M. Soral,
Jeudi 19 novembre 2015 à 6 heures sont intervenus chez moi et chez sept de mes amis le RAID et la police judiciaire, accompagnés de la presse locale, qui titre « Opération choc du Raid à Angers dans les milieux radicaux islamistes ». Il nous a paru intéressant de vous faire part de la manière dont se sont déroulés les faits. Il nous a paru également important de clarifier notre ligne (peu intéressante pour les tenants du « choc des civilisations » néanmoins majoritaire).
Avant toute chose, il faut savoir que nous avons toujours été opposés au terrorisme sous toutes ses formes et particulièrement aux attentats successifs sur le sol français. Tout comme nous sommes opposés au terrorisme qui touche les États musulmans (ex. : Libye, Syrie…). Nous avons toujours eu des positions pro-gouvernementales, militant pour une réforme constructive de la société dans la paix. Nous sommes les salafis décrits par certains géographes français comme faisant partie d’un salafisme quiétiste. La plupart d’entre nous ne se posent pas la question du positionnement politique, se tenant à l’écart du tumulte de l’actualité médiatique, perçu même comme étant apolitique vu de l’extérieur. Nous propageons pourtant un message extrêmement clair pour mettre en garde contre cet État fantoche (Daesh), et contre toutes compréhensions erronées faisant l’apologie du terrorisme.
Pourtant dans le cadre de l’état d’urgence, un dispositif impressionnant a été mis sur pieds contre nous, cent agents de la PJ, du RAID et de la BRI confondus ont par arrêté préfectoral, défoncé nos portes, sans sommation. Pour ma part, tirant même dans la serrure de ma porte ouverte à coup de fusil à pompe. Les enfants et les femmes ont été tirés du lit en joug. Pour une fouille de deux heures qui n’a absolument rien donné chez aucun d’entre nous.
Même pas auditionnés, nous avons pu constater qu’ils ne connaissaient rien de nous, ni nos voyages à l’étranger, ni si on avait fait de la prison. Nos profils, vécus et idées ne les intéressaient finalement pas. En revanche, la mise en scène, elle, était travaillée.
Ce qui nous inquiète, c’est qu’ils avaient les moyens de savoir qui nous étions, mais feignent manifestement de reconnaître notre innocence. L’un d’entre nous est même représenté comme étant « le leader d’un groupe djihadiste radicalisé représentant une référence en la matière » (totalement faux).
Cet amalgame volontaire et les nouvelles mesures sécuritaires nous semblent très dangereuses pour nous et les quelques 20 000 salafis de France qui sont Le courant majoritaire parmi les musulmans visibles (avec barbe et en Qamis). Nous vous remercions pour toutes les informations que vous diffusez sur votre site Internet et pour le travail que vous faites depuis de nombreuses années.
Pouvez vous relayer la vidéo qui a été faite par la presse présente à la suite de la perquisition de jeudi matin ?
Par avance merci, bon courage pour la suite, cordialement.
T.
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