Chaque année, le Comité d’organisation des fêtes johanniques d’Orléans organise un « casting » pour sélectionner la jeune fille qui doit incarner Jeanne d’Arc lors des cérémonies du 8 mai.
En 2018, c’est Mathilde Edey Gamassou, 17 ans, qui a été choisie. Catholique pratiquante, cette jeune personne est aussi métisse : son père est originaire du Bénin, en Afrique de l’ouest, et sa mère est d’origine polonaise. Ce choix d’une personne ayant 50 % de ses ancêtres en Afrique noire a déclenché des réactions alarmées de la part d’organisations et d’individus concernés par la dimension ethnique des symboles de l’histoire de France. De fait, si l’histoire de France – et donc son identité – se sont étendues au-delà de l’Europe, et s’il y a aujourd’hui des Français métis ou d’origine africaine, il faut bien admettre un fait brut : il n’y avait pas de Français noirs, ni métis, à l’époque de Jeanne d’Arc (et pendant très longtemps). D’un point de vue sémantique, l’approche identitaire ethnique réclame un accord entre le signifiant, soit la jeune fille qui doit incarner Jeanne d’Arc ; le signifié, soit le sens à faire passer, ici protéger la France contre les menaces étrangères ; et le référent, soit la Jeanne d’Arc historique, qui n’était pas métisse afro-européenne. Cette demande de cohérence entre les trois parties du signe langagier est légitime, elle correspond à une demande de cohérence dans la narration qui définit le sens des choses.
Maintenant, prenons un peu de distance par rapport à l’actualité brûlante. À partir des années 70, des chercheurs ont analysé l’émergence de la postmodernité. De quoi s’agit-il ? En une phrase : c’est quand la copie remplace l’original. C’est l’univers des simulacres théorisé par Jean Baudrillard. Une traduction de cette postmodernité pourrait être le remplacement démographique en cours des Européens par des post-Européens, tout en faisant comme si ça ne changeait rien. Jean Baudrillard décrivait ce mécanisme de remplacement de l’original par une copie dans les termes d’un phénomène d’éclatement du signe. L’unité du signifiant, du signifié et du référent a commencé à se rompre en Occident dès le début du XXème siècle. La boucherie de la Première Guerre mondiale et ses destructions inutiles lanceront une vague de nihilisme dans l’opinion publique dont émergeront le dadaïsme et le surréalisme. L’œuvre la plus emblématique de cette dislocation du signe, donc du sens, reste la fameuse toile de René Magritte, Ceci n’est pas une pipe alors qu’elle représente une pipe. La contradiction flagrante entre le signifiant et le référent produit un signifié brouillé et humoristique. Tant que l’on en reste au champ artistique, ces exercices de déconstruction du sens sont stimulants, mais ils deviennent pathologiques quand ils prétendent régir la vie quotidienne. Ironisant sur l’idéologie du genre, le numéro 145 de la revue Éléments affichait en couverture une photo de Brigitte Bardot à ses débuts, période Et Dieu créa la femme (1956), et titrait « Ceci n’est plus une femme ». Cet éclatement du signe très contemporain prélude aussi à l’éclatement du sens de la vie, donc à l’éclatement du psychisme. Le référent, l’objet réel, passe au second plan, voire est oublié et remplacé par un signifiant (représentant) dont on a retravaillé le sens (signifié). Exemple : dans certains films américains, un personnage historique de type ethnique européen (référent) est joué par un acteur de type ethnique africain (signifiant) pour faire passer une vision du monde post-raciale (signifié retravaillé).
Il serait absurde de prêter à Mathilde Edey Gamassou en tant qu’individu l’intention de participer à ce remplacement ethnique furtif. Les insultes qui lui ont été adressées sont déplacées et hors sujet. En revanche, la postmodernité prête le flanc très justement aux critiques des partisans d’une vision raciale de la politique, aujourd’hui essentiellement représentée par la mouvance néo-païenne. Il faut savoir examiner rationnellement ces critiques, c’est-à-dire sans préjugés, car le besoin d’unité organique dans la vie est naturel, mais sans fascination excessive, car elle peut conduire à l’aveuglement. De fait, le néo-paganisme n’échappe pas non plus à la postmodernité et à la subversion du sens des mots.
La postmodernité s’accomplit totalement quand le signifiant n’a plus de rapport avec un objet réel. Le signe est disloqué, la narration est disloquée, le sens de la vie est disloqué. La folie s’empare du corps social : on peut dire quelque chose et faire le contraire en même temps. Par exemple, en Ukraine, des nationalistes ethniques blancs anti-libéraux et néo-païens, c’est-à-dire ce qu’on appelle communément des néo-nazis, sont sponsorisés par des oligarques juifs libéraux de la finance et font la révolution pour entrer dans l’Union européenne et l’OTAN, organisations favorisant l’immigration non européenne et le métissage. Dans ce cas, l’éclatement du signe est complet, d’où un effondrement du sens des mots et de l’action, une dissonance cognitive permanente, la confusion mentale, l’incohérence, l’irrationnel, l’illogisme, le nihilisme et ce résultat concret : on passe son temps à dire quelque chose et à faire exactement le contraire, ce qui engendre une fuite en avant dans le virtuel pour fuir nos propres contradictions afin de ne jamais devoir les assumer clairement. À force d’inversion du sens des mots, les « nationalistes » ukrainiens en arrivent à faire progresser les flux migratoires dans leur pays au nom de la suprématie de la race blanche.
Les flux migratoires sont de deux sortes : entrants et sortants. Pour que l’Ukraine accueille les flux entrants, il faut non seulement fabriquer les infrastructures logistiques adéquates, mais encore le consentement de la population locale. Un cas d’école nous est fourni par la construction dans la région de Kiev du centre de migrants du Moyen-Orient de Yahotyn. En effet, depuis l’EuroMaïdan, l’Ukraine est en voie d’intégration dans l’Union Européenne. Des conditions sont à remplir, notamment accepter des quotas de migrants. Il faut les loger quelque part. Les autorités ukrainiennes issues de la révolution obéissent scrupuleusement aux ordres de Bruxelles, elles sont là pour ça, ce qui provoque des réactions dans la population :
« Des organisations locales et nationalistes s’opposent fortement à la mise en service du centre pour les migrants du Moyen-Orient. Les autorités indiquent que la construction des camps est une obligation à remplir de l’Ukraine pour que l’Union européenne la fasse entrer dans le régime sans visa avec l’Europe. » [1]
Les « nationalistes » ukrainiens, après avoir risqué leur vie en réalisant un putsch pour entrer dans l’UE, s’opposent maintenant aux conséquences directes de ce qu’ils ont fait en 2014. Mais c’est trop tard : le processus est irréversible et conduira à la submersion migratoire de l’Ukraine par des non Européens. Par ailleurs, ces « nationalistes », qui étaient au sommet de leur forme pendant la révolution, sont aujourd’hui parfaitement domestiqués et inoffensifs, et se contentent de lancer des œufs sur les représentants du pouvoir. Le célèbre média pro-Maïdan de gauche Hromadske réalisait un reportage sur ses amis de droite, intégrés dans un dispositif mondialiste qui les dépasse complètement :
« Une foule de droite a attaqué avec des œufs des responsables ukrainiens et étrangers qui tentent d’ouvrir un centre de réfugiés dans la province de Kiev. Les officiers du Service national des migrations d’Ukraine, les représentants de l’ONU et les militants des droits de l’Homme ont affronté une foule en colère, soutenue par des groupes d’extrême droite sur la place centrale de la petite ville de Yahotyn. C’était la deuxième assemblée du genre avec une tentative de minimiser les préoccupations des autorités locales et des gens concernant un centre de réfugiés nouvellement ouvert. Les activistes de droite arrivés de Kiev ont rendu impossible l’établissement d’un dialogue avec la communauté. 110 personnes de nationalités différentes seront hébergées dans le centre de réfugiés de Yahotyn. La majorité des personnes qui souhaitent immigrer en Ukraine viennent de Palestine, du Pakistan, d’Afghanistan, de Somalie et de Russie. Après la première réunion en février, un groupe de locaux a décidé de commencer à recueillir des signatures contre les "200 réfugiés de guerre syriens". » [2]
Au total, 250 personnes d’origine non européenne doivent venir habiter dans ce centre. Et ce n’est que le début. La mollesse de la réaction des « nationalistes » ukrainiens prouve que la rééducation des Ukrainiens en faveur du multiculturalisme est efficace. Plusieurs organisations supranationales unissent leurs forces dans ce but, telles que les institutions européennes de Bruxelles ou le Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations-Unies (HCR) :
« L’Ukraine a célébré aussi la journée mondiale des réfugiés. Le pays est devenu une deuxième patrie pour près de 9 000 réfugiés ou demandeurs d’asile, selon le HCR. La plupart viennent d’Afghanistan, du Moyen-Orient ou d’Afrique. À Kiev, une opération de bienfaisance a eu lieu ce samedi pour sensibiliser le public aux difficultés rencontrées. » [3]
Pendant les événements de Maïdan à l’hiver 2013-2014, le Président du Comité Économique et Social Européen (CESE), Henri Malosse, viendra à Kiev pour rencontrer le leader nationaliste Oleg Tiagnybok, du parti Svoboda, et prononcer un discours à la tribune plaidant en faveur de l’intégration de l’Ukraine dans l’Union européenne. Quelques mois plus tard, le même Henri Malosse prononçait le discours d’ouverture du colloque international intitulé « Une politique migratoire globale et commune en Europe : Quels défis pour la coopération avec les pays tiers ? », tenu à Athènes, le 30 juin 2014 :
« Nous avons besoin de changer notre perception des migrations en Europe qui doit être considéré comme une opportunité et non un simple défi. (…) Face à la baisse démographique et au regard de nos valeurs, l’UE devrait traiter cette question avec un certain bon sens, une certaine humanité et une approche commune de l’UE – avec des frontières ouvertes, car il n’y a pas d’autre option. » [4]
De son côté, le Conseil de l’Europe développe un programme d’adaptation des Ukrainiens aux frontières ouvertes intitulé « Le jour de la tolérance dans les villes interculturelles d’Ukraine ». [5] Le mot clé de la fabrique du consentement à l’immigration et au cosmopolitisme est « tolérance » : il s’agit de persuader les peuples européens de devenir plus tolérants à leur propre remplacement par des non Européens. La moindre affluence d’immigrés en Ukraine depuis le déclenchement de la guerre civile en 2014 est d’ailleurs considéré comme un problème à résoudre, d’où des initiatives soutenues par le gouvernement allemand, toujours très soucieux de développer le multiculturalisme chez lui et partout où c’est possible :
« Avec le soutien de l’ambassade de la République fédérale d’Allemagne, l’Ukraine met en œuvre un projet social visant à favoriser une attitude amicale envers les réfugiés en Ukraine et à transformer l’Ukraine en un endroit plus tolérant pour les réfugiés et les demandeurs d’asile. (…) Selon l’expert de la section consulaire de l’ambassade d’Allemagne, Dorothea Metschkowski, l’Allemagne a adopté plus d’un million de réfugiés ces dernières années, il n’est donc pas juste de comparer cette expérience avec l’Ukraine, qui a pris environ 3000 réfugiés. À son tour, le président du Service des migrations de l’État, Serhiy Gunko, a indiqué que 491 étrangers venus d’Afghanistan, de Syrie, de Russie, de Somalie et d’Irak ont sollicité le service depuis le début de l’année. » [6]
L’Allemagne ayant accueilli la plus grosse charge d’immigrés clandestins ces dernières années, elle cherche désormais à en répartir la masse un peu partout. Un site d’informations allemand avançait que 20 000 réfugiés étaient prévus pour l’Ukraine en 2018, sans que ce chiffre précis puisse être confirmé officiellement :
« Les ministères des Affaires étrangères de Berlin et de Kiev ont déjà approuvé le programme d’action. C’est ainsi qu’en Ukraine a débuté la campagne pour la formation d’une attitude amicale envers les réfugiés, financée par le ministère fédéral des Finances, dont l’objectif principal est de transformer l’Ukraine en "zone plus tolérante pour les réfugiés et les demandeurs d’asile". C’est ce que Dorothea Metschkowski, experte à la section juridique et consulaire de l’ambassade d’Allemagne à Kiev, a déclaré lors de la table ronde sur „Les réfugiés en Ukraine. Déconstruire les mythes.” » [7]
De son côté, le ministre des Affaires étrangères d’Ukraine, Pavlo Klimkin, s’est engagé à développer une politique d’accueil des migrants non européens pour se rapprocher de l’Union européenne et, incidemment, tenter de rendre son pays en guerre plus attractif aux yeux des réfugiés de guerre syriens :
« Klimkin et l’Ukraine sont aux côtés de l’Allemagne dans le débat sur la crise des migrants. (…) Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Pavlo Klimkin, a déclaré lundi (07 septembre) que son pays accepterait les réfugiés du Moyen-Orient si le pays devenait membre de l’UE à l’avenir. (…) "À ce jour, les réfugiés syriens ou autres ne se sont pas massés en Ukraine. Ils comprennent que nous nous battons contre l’agression russe. Mais cette question peut figurer bientôt à notre agenda. Quand l’Ukraine deviendra membre de l’Union Européenne, elle devra exprimer de la solidarité sur la question de l’accueil des réfugiés si nécessaire. Pas maintenant, mais dans l’avenir." » [8]
Hormis les flux migratoires entrants, il y a les flux sortants, et en Ukraine ces derniers sont encore plus inquiétants. D’après les chiffres de Youlia Timochenko, 8 millions d’Ukrainiens ont quitté l’Ukraine depuis l’EuroMaïdan et le lancement de la guerre en 2014, dont 4,4 millions pour se réfugier en Russie :
« Aujourd’hui, plus de huit millions d’Ukrainiens ont quitté l’Ukraine et vivent dans d’autres pays. Huit millions d’Ukrainiens en quête d’une "situation stable", d’une "croissance de l’économie" et d’une "nouvelle vie" sont partis. La question est : qui est parti ? La recherche montre que des gens âgés d’environ 32 ans ont quitté l’Ukraine. La chose la plus importante : des gens éduqués, des intellectuels, qui vont déjà vers des emplois intellectuels, décents, hautement qualifiés au-delà des frontières de l’Ukraine. Par exemple, en Russie, 4,4 millions de personnes ; 1,2 million au Canada ; 1,2 million en Pologne. Près d’un million aux États-Unis, un demi-million au Brésil. Italie, 250 000 ; Allemagne, 230 000. Voici la réponse à la question de savoir comment nous vivons dans notre pays. » [9]
Depuis la révolution et la guerre civile qui en a découlé, l’Ukraine est frappée d’une véritable hémorragie démographique. Slobodan Despot commentait cette « fuite des cerveaux » avec une pointe d’humour :
« Selon l’illustre Yulia Timochenko, désormais à la tête du parti „La Patrie”, quelque huit millions de personnes ont quitté l’Ukraine depuis la révolution de Maïdan, début 2014. Et où sont-ils allés, tous ces Ukrainiens ? Le plus souvent (55 % des cas), se jeter dans les bras de leur "agresseur" – ou en tout cas désigné comme tel par leurs autorités et leurs alliés occidentaux. 4,4 millions ont en effet trouvé refuge en Russie, contre 1,2 millions en Pologne et au Canada, 1 million aux USA etc. "Les recherches montrent que la moyenne d’âge des expatriés tourne autour des 32 ans. Ce sont surtout des gens éduqués, des intellectuels." Étrange, tout de même, que la frange la plus instruite et la plus capable de la population ukrainienne aille se jeter directement dans la gueule de l’ours russe. Ces "intellectuels" sont-ils complètement stupides ou y aurait-il une faille dans la narration ? » [10]
Le politologue ukrainien Taras Berezovets, spécialiste de la guerre hybride et des technologies politiques, réalise la synthèse des propos de Klimkin et de Timochenko (dont il fut le conseiller entre 2006 et 2010). Sur la base d’un chiffre de 12 millions d’Ukrainiens à l’étranger, dont, selon lui, environ 3,5 millions en Russie, il préconise de faire appel à des immigrés d’Asie du sud-est ou de la CEI (Communauté des États indépendants), entité de coopération internationale qui recouvre à peu près l’ancienne Union Soviétique :
« L’un des problèmes les plus importants de l’Ukraine, qui dans un proche avenir deviendra le problème n°1, est la dépopulation. En d’autres termes, le départ massif d’Ukrainiens pour travailler dans d’autres pays. Ce week-end, j’ai eu l’occasion de parler avec l’un des ministres ukrainiens. Nos chiffres convergent dans les grandes lignes. En Russie, il y a entre 3 et 3,5 millions d’Ukrainiens. En Europe, selon ses données, plus de 3,5 millions de personnes. Selon mes données, plus de 7 millions de citoyens travaillent dans les pays de l’UE. Si nous ajoutons les États-Unis et l’Asie, nous obtiendrons environ 2 millions de citoyens de plus. Un total d’environ 12 millions d’Ukrainiens travaille à l’étranger. Le dernier recensement en Ukraine a été mené sous Leonid Kuchma en 2001 (!). (…) Le problème sera probablement résolu par des méthodes impopulaires. L’importation de travailleurs de la CEI et de l’Asie du Sud-Est. » [11]
La déclaration de Taras Berezovets a fait couler beaucoup d’encre en Ukraine, compte tenu du pedigree du personnage, expert en « Public Relations » et influence médiatique, qui laisse penser que ses propos sont ce que l’on appelle un « ballon d’essai », pour préparer l’opinion publique par petites touches et par étapes (technique de la fenêtre Overtone) :
« Le dépeuplement en Ukraine indépendante a atteint des échelles sans précédent au cours des dernières années. On ne peut plus fermer les yeux dessus. Récemment, Taras Berezovets, un éminent stratège politique ukrainien étroitement lié à l’administration présidentielle, a laissé un message sur Facebook affirmant ouvertement que „la dépopulation est le problème n°1 pour l’Ukraine”. Berezovets estime que son pays devra régler le problème en „attirant la main-d’œuvre de la CEI et de l’Asie du Sud-Est.” » [12]
La plupart des commentateurs ukrainiens parviennent à décoder le petit stratagème et ne se font aucune illusion sur ce qui attend leur pays :
« La conclusion est courte et sans équivoque : Berezovets ne parle pas de la restauration de la population en général et de la population active en particulier, mais de certaines des obligations de l’Ukraine envers l’Union Européenne de prendre des réfugiés notoires sur son territoire. Ils ne travailleront évidemment pas, mais l’UE paiera pour eux. Cela est peu probable, mais dans un contexte de succès des réformes, c’est aussi une source de reconstitution du budget. En passant, le nombre d’Arabes à Kiev après la signature de l’accord d’association [avec l’UE] (et même avant la suppression du visa) a considérablement augmenté. Coïncidence ? C’est douteux, d’une façon ou d’une autre. » [13]
Évidemment, il est difficile d’obtenir les chiffres exacts de l’immigration, comme de l’émigration, en Ukraine, une bonne partie de ces flux étant constituée d’immigrés clandestins, donc en situation d’illégalité, donc par définition non déclarés auprès des autorités. En mars 2018, Olga Balakireva, Présidente du conseil d’administration de l’Institut ukrainien de recherche sociale Alexander-Yaremenko (Украинского института социальных исследований имени Яременко), faisait en conférence de presse diverses observations :
« Le niveau de 6-8 millions d’Ukrainiens qui sont maintenant à l’extérieur du pays est basé principalement sur des données d’enquêtes sociologiques empiriques sur le travail en Russie, en Pologne, etc. Ces chiffres sont également basés sur des informations concernant le départ officiel de citoyens ukrainiens. Dans le même temps, la sociologue souligne que ces chiffres sont des estimations, car tous les voyages des Ukrainiens à l’étranger ne sont pas légaux aujourd’hui, donc reflétés dans les statistiques officielles. Une très grande proportion d’Ukrainiens qui vont chercher du travail en Europe de l’Est et du Sud, en Russie, aux États-Unis, etc., sont illégaux. Et les autorités ne sont pas du tout intéressées à les intégrer dans les statistiques officielles. Dans le même temps, les flux les plus massifs d’immigrants clandestins continuent d’aller en Russie, mais, parmi les sociologues et les politiciens, il n’est pas d’usage d’en parler et de rapporter de telles données. » [14]
Début 2018, l’Institut de démographie d’Ukraine annonçait des pronostics effrayants, à savoir que la population ukrainienne allait chuter à 32 millions d’habitants en 2050, alors qu’elle culminait à 52 millions au début des années 90, juste après la fin de l’URSS :
« L’Institut ukrainien de démographie de l’Académie des sciences avertit que d’ici 2050, la population ukrainienne pourrait atteindre 32 millions d’habitants (contre 52 dans le pays au début des années 1990). Aucun des pays européens ne meurt à ce rythme. Et étant donné que l’Ukraine vieillit rapidement, la situation après 2050 pourrait être encore plus triste. Parce qu’à ce moment-là, le nombre de personnes de plus de 60 ans augmentera d’une fois et demie. » [15]
Les chiffres du dépeuplement de l’Ukraine depuis son indépendance en 1991 donnent le vertige. Ils présentent un caractère génocidaire, qui s’est encore accéléré depuis la révolution de Maïdan en 2014. Dans les faits, les « nationalistes » ukrainiens sont donc en train de vider leur pays de sa population blanche pour le préparer à accueillir en masse des non blancs, appliquant ainsi les directives de Bruxelles tout en s’appuyant sur les ressources démographiques de l’ex-URSS. Époque paradoxale où des gens peuvent s’intituler « nationalistes ethniques », ou « nationalistes européens », et lutter de toutes leurs forces contre le substrat ethnique blanc des Européens en soutenant l’UE et l’OTAN, et sans pouvoir échapper au destin eurasiatique de l’Ukraine. Morale postmoderne et dadaïste de l’histoire : le suprémacisme blanc conduit au génocide des Blancs.
En conclusion, bon courage à Mathilde Edey Gamassou pour assumer sa tâche dans un environnement intellectuel où tout est falsifié. Et bon courage aux « nationalistes » ukrainiens, qui en auront besoin pour essayer de rétablir le sens des mots dans leur pays et inverser le mécanisme de métissage ethnique et culturel qu’ils ont lancé eux-mêmes en 2014.