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L'actualité en bref
Février 2010
L’histoire a fait le tour du monde. Un bataillon de soldats roumains envoyés en Haïti avec de l’aide humanitaire aurait atterri par erreur à Tahiti. Le soi-disant article, qui était une blague, a été publié sur un blog roumain, Times.ro, comme s’il s’agissait d’une information des plus sérieuses.
Illustré par une photo présentant les soldats roumains sur une plage tahitienne, il cite le ministre roumain de la défense : "Franchement, ce n’est pas la peine d’en faire un plat, aurait affirmé celui-ci, selon l’article. Haïti, Tahiti, Mahiti, Papiti, toutes ces îles ont des noms qui se ressemblent. Qu’elles aillent au diable."
Aussitôt, des dizaines de journaux russes, lettons, hongrois et italiens ont propagé la nouvelle. Celle-ci s’est également retrouvée sur les écrans de télévision. L’édition en espagnol de la chaîne internationale d’informations Russia Today a présenté un long reportage sur cette affaire qualifiée d’"incroyable mais vraie". La présentatrice résumait l’histoire à partir d’un montage d’images d’archive qui montraient des soldats roumains et des touristes surfant sur les eaux de la Polynésie française.
Explosion de l’audience
"Je n’en revenais pas, avoue Ionut Foltea, le blogueur qui est à l’origine de cette dérive médiatique. Notre site est une plate-forme de pamphlets, de faux sujets et de blagues, que les gens lisent pour s’amuser. Quand tu es journaliste, la première chose que tu fais c’est de vérifier tes informations. Personne ne s’est donné la peine de passer un coup de téléphone. Et voilà comment on peut montrer à la télé des histoires qui n’ont jamais eu lieu."
Lancé en 2008 par une société roumaine créant des sites Internet, le site Times.ro, qui n’a pas hésité à emprunter le nom d’un journal britannique sérieux, a vu le nombre de ses lecteurs exploser. Depuis l’affaire Haïti-Tahiti, quelque 25 000 internautes visitent désormais le site chaque jour, contre 4 000 précédemment.
Et l’aventure continue en France. Le 18 février, l’hebdomadaire Courrier international résume un article de la presse roumaine et révèle la bourde médiatique, mais sur Canal+ on ne lit que le début de l’article et on tombe dans le panneau. L’émission "L’édition spéciale" de la chaîne consacre plusieurs minutes à l’incroyable histoire roumaine, que le site Times.ro signale à sa manière : "Canal+ a reçu l’information de son correspondant local, le peintre Paul Gauguin, peut-on lire sur le site roumain. Il vit sur cette île et a été le témoin oculaire de l’arrivée du bataillon roumain." Une affaire que ce site, dont le slogan est "Not as seen on TV" ("Pas vu à la télévision"), promet de suivre.