Les dernières élections présidentielles ont révélé au grand public une situation que nous avons décrite dans nos colonnes durant de nombreuses années alors qu’elle était jugée fantasmatique : le retour de la lutte des classes en Europe.
Une lutte des classes qui n’est pas à l’image d’un romantisme révolutionnaire ouvriériste, mais qui est une sombre et froide réalité quotidienne pour la majorité des travailleurs. Elle n’est pas menée par des révolutionnaires dans un décor à la Germinal. Elle est l’implacable mise en place d’une vaste plan de restructuration de nos vies par le capitalisme globalisé pour obtenir d’avantage de profits.
La situation ne pouvant plus être camouflée par des artifices, même les journalistes des grands médias se sont retrouvés à devoir aller à la rencontre de cette « France d’en Bas » qu’ils ignoraient depuis des années. Et ils furent servis... Le reportage d’Envoyé Spécial sur la lutte des travailleurs de l’usine de Whirlpool d’Amiens est pour nous la synthèse de ce basculement.
Les images sont fortes et expliquent bien mieux que des mots la souffrance des classes populaires. Une séquence est à retenir pour comprendre la coupure radicale entre deux mondes.
C’est la tentative d’ une délégation des « Whirlpool » d’alerter sur leur situation devant le siège parisien à la Défense lourdement protégée par des vigiles et des CRS. Entre indifférence et mépris, les cadres modèles dans leurs jolis costumes évitent comme des lépreux les quelques ouvriers picards perdus sur le parvis...
Deux camps se font désormais face. L’immense classe populaire est constituée d’ouvriers, mais aussi des employés précaires dans le secteur du « service », des intérimaires flexibles, des travailleurs agricoles et des petits fonctionnaires (dont la « sécurité de l’emploi » ne rattrape pas des salaires au SMIC). Exploitée et aliénée, elle constitue une « France Périphérique » à cran.
En face, l’heure est à l’euphorie. « Nous sommes sur un nuage » déclare Pierre Gattaz du MEDEF suite à l’élection d’Emmanuel Macron. Les tenants de la mondialisation et de l’ultra-libéralisme célèbrent la victoire de leur champion et rêvent de lendemains qui chantent encore plus. Nous leur conseillons de profiter de cette bulle de bonheur...
Pour notre part, nous savons désormais que nous pouvons ajouter à notre programme la destruction de la Défense.