sont eux fort récents… Je ne devrais de plus pas m’inquiéter, puisqu’il est annoncé d’emblée que le but de tout cela est la simplification ! Encore un choc de simplification, c’est merveilleux !
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Car même dans nos nouveaux manuels de collège, ceux édités exprès cette année, rien n’a changé ! Les notions de prédicat ou de complément de verbe sont à peine mentionnées, et tous les compléments d’objet, directs, indirects, essentiels, circonstanciels… sont bien là et constituent la base de l’enseignement de la langue. Si si ! Dans tous les manuels que j’ai reçus ! Même ceux réalisés sous la houlette d’inspecteurs ! Alors nous, que devons-nous enseigner à nos élèves ?
Réponse : Kev Adams.
Non, je ne plaisante pas. Mon taux d’alcoolémie est depuis longtemps redescendu à un niveau tout ce qu’il y a de plus raisonnable. Au stage, on nous a fait travailler sur un extrait d’interview de Kev Adams, idole des jeunes dont les textes peuvent être considérés comme humoristiques, mais sûrement pas littéraires.
Molière vs Hanouna
Nous étions affligés. Bien sûr que nous faisons travailler nos élèves sur les différents niveaux de langue, pour les habituer à les repérer, à les utiliser, à passer de l’un à l’autre… Mais est-ce vraiment notre rôle de leur donner à lire du Kev Adams ? Ne pouvons-nous pas faire ce même exercice avec un extrait de Zazie dans le métro ?
Il semble que non, nous ne devons plus essayer d’ouvrir nos élèves à la littérature, de leur présenter des œuvres qu’ils n’iront pas lire d’eux-mêmes. Non, à nous de nous abaisser au niveau des divertissements télévisés. J’ai hâte que nous arrêtions d’étudier le théâtre de ce casse-pieds de Molière, et qu’enfin nous puissions nous gausser en classe devant les facéties de Cyril Hanouna !
Là je sens que certains sont atterrés, et ont hâte d’en finir. Eh bien non ! Il me reste à vous raconter un point encore de ce stage, et pas le moindre.