Monsieur Soral,
Loin de moi l’idée de vampiriser votre temps, je me permets de vous écrire aujourd’hui pour vous témoigner mon soutien et mon respect. J’imagine que des messages de ce calibre, il doit vous en arriver à longueur de temps, certains flirtant avec la pure et simple idôlatrie. Ce n’est pas ma démarche, le statut de groupie, outre sa fragilité intrinsèque, ne m’intéresse pas.
Dans le chaos indistinct comme mode de gouvernement, doublé du lexique impérial, confus qui permet toutes les spoliations politiques (la guerre, c’est la paix, le flicage généralisé c’est la liberté, etc.), vous défrichez avec une rare pédagogie le bordel ambiant, qui maintient les individus dans une attitude schizophrène (d’une part, l’apathie due au sentiment de dépossession totale et d’autre part l’euphorie artificielle de la consommation). Vous tracez des perspectives humbles mais radicales de rupture, un décryptage dialectico-historique qui éclaire la confusion savamment entretenue (puisque condition de maintien de l’oligarchie dans sa légitimité illégitime).
Outre quelques franches rigolades, vous m’avez ramené au sérieux du concept, fait lire Lukacs, Clouscard, Goldmann, la pensée syndicaliste révolutionnaire mais aussi toute la production de la tradition spiritualiste et nationaliste, presque aussi profonde et foisonnante que l’école marxienne. Et bien d’autres encore...
Je suppute que le raz-de-marée judiciaire que vous traversez doit être d’une brutalité sans pareille, d’où un certain raidissement du ton dans vos dernières interventions, sachez néanmoins que beaucoup de gens sont à vos côtés (dans les proportions que l’impératif de survie nous laisse).
Je vous serre chaleureusement la main et je ferme le ban.
A., 26 ans, chômeur.